mercredi 25 juillet 2018

Pitchfork Festival 2018

Météo tempérée, proximité de la ville, très bonne programmation, le tout sans gigantisme : il a eu l'air de faire bon être au festival pitchfork à Chicago cette année. Comme de coutume sur ce blog, une sélection de photos des groupes et artistes s'y étant produit.
[via BrooklynVegan, crédits photos James Richards IV]
Les photos sont classées par luminosité décroissante (du début d'après-midi à la tombée de la nuit, comme si tout cela s'était déroulé en une seule et même journée)

Beaucoup de femmes, me direz-vous, c'est que cette année la volonté d'équilibre aura été particulièrement marquée, comme me le confirme cet article.

Sandy (Alex G)

Zola Jesus

Circuit des Yeux

Julie Byrne

Julien Baker

Moses Sumney

Blood Orange

Japanese Breakfast

Japanther

Big Thief

Courtney Barnett

Kelela

Tame Impala

Fleet Foxes

 
Lauryn Hill

[Crédits Photos : James Richards IV]

lundi 23 juillet 2018

Petit nombril, que mon penser adore

Un peu de poésie pour commencer la semaine
(poème lu, au détour d'un couloir du château de Kerjean)

Petit nombril, que mon penser adore,
Et non mon oeil qui n'eut onques le bien
De te voir nu, et qui mérites bien
Que quelque ville on te bâtisse encore ;

Signe amoureux, duquel Amour s'honore,
Représentant l'Androgyne lien,
Combien et toi, mon mignon, et combien
Tes flancs jumeaux folâtrement j'honore !

Ni ce beau chef, ni ces yeux, ni ce front,
Ni ce doux ris ; ni cette main qui fond
Mon coeur en source, et de pleurs me fait riche,

Ne me sauraient de leur beau contenter,
Sans espérer quelquefois de tâter
Ton paradis, où mon plaisir se niche.

Pierre de Ronsard, Petit nombril, que mon penser adore
Le premier livre des Amours (1552)

jeudi 19 juillet 2018

Con et prétentieux

Personne n'aime les pigeons, et personne ne se prive de pour le dire. On médit donc régulièrement sur eux, mais, STOP, arrêtez tout, on ne le fera jamais aussi bien que ce personnage rencontré dans le roman de Pascal Garnier, sur un banc voisin du pauvre Gabriel, tandis que celui-ci émiette son fade croissant pour nourrir les volatiles gris.

— Faut pas leur donner à manger à ces cons-là.
Curieusement, l'homme qui vient de s'exprimer à l'autre bout du banc ressemble à un pigeon, un peu gras, l'oeil rond, nez pointu, drapé dans un imperméable gris.
— Pourquoi ?
— Ils chient sur ma fenêtre. Ils chient sur ma bagnole, ils chient sur les saints des églises, sur les statues. Ils chient partout. Comme si on n'était pas déjà suffisamment dans la merde !
— Ce sont des oiseaux.
— Justement ! Ils ont toute la place. C'est pas les champs, les bois qui manquent. Mais non, ils viennent nous chier dessus, à cause de gens comme vous qui leur donnent à bouffer. Et puis d'abord, c'est pas des oiseaux, c'est des rats, volants, mais des rats, l'âme des rats qui vient se venger des égoutiers. Pour eux, nous sommes tous des égoutiers. Dans un sens, ils n'ont pas tort, mais faut bien se protéger. Regardez-les se gratter ! Ils sont pourris de maladies, immangeables.
— Vous avez essayé ?
— Bien sûr ! J'en ai piégé, à la glu. C'est plus dur que le corbeau. Mais le corbeau, lui, il est utile, c'est un charognard, un nettoyeur, il bouffe que du mort. Imaginez un champ de bataille sans corbeaux ? Un vrai dépotoir ! Mais le pigeon, à part porter un message d'une tranchée à l'autre, qu'est-ce qu'il a à foutre sur un champ de bataille ? Et puis, ça se fait plus. On a des moyens de communication modernes maintenant. Enfin... Ça se discute... Bref, à force de fréquenter les soldats, de se prendre pour un héros, un sauveur de la France, il s'est élevé au-dessus de sa condition, le pigeon, il est devenu con et prétentieux. Et c'est pour ça qu'il nous chie dessus. L'humanité finira encroûtée de merde de pigeon malade, parce qu'ils sont tous malades, ils vont, ils viennent, ils attrapent tout du pire des mondes ! C'est triste. Une sorte de Pompéi, quoi.

