samedi 31 octobre 2009

Northern Lights

Ma semaine de concerts est sur le point de s'achever! Cinq concerts, tous différents, avec chacun une identité marquée.

Bowerbirds, pour commencer, groupe que j'écoute (et soutiens) depuis leur premier album autoproduit. C'est joli, avec il me semble un son et une écriture qui leur sont propres, et je me demande bien pourquoi tout le monde n'adore pas. Il y avait donc Phil Moore (guitare, chant) et Beth Tacular (accordéon, clavier, chant), plus un batteur, et c'était très bien.



Mercredi, autre univers, puisque le concert avait lieu au temple de l'art contemporain, Beaubourg. Un concert fauteuil, pour une programmation exigeante, celles des brooklynites de Stars Like Fleas [pop expérimentale]. J'apprécie l'endroit en général, et cette salle en particulier, sa lumière, la scène immense, sa disposition, propices à l'introspection. C'était d'autant plus vrai avec ce concert, que le groupe aurait voulu voir se dérouler dans le noir, invitant même les spectateurs à venir s'allonger sur scène à la fin du set. Guitare, clavier, piano à queue, harpe, violon, mégaphone, batterie accompagnait le chant de Montgomery Knott, le tout pour une musique oscillant entre Flaming Lips, Robert Wyatt et quelques groupes du label constellation.

Jeudi, Hold your horses en première partie (toujours sympathiques, pour la musique et le sourire de la batteuse), et Clues, ah la la, le nouveau groupe d'Alden Penner, ex-Unicorns, c'était un concert fou, que j'attendais de vivre depuis qu'était venu à mes oreilles un bootleg de leur prestation au Pop festival 2007 à Montréal.

Vendredi, une valeur sure en live, Themselves, aka Jel + Doseone, l'homme dont la classe, la présence, l'originalité et l'humour rendent les interventions aussi intéressantes que les morceaux. Du hip-hop (déviant), donc.



[Edit]
Ce soir... Ambiance post-rock made in Toronto, avec Happiness Project, Years, et Do Make Say Think, dans une maroquinerie complète. De la sueur, du décibel, et un final d'une puissance rare.
Mais bon, DMST, c'est quand même beaucoup moins bien que Godspeed You Black Emperor.

mercredi 28 octobre 2009

Audacity of Huge

Le post bimensuel pour annoncer la mise en ligne de la nouvelle émission.
J'avais un peu en tête au départ, de refaire comme l'an passé une mixtape exclusivement 8bit... mais il faut bien avouer que tout n'est pas intéressant, ni en soi, ni surtout en comparaison de tout ce que j'ai à passer d'autre.
Bref, au final, ça ne concerne que certains morceaux, mais y a quand même du weezer, du charlotte gainsbourg, et un final électro dancefloor. Si, si.
(feat. Annie, Boys Noize, dAtA...)

Je vous laisse écouter. C'est ici.

mercredi 21 octobre 2009

Paint it Pink (2)

Suite de l'article rose du même nom. La première partie regroupait tout un tas de pochettes d'albums, dont certaines d'ailleurs m'ont été suggérées par la suite (allez voir!). Pourtant je mentionnais une omission volontaire, que je présentais comme étant LA pochette rose... Il s'agissait de celle illustrant La Grande Musique, des Little Rabbits:



On y voit l'une des oeuvres de l'artiste contemporain Joël Hubaut. L'oeuvre première est en effet l'installation, tandis que la photographie sert à en fixer la mémoire. D'un tel dispositif, Joël Hubaut tire en général plusieurs clichés, qu'il annote par la suite. En voici deux de la série "Rose", dont l'image ci-dessus dans son format original et sous sa forme finale.





Je vous encourage à cliquer pour agrandir ces photos et en observer les détails. Le format de ce blog me fait préférer pour la suite de cet article les photos prises horizontalement.

Car oui, il y a une suite.













...
Mais alors, quel est le propos?

