vendredi 28 février 2020

Art and Vinyl


L'an dernier, je visitais à Bâle l'exposition "Art and Vinyl — Artist Covers and Records", collection de vinyles, rassemblés par René Pulfer pour la qualité artistique de leur visuel. J'avais pris note de mes préférées (entre classiques et découvertes), que je vous restitue ici !

Gastr Del SolCamoufleur (1998) ; Art by Markus Oehlen


Faust, the Faust Tapes (1973) ; Art by Bridget Riley

The Soft MoonZeros (2012) ; Art by Alexander Rodchenko

Yeah Yeah Yeahs, it's Blitz (2009) ; Art by Urs Fischer

Get Well Soon, Vexations (2010) ; Art by Adrian Ghenie 

Sunn O)))Monoliths & Dimensions (2009) ; Art by Richard Serra

David Grubbs, Prismrose (2016) ; Art by Kai Althoof

V/A (dont Cat Power), Sleepwalkers Sound (2012) ; Art by Doug Aitken

dimanche 23 février 2020

Un esprit communautaire

La Russie me fascine, qu'elle soit pré- ou post-révolutionnaire. Plus précisément sa culture... l'âme slave. Maintes fois abordée sur ce blog depuis sa création, elle l'est sans doute encore plus récemment, entre Tchernobyl (livre et série), "Le Zéro et l'Infini", et l'excellent documentaire "Goulag, une histoire soviétique" (à visionner sur arte.fr)

Poursuivons donc les extraits de la Supplication. Au détour de ce témoignage d'un inspecteur de la préservation de la nature, est abordé le rapport entre l'individu et un peuple tout entier.

Soudain, nous avons éprouvé un sentiment nouveau, inhabituel : chacun de nous avait une vie propre. Jusque-là, nous n'en avions pas besoin. Chacun a commencé à s’interroger à chaque instant sur ce qu'il mangeait, ce qu'il donnait à manger aux enfants, ce qui était dangereux pour la santé et ce qui ne l'était pas... Et il devait prendre ses décisions personnellement. Nous n’étions pas habitués à vivre ainsi, mais avec tout le village, toute la communauté, toute l'usine, tout le kolkhoze. Nous étions des Soviétiques, avec un esprit communautaire.

Si j'ai relevé ce passage, c'est sans doute que j'avais été sensibilisé plus tôt par "Le Zéro et l'Infini", où la place de l'individu n'a de cesse d'être discutée (et niée)

[... ]le « Je » [était] une qualité suspecte. Le Parti n’en reconnaissait pas l’existence. La définition de l’individu était : une multitude d’un million divisée par un million.

Le Parti niait le libre arbitre de l’individu – et en même temps exigeait de lui une abnégation volontaire. Il niait qu’il eût la possibilité de choisir entre deux solutions – et en même temps il exigeait qu’il choisît constamment la bonne. Il niait qu’il eût la faculté de distinguer entre le bien et le mal – et en même temps il parlait sur un ton pathétique de culpabilité et de traîtrise. L’individu – rouage d’une horloge remontée pour l’éternité et que rien ne pouvait arrêter ou influencer – était placé sous le signe de la fatalité économique, et le Parti exigeait que le rouage se révolte contre l’horloge et en change le mouvement. Il y avait quelque part une erreur de calcul, l’équation ne collait pas.

Svetlana Aleksievitch, La Supplication (1997)
Arthur Koestler, le Zéro et l'Infini (1945)

jeudi 20 février 2020

Grande est la maison

Si petite soit ma cabane
que grande demeure ma maison


Cabane (aka le musicien Thomas Jean Henri) sait y faire, pour créer de l'affectif et de l'attente autour de ses très belles compositions à paraître. Il y a cette jolie vidéo dans laquelle il filme des proches, répondre à trois questions insolites puis écouter pour la toute première fois, après cinq années de travail, un extrait de son disque.








(François Atlas est beaucoup trop beau, on est d'accord?)
La vidéo est ici :





et le morceau (feat. Bonnie prince Billy) :

mercredi 5 février 2020

L'obsession de la beauté

Il y a peu, je rapportais ici cette phrase de Pascal Bouaziz "C'est tellement surprenant que ce soit encore autorisé la beauté"... C'est heureux, même. Car cette beauté se sera avéré salvatrice pour Catherine Meurice (rescapée des attentats de Charlie Hebdo)

A quoi bon chercher le syndrome de Stendhal? Finalement je l'ai eu, mais à l'envers. D'abord l'évanouissement, intérieur, dû au choc de l'attentat, puis, au réveil, l'obsession de la beauté. Une fois le chaos éloigné, la raison se ranime et l'équilibre avec la perception est retrouvé. On voit moins intensément, mais on se souvient d'avoir vu. Je compte bien rester éveillée, attentive au moindre signe de beauté. Cette beauté qui me sauve, en me rendant ma légèreté.


Catherine Meurisse, La Légèreté (2016)