Pascal Garnier, La théorie du panda (2008)

mercredi 18 juillet 2018

La tyrannie du «cool»

Nos bureaux ressemblent de plus en plus à un «goûter d’anniversaire géant», comme l’observe Nicolas Santolaria dans Le syndrome de la chouquette, ou la tyrannie sucrée de la vie de bureau.

A la lecture de cet inventaire savoureux des nouvelles mythologies professionnelles, un constat, impitoyable: le «prolétariat moderne» serait trop occupé à faire des parties de ping-pong, brainstormer affalé dans des canapés mous, et à se réapprovisionner au distributeur de bonbons, pour penser lutte des classes et amélioration des conditions de travail. «Si l’entreprise nous tient effectivement captifs, poursuit l’auteur, elle le fait aujourd'hui d’une façon renouvelée, masquant de plus en plus habilement son caractère carcéral et répressif. La liberté, l’autonomie, l’épanouissement sont devenus les nouveaux leviers paradoxaux de cet asservissement ludique.»

"Au bureau, la tyrannie du «cool» ", article à lire ici :

On est effectivement tenté de déduire que s'il y a un Chief Happiness Officer, c'est qu'il y a un loup.

mardi 10 juillet 2018

Masque humain

Il y a 8 ans, je découvrais Pierre Huyghe dans le cadre de l'exposition "Dreamlands" à Beaubourg. Son film "Streamside Day" m'aura durablement marqué, si bien que depuis lors, je ne souhaite qu'une chose : le revoir.

Bien sûr, quand l'occasion m'en est donnée, je suis toujours ravi de découvrir de nouvelles créations de l'artiste. A voir absolument, donc, en ce moment et jusqu'au 28 août, ce film troublant projeté à l'exposition "au diapason du monde", à la fondation Louis Vuitton.

Pierre Huyghe y montre un petit singe affublé d'un masque traditionnel japonais, de retour dans le restaurant dont il était une des attractions (puisqu'y assurant le service). Marqué par la tsunami de 2011, le quartier était à l'époque déserté, et le restaurant abandonné...


Pierre Huyghe, untitled / human mask (2014)

mercredi 4 juillet 2018

La meute en été

Bientôt les vacances... Que les "locaux" se tiennent prêts.


Je vis dans un désert d'hiver
Infesté de monde l'été
Je vais sur le sentier désert
Autour du lac abandonné

Les pédalos sont recouverts
de bâches aux teintes délavées
J'entends le souffle de la pierre
Et au loin les cloches sonner

Je vis dans un désert d'hiver
Nous sommes quelques uns à l'année
Dans le village disséminés
Chacun sa réserve de fiel
Ça fait des nuées d'étincelles
D'un bout à l'autre du village
Des câbles de haine haut-voltage
Entre les maison occupées

Je vis dans un désert d'hiver
Il y a une femme que j'ai aimée
Elle vit à cent mètres de moi
Elle voudrait qu'on parle moins bas
Elle est seule et le restera
Et moi aussi c'est à hurler
Pourtant chaque fois qu'on se voit
Les mots avancent à pas feutrés

Les mots de trop passent les années
On a cimenté les querelles
On se prosterne devant elles
Leur cierge est toujours allumé
Combien d'offrandes et de prières
Pour qu'un jour tout vole en éclat ?
Mais nous vivons de nos colères
Mieux vaut que tout reste en l'état

À la lumière des réverbères
Le bleu nuit du lac entamé
J'observe les grains de poussière
Phosphorescents sur le sentier
Plus tard il faudra travailler
Relever tous les parasols
Ventre noués, rumeur d'école
Au son de la meute en été

Je vis dans un désert d'hiver

Dominique A - désert d'hiver
Toute latitude (Cinq7, 2018)

Dans un post facebook, Dominique A introduisait ce morceau ainsi :

Désert d'hiver, ou : des bienfaits d'un court séjour dans un village « Pierre et Vacances » en hiver. La chanson a déboulé aussitôt, comme une extension du décor dans lequel je me trouvais.

(Pour retrouver un décor similaire, lire également : "Lune captive dans un œil mort" de Pascal Garnier)

dimanche 1 juillet 2018

Je ne trouve pas les mots

(à l'annonce de cet "heureux événement", à venir dans 8.5 mois)


Daniel Clowes, Patience (2016)
- - -
Note : c'est loin d'être le sujet central de la bande-dessinée, rocambolesque et psychédélique méli-mélo spatio-temporel