"Par le monochrome, je peux faire glisser une métaphore de la pensée unique primaire que je montre du doigt, [sans faire] de dénonciation! je ne propose pas de révolution, je pointe juste le phénomène! C’est important tout de même! On peut observer aussi que par la multiplicité des signaux et des codes que je rapporte et que je peux intégrer dans chaque couleur, le grouillement est tel que chaque ensemble ne peut pas être totalement monochromique et harmonieux, y’a forcément une erreur, une disjonction quelque part. Il ne peut pas y avoir de pensée totalement unique dans mes assemblages d’apparence ultra radicale monochromique. C’est impossible. Je mêle trop d'éléments incompatibles ensemble. Dans les analogies et les métaphores, j’insiste juste sur le fait que même enrôlé, embrigadé, soumis à la pureté excessive imposée, les failles sont potentiellement innombrables encore pour perturber les programmes de couleur unique, et on les aura, toujours ! Le lavage de cerveau fait vraiment des ravages mais rien n’est absolu! Ca n’peut pas être toujours tout jaune ou tout bleu ou tout vert évidemment. On peut vouloir nous plier, nous coucher à terre, nous humilier, nous faire ramper, quand on a décidé d’être en état d’éveil, on peut résister à la norme imposée, l’histoire le prouve! Même si le contexte est une déception pure, j’ai cette approche positive et dans ce sens, mes monochromes sont des anti-monochromes, des anti-pensées uniques bien sûr! Au premier degré mes monochromes pourraient désigner d’hypothétiques mondes totalitaires qui ne seraient constitués que d’une couleur, mais je ne fais pas un rédactionnel pour un dictionnaire, c’est pas une démonstration. J’ai trop d’incohérences et de doutes dans mon planning aléatoire pour rester empêtré dans ce petit système. La couleur, c’est juste un outil, une machinerie pour déclencher une dérive d’expériences parce que j’aime la vie. Je parle de la couleur discriminante bien sûr, mais ça doit dépasser largement cette problématique. Tout est fuyant, la cohérence interne n’est qu’apparence, évidement, je travaille cette histoire de territoire de la pensée unique mais en même temps je me débine ailleurs et je ne sais pas trop où!!!! je sais que ça semble dire «quand c’est rouge, c’est rouge».vous le voyez, effectivement, ça paraît rouge mais en fait tout ce rouge n’est pas si rouge que ça et plus vous pénétrez dans cette suspicion à propos du rouge et plus vous voyez que le rouge n’est finalement pas rouge du tout alors qu’il n’y a pourtant en fait réellement que du rouge. Quel vertige! Ce serait trop simple de ne voir que ce qu’on pense voir?
On se rapproche là de la pipe: attention, ce qu’on voit n’est pas ce qu’on voit, ce qu’on lit n’est pas ce qu’on lit et ce qu’on dit n’est pas forcément ce qu’on dit."

à suivre...
(dans la troisème partie de cet article)

the Little Rabbits, La Grande Musique (barclay, 2002)
Le site de Joël Hubaut (dont est extraite l'interview ci-dessus)
http://joelhubaut.jujuart.com/




Magritte, La trahison des images (1929)

dimanche 18 octobre 2009

Vois ce que je perds en sang et en eau

"Les chansons d'amour", celles écrites par Alex Beaupain pour le film de Christophe Honoré, c'est comme les albums d'Arnaud Fleurent-Didier ou de Mendelson, je pourrai les écouter sans me lasser pendant des années et des années.



