Incessants cauchemars martelés
Répétitifs
Quotidiens
Pas une sieste pas une nuit sans ces mauvais rêves de carcasses
De bêtes mortes
Qui me tombent sur la gueule
Qui m'agressent
Atrocement
Qui prennent le visage de mes proches ou de mes peurs les plus profondes
Cauchemars sans fin sans vie sans nuit
Des réveils en sursaut
Draps inondés de sueur
Presque toutes les nuits
Parfois je hurle
Toutes les nuits je sais que je vais emporter l'abattoir dans mes mauvais rêves
Et pourtant
A pousser mes quartiers de viande de cent kilos chacun
Je ne pense pas être le plus à plaindre
De quoi rêvent-ils
Toutes les siestes
Toutes les nuits
Ceux qui sont aux abats
Et qui
Tous les jours que l'abattoir fait
Voient tomber des têtes de vache de l'étage supérieur
Prennent une tête par une
La calent entre des crocs d'acier sur une machine idoine
Découpent les joues les babines puis jettent les mâchoires et le reste du crâne
Huit heures par jour en tête à tête
De quoi rêvent-ils
Ceux qui sont aux Cuirs
C'est ainsi qu'on appelle ceux qui arrachent les peaux des bêtes juste après qu'elles ont été tuées
Les peaux seront ensuite vendues à des tanneurs ou je ne sais qui
Il paraît que ce poste est éreintant
Que les intérimaires tournent comme ailes de moulin jours de tempête
Tellement c'est dur
Physiquement
Moralement
Arracher des peaux de vache toute la journée
Joseph Ponthus, À la ligne (2019)
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