Bergman, c'est la réalité nue, crue, sans fard... comme dans ces "Scènes de la vie conjugale", série tv de six épisodes, remontée en film un an plus tard (donc en 1974). Au cours du premier épisode, nous faisons la connaissance de Johan et Marianne, dix ans de mariage, interviewés par une journaliste qui souhaite en dresser le portrait.
Journaliste: Comment vous décririez-vous en quelques mots ?
Johan : Ce n'est pas facile, ça. J'ai peur qu'on se méprenne sur ce que je dis... Je risque de passer pour un vantard si je me définis comme un homme intelligent, jeune, équilibré, brillant, belle situation et sexy. J'ai une conscience politique. Je suis cultivé, sociable. Que dire de plus ? Je suis amical, même avec les gens simples. Je suis sportif. Bon père de famille et bon fils. Je n'ai pas de dettes. Je paie mes impôts. Je respecte notre gouvernement quelles que soient ses options. J'adore la famille royale. Je ne suis plus croyant. Vous faut-il d'autres détails ? Je suis un amant fabuleux, n'est-ce pas ?
Journaliste: Laissons celà... Toi, Marianne, qu'as-tu à dire ?
Marianne: Que dire ? Je suis la femme de Johan et j'ai deux filles. Je ne vois rien d'autre.
Johan : Mais si. Réfléchis.
Marianne: Johan est très agréable à vivre.
Johan : Merci, c'est gentil. [...]
Marianne: Je n'ai pas une aussi haute opinion de moi que Johan. Mais pour être honnête, mon existence me convient. J'ai une bonne vie, si vous voyez ce que je veux dire. Que dire de plus ? Ce que c'est difficile !
Johan : Elle est très bien faite.
Marianne: Tu plaisantes, alors que moi, j'essaie d'être sérieuse. J'ai deux filles : Karin et Eva.
Johan : Tu te répètes.
Scènes de la vie conjugale, Ingmar Bergman (1974)
Ce que m'inspire ce dialogue : Elevons nos filles pour qu'elles s'expriment haut et fort, éduquons nos garçons pour qu'ils écoutent la parole des femmes (et - pour le dire de façon non polémique - qu'ils soient sensibles à la notion de consentement).
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