Crise d'angoisse, une description.
Les crises d'angoisse que j'étais parvenu à chasser dernièrement refont leur apparition. Ca ne prévient pas, ça arrive. Je mange, je regarde un film ou je trie une pile de disques et soudain, comme une digue cédant sous une pression trop longtemps contenue, un flot de pensées confuses et contradictoires maintenues à disstance sourd furieusement, innervant sans pitié toutes les parcelles de mon cerveau. Je suis transpercé de flèches réflexives dont les pointes attaquent ma raison. Je suis colonisé par des flux d'effroi, propulsé en trombe sur des montagnes russes, téléporté dans le couloir d'Alphaville. A chaque porte, le seuil du vide qui m'appelle et m'aspire. Travelling compensé sur ma conscience assiégée qui exhorte en vain à la clémence et déclare forfait. Les idées se confondent et se brouillent, s'épaississent, s'obscurcissent. Des images sans rapport entre elles s'entrechoquent. Je bats la chamade mais personne avec qui négocier. C'est la grève des synapses, un tsunami s'abat sur mes neurones.
La respiration s'emballe. L'air vient à manquer. On cherche à m'asphyxier là-haut où le maelström se déchaîne. Le pouls pulse néfaste et furieux. Je veux hurler mais aucun son ne franchit ma bouche.
Frank Beauvais, Ne croyez surtout pas que je hurle (2020)
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