jeudi 31 mai 2018

When the curtains calls for you

Etrange comme ce week-end j'écoutais plusieurs fois d'affilée "Everyone who pretended to like me is gone", le premier album des Walkmen... C'était sans doute une part de vie de Stewart Lupton qui l'abandonnait.

Stewart Lupton ne faisait PAS parti de ce groupe. Mais de Jonathan Fire*Eater, dont trois membres devaient fonder plus tard les Walkmen.

Grand regret de n'avoir jamais vu JF*E en concert, alors que leur album "Wolf songs for Lambs" figure dans mon top20 des 90s. Cet album sera au final paru un brin trop tôt, en 1998, soit 2-3 ans avant le rock ne redevienne à la mode, avec New York City pour épicentre.

RIP, donc Stewart Lupton, mort dimanche dernier à l'âge de 43 ans.

A écouter par exemple "Station Coffee" version studio si vous êtes novices, "When the Curtain Calls for You" version live VHS dégueu pour les connaisseurs. Le morceau se termine par ces paroles :


"And I'm ready now and the show was oh so precious"

mercredi 30 mai 2018

La gorgée de bière de trop

A lire sur Slate.fr : "la sélection de livres à ne pas acheter cet été".
Très drôle, en particulier les passages sur Nicolas Rey, mais aussi Philippe Delerm.

Vraiment, je ne sais pas pourquoi je m’inflige ça. Lire du Philippe Delerm sans y être obligé? Ce type rend insupportable tout ce qui est insignifiant. Alors quoi? Un vague espoir d’amélioration? Une forme de pitié? Il est vrai que, depuis La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, best-seller il y a vingt ans, on mesure ses efforts pour retrouver un tel succès. Il additionne les titres exaltant la banalité (Il avait plu tout le dimanche, Paniers de fruits, La Sieste assassinée, Dickens, barbe à papa et autres nourritures délectables, Les Eaux troubles du mojito et autres belles raisons d’habiter sur terre…) ou ceux assumant un conservatisme satisfait (Je vais passer pour un vieux con et autres phrases qui en disent long, Les Mots que j’aime). Notez que ça passe souvent par la bouffe et les boissons. Jamais le moindre cri du cœur chez Philippe Delerm mais beaucoup de gargouillis satisfaits dans l’œsophage.

Et saluons l’abnégation: à raison d’au moins un livre par an, Philippe Delerm bâtit patiemment une encyclopédie du rien.

Il en est ainsi de Et vous avez eu beau temps? La perfidie ordinaire des petites phrases, où l’auteur dissèque –sans trop se salir, hein, le scalpel est tendre– des expressions sans intérêt.

Car, enfin, comment est-il possible de rassembler tant de mièvreries au paragraphe? Il y a deux ans, son Journal d’un homme heureux m’avait donné envie de passer son jardin au napalm («Ce matin, par la fenêtre de la cuisine, le pré couvert de givre. J’aime cette sensation, sur le goût du café chaud») ou de boire de l’Oasis («l’odeur de l’Orangina renversé sur la petite table de fer»), écœuré par ces émotions suaves, qui ont la force d’un statut Instagram.

Notre sélection de livres à ne pas acheter cet été
(Jean-Marc Proust, 28 mai 2018 slate.fr)

mardi 29 mai 2018

[mai68] Intox à domicile

Mai 2018 touche à sa fin, et par la même occasion, la série d'articles sur Mai 68 également !

Si nous avons pu mettre en avant des thématiques communes entre ces deux époques (convergence des luttes, rejet du pouvoir politique, et plus bas, défiance envers les médias), il est clair que la sauce n'aura pris que pour la première.

Quand bien même les manifestations actuelles font référence dans leur communication à l'esprit d'alors.

Pour se replonger dans l'atmosphère mai 68, on pourra par exemple lire "Les choses" de Perec, "Chien Blanc" de Romain Gary, regarder des films de Godard comme "Tout va bien", ou encore le docu-fiction déja mentionné ici La Barricade.

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J'en viens aux affiches relatives aux médias, donc (rappelons qu'à l'époque, radios et télévisions sont sous la tutelle de l'ORTF, c'est-à-dire de l'Etat français)




Aujourd'hui, le discours anti-média est courant, aussi bien dans la rue que dans la bouche de responsables politiques (pour la France, je pense par exemple à Mélenchon, qui est allé jusqu'à théoriser sa stratégie de haine des médias)

jeudi 24 mai 2018

[mai68] La hauteur de la force

Le 24 mai est réputé être la journée la plus violente de Mai 68 à Paris (vous pouvez d'ailleurs la revivre heure par heure via le docu-fiction La Barricade).