Elles étaient ce Samedi le thème principal de la deuxième soirée des quatre que passera Alex Beaupain aux trois Baudets. Beaucoup ont été chantées, certaines avec le concours d'Alice Butaud ou de Louis Garel...
Chiara Mastroiani n'était pas là, dommage!
(même si c'était prévisible)



Les yeux au ciel
Les nuages blancs dans le bleu parfait
nul trace de dieu au ciel
ces nuages lents dans le bleu défait
le soleil inonde le ciel
mes jours en hiver passés a t'oublier
où chaque seconde
est une poignée de terre
où chaque minute
est un sanglot
Vois comme je lutte
vois ce que je perds en sang et en eau

Je jette au ciel
ces galets polis que tu peignais en verre
mais nulle réponse du ciel
nul ricochet sur cette mer à l'envers
le soleil inonde le ciel
mes jours en enfer passés a t'enterrer
où chaque seconde
est une poignée de terre
où chaque minute
est un caveau
vois comme je lutte
vois ce que je perds en sang et en eau

J'espère qu'au ciel
des diables malins coupent aux anges leurs ailes
pour que tu retombes du ciel
dans mes bras ouverts, cadeau providentiel

mais chaque seconde
est une poignée de terre
et chaque minute
est un tombeau
vois comme je lutte
vois ce que je perds en sang et en eau


Alex Beaupain, Louis Garel - Delta Charlie Delta
Alex Beaupain, Louis Garel - Les Yeux au Ciel
Les chansons d'amour, B.O. (naive, 2007)

L'affiche ci-dessus est celle qui a été utilisée en Angleterre. Elle a été créée par l'excellente agence All City, qui avait par exemple également réalisée cette affiche alternative, pour Two Lovers


vendredi 16 octobre 2009

De la prévention du crime potentiel

Dernier extrait de 1984.
Après celui consacré au "langage", un autre, à portée plus politique.

L'un des aspects de ce texte est encore très actuel (cf. débats sur le déterminisme génétique ou la prévention de la récidive)





A Party member lives from birth to death under the eye of the Thought Police. Even when he is alone he can never be sure that he is alone. Wherever he may be, asleep or awake, working or resting, in his bath or in bed, he can be inspected without warning and without knowing that he is being inspected. Nothing that he does is indifferent. His friendships, his relaxations, his behaviour towards his wife and children, the expression of his face when he is alone, the words he mutters in sleep, even the characteristic movements of his body, are all jealously scrutinized. Not only any actual misdemeanour, but any eccentricity, however small, any change of habits, any nervous mannerism that could possibly be the symptom of an inner struggle, is certain to be detected. He has no freedom of choice in any direction whatever. On the other hand his actions are not regulated by law or by any clearly formulated code of behaviour. In Oceania there is no law. Thoughts and actions which, when detected, mean certain death are not formally forbidden, and the endless purges, arrests, tortures, imprisonments, and vaporizations are not inflicted as punishment for crimes which have actually been committed, but are merely the wiping-out of persons who might perhaps commit a crime at some time in the future.


George Orwell, 1984
(1950)

Voir aussi Minority Report

mercredi 14 octobre 2009

Paint it Pink

Ceci est un post en deux parties... La deuxième sera plus intéressante que la première.
Pas de bol (pour aujourd'hui).

Plutôt que de publier un texte sombre, je vous propose cette fois de voir la vie en rose, par le biais d'un nouvel épisode de la rubrique Crossed Covers (je sais que ça vous réjouit)








On finit sur des tons saturés (même s'ils jurent avec le reste).

En plus de celles que j'ai oubliées, il manque ici une pochette rose incontournable, que dis-je, LA pochette rose !
(un marron glacé à qui trouvera celle que j'ai en tête)

C'est elle qui entamera la deuxième partie de cet article...

No Age, Nouns (Sub pop, 2008)
Phoenix, Wolfgang Amadeux Phoenix (2009)
Boris, Pink [réédition] (Southern, 2009)
Blonde Redhead, Elephant Woman (4AD, 2004)
Sunny Day Real Estate, s/t (Sub Pop, 2009)
Windsor for the Derby, We fight 'til death
(Secretly Canadian, 2004)
No Age, Teen Creeps (Sub pop, 2008)
Boris, Pink (Southern, 2006)
Blonde Redhead, in an expression of the inexpressible (Touch&Go, 1998)
My Bloody Valentine, Loveless (Creation, 1991)


[Edit: Quelques ajouts, suggérés en commentaires...
Le marron glacé a d'ailleurs été gagné par bEN de Genève]





BS2000, Simply mortified (Grand Royal, 2000)
Casiotone for the Painfuly Alone, Pocket Symphonies (Tomlab, 2001)
Cat Power, the Greatest (Matador, 2006)
Royal City, little heart's ease (Rough Trade, 2004)
Meat Puppets - too high to die (London, 1994)

[Edit2: J'ajoute encore...]



