Trois mois plus tard, ils étaient mariés, l'ancien soldat Brû la mercière. Après une chose s'imposait, mais voilà qu'on se trouvait déjà en octobre : pas possible de fermer la boutique en pleine saison. Ils en discutèrent longtemps, l'ancien soldat Brû la mercière. Fallait voir la réalité en face : effectivement, des flopées de clientes se jetaient sur le bouton de nacre, la ganse et le sparadrap : on n'était pas assez riches pour rater toutes ces bonnes affaires.
Non, bien sûr, disait Valentin. Tu vois bien, disait Julia. Pourtant, disait Valentin, pourtant c'est de rigueur le voyages de noces. En principe, disait Julia, en principe je ndis pas. Tu vois bien, disait Valentin. Faut reconnaître, disait Julia, faut reconnaître qu'un mariage sans voyage de noces, ça n'existe pas. Non, disait Valentin, non ça n'existe pas. Oui, disait Julia, oui mais la pleine saison c'est la pleine saison, et on ne peut rien changer aux saisons. On pourrait peut-être retarder le voyage de noces jusqu'aux vacances prochaine, suggéra Valentin. Et les vacances alors, objecta Julia, quand est-ce qu'on les prendrait? Et il n'y avait rien à répondre à ça.
Ils finirent par adopter la seule solution possible, la seule et unique, à savoir que le seul Valentin ferait seul le voyage de noces.
Non, bien sûr, disait Valentin. Tu vois bien, disait Julia. Pourtant, disait Valentin, pourtant c'est de rigueur le voyages de noces. En principe, disait Julia, en principe je ndis pas. Tu vois bien, disait Valentin. Faut reconnaître, disait Julia, faut reconnaître qu'un mariage sans voyage de noces, ça n'existe pas. Non, disait Valentin, non ça n'existe pas. Oui, disait Julia, oui mais la pleine saison c'est la pleine saison, et on ne peut rien changer aux saisons. On pourrait peut-être retarder le voyage de noces jusqu'aux vacances prochaine, suggéra Valentin. Et les vacances alors, objecta Julia, quand est-ce qu'on les prendrait? Et il n'y avait rien à répondre à ça.
Ils finirent par adopter la seule solution possible, la seule et unique, à savoir que le seul Valentin ferait seul le voyage de noces.
Raymond Queneau, Le dimanche de la vie (1952)
Je "over like" !
RépondreSupprimer(ce livre est sûrement l'objet que j'ai offert en cadeau le plus de fois)
D'autres extraits bientôt... Notamment dans ces passages où Valentin tue le temps, seul dans sa boutique.
RépondreSupprimerC'est un peu du fait d'un de tes commentaires que je l'ai relu! Je préfère malgré tout "les fleurs bleues", un peu plus fantaisiste. Dans les 2, on retrouve des personnages entre détachement rêveur et paresse bienheureuse (Cidrolin et Valentin)... avec, pour "le dimanche de la vie", la mobilisation (donc l'Histoire) en toile de fond, qui lui confère une autre tonalité.
Je crois qu'un des moments les plus drôles de ce bouquin, dans mon souvenir (j'ai du le lire 3 fois, mais ça finit par remonter un peu finalement), c'est le passage de l'enterrement à Paris, pedant le voyage de noces de Valentin. Avec une phrase qui, je ne sais pourquoi, me fait sourire chaque fois que j'y repense : je ne m'en souviens plus au mot près, mais à un moemnt, ça fait un truc comme ça "de le reboucher, le trou, les fossoyeurs".
RépondreSupprimerOuais, il l'utilise souvent, Raymond Queneau, cette tournure, dans ce roman. Dès la première phrase en fait:
RépondreSupprimer"Il ne se doutait pas que chaque fois qu'il passait devant sa boutique, elle le regardait, la commerçante, le soldat Brû"