Je m'en vais donc ici aborder ce parfum de lutte contre les puissants, cette odeur de souffre que j'ai sentis en parcourant l'exposition aux Beaux-Arts introduite précédemment.

Si les idées anti-politique, anti-élection, anti-patron s'entendent aujourd'hui dans la rue, les discours et affiches de mai 68 leurs donnent à l'époque une consistance tangible... allant jusqu'à l'appel explicite à la violence (à notre époque prescrite et moralement réprouvée, à l'exception notable des black blocks)

Ci-dessous un tract de mai 68, suivi de quelques affiches (toujours par les étudiants des beaux-arts) qui rejettent en bloc dialogue et élections, et ne voient dans la police que la matraque du pouvoir politique.


APPEL A LA VIOLENCE

La répression sauvage et brutale de la "PENSEE" conservatrice et soi-disant moderne, celle du système qui l'encadre vient aujourd'hui de montrer son véritable visage. Depuis dix ans, sous le couvert d'une bonhomie paternaliste et scientifique, le régime en place n'a fait jour après jour que renforcer sa définition d'implantation, c'est-à-dire son système de défense : la police. Depuis dix ans, ces politiciens de la police n'ont fait que s'installer dans l'illusion croissante de leur pouvoir et perfectionner leurs méthodes de domination, pour finalement, au premier jour de véritable menace, s'appliquer à massacrer impitoyablement la première tentative de revendication échappant à la loi des partis qui prétendent représenter la gauche. Il n'est plus question maintenant d'ignorer une seule seconde leurs présences. Il se sont déshabillés : montrons-nous.

La seule tactique à observer demain : un coup de matraque =  deux   coups   de   barres   d'acier,   une grenade  lacrymogène = une grenade offensive. "L'HEURE EST ENFIN VENUE" de répondre à la répression par l'attaque, au dialogue de table ronde par la parole, aux significations par le geste. Organisons-nous comme l'individualité s'organise en collectivité. Nous avons la HAUTEUR DE LA FORCE, c'est-à-dire le NOMBRE. L'histoire falsifiée, car aux mains des peureux d'eux-mêmes, a toujours été dirigée à leur profit dans le sens des majorités. Maintenant, la majorité, c'est nous. Il s'agit simplement de prendre conscience du fait que la "GUÉRILLA" la plus forte est celle de l'aventure de la pensée. Ils ne la possèdent pas. Nous la vivons. Il faut les marquer définitivement du sceau de leur emprisonnement.

Cet appel à la violence est l'actualisation de la trajectoire qui va de la pensée au pavé. ARMONS-NOUS.


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(à suivre)

mardi 22 mai 2018

[mai68] Solidarité


L'exposition "Images en lutte" aux beaux-arts vient de refermer ses portes. Il s'agissait d'une histoire politique du visuel, en résonance avec mai 68. 150 affiches qui ont marqué le mouvement y étaient exposées, à l'endroit même où elles ont été créées, par les étudiants de l'époque, sollicités directement par les grévistes et les contestataires.

Par certains aspects ou certaines thématiques, les messages d'alors rappellent ce qu'on peut entendre aujourd'hui. Je pense par exemples aux discours anti-pouvoir (politique et capitaliste), anti-média et à l'appel à la "convergence des luttes" : réalité d'alors, mais chimère aujourd'hui...

Avant de revenir sur les premiers aspects, c'est d'abord cette notion de solidarité que je veux illustrer. Quelques exemples parmi une multitude... là où de nos jours, les grèves ne suscitent souvent qu'hostilité ou indifférence.


Solidarité entre corporations... mais aussi avec les immigrés.

(à suivre...)

dimanche 20 mai 2018

Movie poster of the week

Je profite de cette rubrique pour consigner ici les films asiatiques présentés à Cannes 2018 qu'il me faudra visionner à leur sortie.

Burning, Lee Chang-dong

Asako I & II, Ryusuke Hamaguchi

Une affaire de famille, Hirokazu Kore-Eda

Les Eternels, Jia Zhang-ke

vendredi 18 mai 2018

We are lost

Au moment où Donald Glover (aka Childish Bambino) cartonne avec sa vision critique de l'Amérique ["This is America"], rappelons-nous de Kate Tempest, poétesse, autrice et rappeuse anglaise, qui chantait notre monde en perdition.