Mi Ami, Techno 1.1 (Hoss Records, 2009)
Mi Ami, Cut Men (Thrill Jockey, 2009)
Ascii Disko, Alias (Ladomat 2000, 2006)
Atlas Sound, Let the Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel (4AD, 2008)

lundi 12 octobre 2009

we shall make thoughtcrime impossible

J'ai lu 1984.
(comme tout le monde, j'ai l'impression)
Sur le plan des idées, j'y ai trouvé ce à quoi je m'attendais. J'ai en revanche été surpris par la violence du dénouement. Ceci dit, comme je ne suis pas là pour vous raconter le livre, je vous propose de revenir aux idées.

La conversation ci-dessous se déroule au Ministère de la Vérité. C'est là que Winston, le personnage principal du livre, travaille. Sa mission? Modifier les articles de presse archivés, càd récrire le passé, de telle sorte qu'il concorde avec le déroulé des événements présents.
Il questionne ici un collègue d'un autre service, au sujet de l'avancement de la nouvelle édition du Dictionnaire.

'The Eleventh Edition is the definitive edition,' he said. 'We're getting the language into its final shape -- the shape it's going to have when nobody speaks anything else. When we've finished with it, people like you will have to learn it all over again. You think, I dare say, that our chief job is inventing new words. But not a bit of it! We're destroying words -- scores of them, hundreds of them, every day. We're cutting the language down to the bone. The Eleventh Edition won't contain a single word that will become obsolete before the year 2050.'

He bit hungrily into his bread and swallowed a couple of mouthfuls, then continued speaking, with a sort of pedant's passion. His thin dark face had become animated, his eyes had lost their mocking expression and grown almost dreamy. [...]

'You haven't a real appreciation of Newspeak, Winston,' he said almost sadly. 'Even when you write it you're still thinking in Oldspeak. I've read some of those pieces that you write in The Times occasionally. They're good enough, but they're translations. In your heart you'd prefer to stick to Oldspeak, with all its vagueness and its useless shades of meaning. You don't grasp the beauty of the destruction of words. Do you know that Newspeak is the only language in the world whose vocabulary gets smaller every year?'

Winston did know that, of course. He smiled, sympathetically he hoped, not trusting himself to speak. Syme bit off another fragment of the dark-coloured bread, chewed it briefly, and went on:

'Don't you see that the whole aim of Newspeak is to narrow the range of thought? In the end we shall make thoughtcrime literally impossible, because there will be no words in which to express it. Every concept that can ever be needed, will be expressed by exactly one word, with its meaning rigidly defined and all its subsidiary meanings rubbed out and forgotten. Already, in the Eleventh Edition, we're not far from that point. But the process will still be continuing long after you and I are dead. Every year fewer and fewer words, and the range of consciousness always a little smaller. Even now, of course, there's no reason or excuse for committing thoughtcrime. It's merely a question of self-discipline, reality-control. But in the end there won't be any need even for that. The Revolution will be complete when the language is perfect. Newspeak is Ingsoc and Ingsoc is Newspeak,' he added with a sort of mystical satisfaction. 'Has it ever occurred to you, Winston, that by the year 2050, at the very latest, not a single human being will be alive who could understand such a conversation as we are having now?'

'Except-' began Winston doubtfully, and he stopped.

It had been on the tip of his tongue to say 'Except the proles,' but he checked himself, not feeling fully certain that this remark was not in some way unorthodox. Syme, however, had divined what he was about to say.

