jeudi 24 mai 2018

[mai68] La hauteur de la force

Le 24 mai est réputé être la journée la plus violente de Mai 68 à Paris (vous pouvez d'ailleurs la revivre heure par heure via le docu-fiction La Barricade).

Je m'en vais donc ici aborder ce parfum de lutte contre les puissants, cette odeur de souffre que j'ai sentis en parcourant l'exposition aux Beaux-Arts introduite précédemment.

Si les idées anti-politique, anti-élection, anti-patron s'entendent aujourd'hui dans la rue, les discours et affiches de mai 68 leurs donnent à l'époque une consistance tangible... allant jusqu'à l'appel explicite à la violence (à notre époque prescrite et moralement réprouvée, à l'exception notable des black blocks)

Ci-dessous un tract de mai 68, suivi de quelques affiches (toujours par les étudiants des beaux-arts) qui rejettent en bloc dialogue et élections, et ne voient dans la police que la matraque du pouvoir politique.


APPEL A LA VIOLENCE

La répression sauvage et brutale de la "PENSEE" conservatrice et soi-disant moderne, celle du système qui l'encadre vient aujourd'hui de montrer son véritable visage. Depuis dix ans, sous le couvert d'une bonhomie paternaliste et scientifique, le régime en place n'a fait jour après jour que renforcer sa définition d'implantation, c'est-à-dire son système de défense : la police. Depuis dix ans, ces politiciens de la police n'ont fait que s'installer dans l'illusion croissante de leur pouvoir et perfectionner leurs méthodes de domination, pour finalement, au premier jour de véritable menace, s'appliquer à massacrer impitoyablement la première tentative de revendication échappant à la loi des partis qui prétendent représenter la gauche. Il n'est plus question maintenant d'ignorer une seule seconde leurs présences. Il se sont déshabillés : montrons-nous.

La seule tactique à observer demain : un coup de matraque =  deux   coups   de   barres   d'acier,   une grenade  lacrymogène = une grenade offensive. "L'HEURE EST ENFIN VENUE" de répondre à la répression par l'attaque, au dialogue de table ronde par la parole, aux significations par le geste. Organisons-nous comme l'individualité s'organise en collectivité. Nous avons la HAUTEUR DE LA FORCE, c'est-à-dire le NOMBRE. L'histoire falsifiée, car aux mains des peureux d'eux-mêmes, a toujours été dirigée à leur profit dans le sens des majorités. Maintenant, la majorité, c'est nous. Il s'agit simplement de prendre conscience du fait que la "GUÉRILLA" la plus forte est celle de l'aventure de la pensée. Ils ne la possèdent pas. Nous la vivons. Il faut les marquer définitivement du sceau de leur emprisonnement.

Cet appel à la violence est l'actualisation de la trajectoire qui va de la pensée au pavé. ARMONS-NOUS.


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(à suivre)

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