Europe is lost, America lost, London lost
Still we are clamouring victory
All that is meaningless rules
We have learned nothing from history
The people are dead in their lifetimes
Dazed in the shine of the streets
But look how the traffic's still moving
System’s too slick to stop working
Business is good, and there’s bands every night in the pubs
And there’s two for one drinks in the clubs
And we scrubbed up well
Washed off the work and the stress
And now all we want’s some excess
Better yet; a night to remember that we’ll soon forget
All of the blood that was bled for these cities to grow
All of the bodies that fell
The roots that were dug from the earth
So these games could be played
I see it tonight in the stains on my hands
The buildings are screaming
I can't ask for help though, nobody knows me
Hostile, worried, lonely
We move in our packs and these are the rights we were born to
Working and working so we can be all that we want
Then dancing the drudgery off
But even the drugs have got boring
Well, sex is still good when you get it

To sleep, to dream, to keep the dream in reach
To each a dream, don’t weep, don’t scream
Just keep it in, keep sleeping in
What am I gonna do to wake up?

I feel the cost of it pushing my body
Like I push my hands into pockets, and softly
I walk and I see it, this is all we deserve
The wrongs of our past have resurfaced
Despite all we did to vanquish the traces
My very language is tainted
With all that we stole to replace it with this
I am quiet, feeling the onset of riot
Riots are tiny though, systems are huge
Traffic keeps moving, proving there’s nothing to do
'Cause it’s big business, baby, and its smile is hideous
Top down violence, a structural viciousness
Your kids are dosed up on medical sedatives
But don’t worry bout that, man, worry 'bout terrorists
The water level's rising! The water level's rising!
The animals, the elephants, the polar bears are dying!
Stop crying, start buying, but what about the oil spill?
Shh, no one likes a party pooping spoil sport
Massacres, massacres, massacres/new shoes
Ghettoised children murdered in broad daylight
By those employed to protect them
Live porn streamed to your pre-teen's bedrooms
Glass ceiling, no headroom
Half a generation live beneath the breadline
Oh, but it's happy hour on the high street
Friday night at last lads, my treat!
All went fine till that kid got glassed in the last bar
Place went nuts, you can ask our Lou
It was madness, road ran red, pure claret
And about them immigrants? I can't stand them
Mostly, I mind my own business
They’re only coming over here to get rich, it’s a sickness
England! England! Patriotism!
And you wonder why kids want to die for religion?
It goes, work all your life for a pittance
Maybe you’ll make it to manager, pray for a raise
Cross the beige days off on your beach babe calendar
The anarchists are desperate for something to smash
Scandalous pictures of fashionable rappers
In glamorous magazines, who’s dating who?
Politico cash in an envelope
Caught sniffing lines off a prostitutes prosthetic tits
Now it's back to the house of lords with slapped wrists
They abduct kids and fuck the heads of dead pigs
But him in a hoodie with a couple of spliffs
Jail him, he’s the criminal
Jail him, he’s the criminal
It's the BoredOfItAll generation
The product of product placement and manipulation
Shoot 'em up, brutal, duty of care
Come on, new shoes, beautiful hair, bullshit!
Saccharine ballads and selfies, and selfies, and selfies
And here’s me outside the palace of ME!
Construct a self and psychosis
Meanwhile the people were dead in their droves
And, no, nobody noticed; well, some of them noticed
You could tell by the emoji they posted

Sleep like a gloved hand covers our eyes
The lights are so nice and bright and let's dream
But some of us are stuck like stones in a slipstream
What am I gonna do to wake up?

We are lost, we are lost, we are lost
And still nothing, will stop, nothing pauses
We have ambitions and friendships and courtships to think of
Divorces to drink off the thought of
The money, the money, the oil
The planet is shaking and spoiled
And life is a plaything
A garment to soil
The toil, the toil
I can't see an ending at all
Only the end
How is this something to cherish?
When the tribesmen are dead in their deserts
To make room for alien structures
Develop, develop
And kill what you find if it threatens you
No trace of love in the hunt for the bigger buck
Here in the land where nobody gives a fuck

Kate Tempest, Europe is lost
Let them eat chaos (Fiction Records, 2016)

mardi 15 mai 2018

⚫▲⬛ (Album Cover of the Week)

Preoccupations - New Material (Flemish Eye, 2018)
(Un nom de groupe bien passe-partout pour les anciens Viet Cong - choix décrié à l'époque)