'The proles are not human beings,' he said carelessly. 'By 2050 earlier, probably -- all real knowledge of Oldspeak will have disappeared. The whole literature of the past will have been destroyed. Chaucer, Shakespeare, Milton, Byron -- they'll exist only in Newspeak versions, not merely changed into something different, but actually changed into something contradictory of what they used to be. Even the literature of the Party will change. Even the slogans will change. How could you have a slogan like "freedom is slavery" when the concept of freedom has been abolished? The whole climate of thought will be different. In fact there will be no thought, as we understand it now. Orthodoxy means not thinking -- not needing to think. Orthodoxy is unconsciousness.'

One of these days, thought Winston with sudden deep conviction, Syme will be vaporized. He is too intelligent. He sees too clearly and speaks too plainly. The Party does not like such people. One day he will disappear. It is written in his face.

Voilà une application concrête de l'idée selon laquelle la restriction du vocabulaire réduit le champ de la pensée. C'est encore là une bonne raison de rendre l'Education et la Culture accessibles à tous.
Qu'en est-il de l'incidence du vocabulaire sur la variété des sentiments? "Un amour de cent mots" (formule d'Erik Orsenna) est-il nécessairement moins riche?

George Orwell, 1984
(1950)

dimanche 11 octobre 2009

No one's first, and you're next


L'émission de Samedi est en ligne! La première était plutôt folk, celle-ci franchement indie rock, avec uniquement des morceaux pour se faire plaisir,
feat. Spoon, Interpol, Built to Spill, Modest Mouse, the Pains of Being Pure at Heart [entre autres, hein]

La mixtape est disponible ici.

Certains d'entre vous l'ont sans doute pressenti:
à la différence de la saison passée, je ne ferai vraisemblablement plus gagner de CDs.
J'avais tout de même réussi à obtenir des dotations pour chacun des 20 volumes de Top Tape..!

Mais ça demande pas mal de temps. Sans compter la tendance à la dématérialisation. Enfin, Laurent T.,
le super stagiaire de Beggars, a quitté ses fonctions pendant les vacances.
Department of Eagles, Titus Andronicus, Elvis Perkins, c'était lui!

J'espère pour autant que vous continuerez d'écouter!


Beaucoup de radio, ce Week-End, puisque Emission, Programmation Musicale, et Session.
La session, c'était celle de Frànçois and the Atlas Mountain (que j'évoquais plus bas).
Elle sera diffusée Dimanche prochain à 19h30.


www.kidfrancois.com

François tourne en ce moment accompagné d'Amory (rencontré à Saintes, lorsque celui-ci organisait des concerts) et de Rosy (rencontrée à Bristol, au Cube, salle indépendante de cinéma / musique). Il est "sur la route" depuis près de 2 ans.

Liberté...


A part la radio, il y a eu d'autres choses tout de même, dont le cirque Plume

(à la Villette jusqu'en décembre)

mardi 6 octobre 2009

Sinon, il n’y aurait rien

Il n'est jamais aisé de mettre un poème en musique. Si l'exercice est difficile, c'est qu'il faut "composer" avec la métrique du texte, sans que la chanson en pâtisse(-mith).

Dans ses BB Sides, Bertrand Betsch s'y est essayé...
et c'est très réussi.

On pourra déplorer que ce blog ne fournisse aucun moyen d'en convenir, pour qui ne possèderait pas l'album.
Certes.
On pourra également objecter que le poème de Paul Eluard n'est pas en vers.
C'est vrai aussi.


Il n’y aurait rien
Pas un insecte bourdonnant
Pas une feuille frissonnante
Pas un animal léchant ou hurlant
Rien de chaud rien de fleuri
Rien de givré rien de brillant rien d’odorant
Pas une ombre léchée par la fleur de l’été
Pas un arbre portant des fourrures de neige
Pas une joue fardée par un baiser joyeux
Pas une aile prudente ou hardie dans le vent
Pas un coin de chair fine pas un bras chantant
Rien de libre ni de gagner ni de gâcher
Ni de s’éparpiller ni de se réunir
Pour le bien pour le mal
Pas une nuit armée d’amour ou de repos
Pas une voix d’aplomb pas une bouche émue
Pas un sein dévoilé par une main ouverte
Pas de misère et pas de satiété
Rien d’opaque rien de visible
Rien de lourd rien de léger
Rien de mortel rien d’éternel

Il y aurait un homme
N’importe quel homme
Moi ou un autre
Sinon il n’y aurait rien.

