Personne n'aime les pigeons, et personne ne se prive de pour le dire. On médit donc régulièrement sur eux, mais, STOP, arrêtez tout, on ne le fera jamais aussi bien que ce personnage rencontré dans le roman de Pascal Garnier, sur un banc voisin du pauvre Gabriel, tandis que celui-ci émiette son fade croissant pour nourrir les volatiles gris.
— Faut pas leur donner à manger à ces cons-là.
Curieusement, l'homme qui vient de s'exprimer à l'autre bout du banc ressemble à un pigeon, un peu gras, l'oeil rond, nez pointu, drapé dans un imperméable gris.
— Pourquoi ?
— Ils chient sur ma fenêtre. Ils chient sur ma bagnole, ils chient sur les saints des églises, sur les statues. Ils chient partout. Comme si on n'était pas déjà suffisamment dans la merde !
— Ce sont des oiseaux.
— Justement ! Ils ont toute la place. C'est pas les champs, les bois qui manquent. Mais non, ils viennent nous chier dessus, à cause de gens comme vous qui leur donnent à bouffer. Et puis d'abord, c'est pas des oiseaux, c'est des rats, volants, mais des rats, l'âme des rats qui vient se venger des égoutiers. Pour eux, nous sommes tous des égoutiers. Dans un sens, ils n'ont pas tort, mais faut bien se protéger. Regardez-les se gratter ! Ils sont pourris de maladies, immangeables.
— Vous avez essayé ?
— Bien sûr ! J'en ai piégé, à la glu. C'est plus dur que le corbeau. Mais le corbeau, lui, il est utile, c'est un charognard, un nettoyeur, il bouffe que du mort. Imaginez un champ de bataille sans corbeaux ? Un vrai dépotoir ! Mais le pigeon, à part porter un message d'une tranchée à l'autre, qu'est-ce qu'il a à foutre sur un champ de bataille ? Et puis, ça se fait plus. On a des moyens de communication modernes maintenant. Enfin... Ça se discute... Bref, à force de fréquenter les soldats, de se prendre pour un héros, un sauveur de la France, il s'est élevé au-dessus de sa condition, le pigeon, il est devenu con et prétentieux. Et c'est pour ça qu'il nous chie dessus. L'humanité finira encroûtée de merde de pigeon malade, parce qu'ils sont tous malades, ils vont, ils viennent, ils attrapent tout du pire des mondes ! C'est triste. Une sorte de Pompéi, quoi.
Pascal Garnier, La théorie du panda (2008)
Et malgré piques métalliques et faux corbeaux ils chient sur ma terrasse... j'en peux plus. Merci de m'aider.
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