Paul Éluard, Le Droit le devoir de vivre (1942)


Dans le livret de l'album, Bertrand Betsch commente la chanson en ces termes:


Le monde n'est rien
juste un château de sable que le vent
à tout moment
d'un seul souffle
peut emporter
Le vide n'est pas autour
il est à l'intérieur
et il ne demande qu'à grandir
L'estourbir sous des tonnes de mélodica
est un bon moyen de le contenir.
A la fin cependant il fait entendre
son écho absurde

Bertrand Betsch - Sinon, il n'y aurait rien
BB sides (lithium, 2001)
www.myspace.com/bertrandbetsch

lundi 5 octobre 2009

If My Heart

C'était Dimanche, au Trabendo, Mark Linkus (Sparklehorse) et Christian Fennesz ensemble sur scène...
et wahou, quel concert !



Sparklehorse + Fennesz - In The Fishtank
(konkurrent, 2009)

www.myspace.com/sparklehorse

jeudi 1 octobre 2009

A quoi pensent les joggers du dimanche?


Ce texte n'a rien d'exceptionnel...
il n'est pas particulièrement beau, ni bien écrit, ni porteur d'idées remarquables.
Pour autant, il y a autour de moi suffisamment de joggers pour que je le publie ici.

Il est chanté par Miossec dans son dernier album.
L'écriture n'a pas changé, les intonations non plus.
Si le morceau devait faire l'objet d'un clip, j'imagine très bien Miossec, assis sur le dossier d'un banc, au Bois de Vincennes, par exemple.
Le statisme de ce plan serait bien entendu opposé à une galerie (pittoresque) de joggers en exercice, seuls ou en groupes.
Certains seraient filmés au ralenti.
D'autres traverserait le champ, tandis que Miossec chante.


Et ca passerait sur W9.
Non?

A quoi pensent les joggers du dimanche
Quand à petites foulées ils avancent?
A la semaine passée
Ou à celle qui se présente
A la prochaine montée
Quand ils dévalent leur pente?

A quoi pensent les joggers du dimanche?
Calculent-ils les minutes et les secondes
Qui les approchent de la fin du monde?
Est-ce pour quitter le foyer
Ou pour la joie d’y retourner?

Tous les dimanches
Tous les dimanches
Après quoi courons-nous
C’est la question qui me démange
Tous les dimanches
Tous les dimanches
Je pense à toi et je pense à eux
Et je pense à nous et j’ai le coeur qui flanche
Après quoi courons-nous tous les dimanches
C’est la question qui me démange
Tous les dimanches
Tous les dimanches

A quoi pensent les joggers du dimanche?
Regardent-ils toujours la cime des peupliers
Ou bien ont-ils les yeux fixés
Sur les surfaces goudronnées?
Ont-ils en tête l’envie de tuer
Ou est-ce juste l’envie de s’épuiser?
Veulent-ils s’alléger de leur poids
Ou ne font-ils que compter compter leurs pas?

Tous les dimanches
Tous les dimanches
Après quoi courons-nous
C’est la question qui me démange
Tous les dimanches
Tous les dimanches
Je pense à toi et je pense à eux
Et je pense à nous et j’ai le coeur qui flanche
En pensant aux joggers du dimanche

Refont-ils toujours le même trajet
Avec leurs petites foulées?
Finissent-ils toujours par sprinter
Ou se laissent-ils relâcher?
Est-ce que ça soulage leur conscience?
Est-ce que ça donne à leur vie un peu de sens?


Miossec - Les joggers du dimanche
Finistériens (PIAS, 2009)
www.myspace.com/miossec


« On ne court pas en plein soleil, même le dimanche, sans avoir bu.
Ça me servira de leçon. »