NORA. Tu ne m'as jamais comprise. - On m'a fait grand tort, Torvald. D'abord papa et puis toi. [...] Quand j'étais chez papa, il m'exposait ses opinions et alors j'avais les mêmes opinions ; et si j'en avais d'autres, je les cachais ; car il n'aurait pas aimé ça. Il m'appelait sa poupée et il jouait avec moi comme je jouais avec mes poupées. Et puis, [...] des mains de papa, je suis passée dans les tiennes. Tu as tout arrangé à ton goût et j'ai fini par avoir le même goût que toi ; ou bien je faisais semblant ; je ne sais plus - c'était selon, je crois ; tantôt l'un, tantôt l'autre. Quand j'y pense, il me semble que j'ai vécu ici comme une pauvresse - au jour le jour. J'ai vécu des pirouettes que je faisais pour toi, Torvald. Mais c'est bien ce que tu voulais. Toi et papa, vous avez grandement pêché contre moi. C'est votre faute si je ne suis bonne à rien.
HELMER. Nora, tu es absurde et ingrate. N'as-tu pas été heureuse, ici?
NORA. Non, je ne l'ai jamais été. Je croyais l'être ; mais je ne l'ai jamais été.
HELMER. En rien - heureuse !
NORA. Non ; seulement gaie.
Henrik Ibsen, Une maison de poupée (1879)
Cela fait de nombreuses années que j'envisage de me pencher sérieusement sur l'oeuvre d'Ibsen. Lire son nom en visitant l'exposition du peintre Hammershøi m'aura donné l'impulsion nécessaire pour franchir le pas. Dramaturge norvégien (1828-1906), sa renommée tient notamment à ses douze dernières pièces, par lesquelles il a inventé le théâtre réaliste.
Pour l'instant, je peux citer "Les revenants", "Hedda Gabler" (dont je ne reproduirai ici pas d'extraits) et "Une maison de poupée", centrée sur Nora, épouse de Torvald Helmer.
La pièce défend la cause de l'émancipation des femmes, chère à Ibsen. Dans ses "Notes pour une tragédie contemporaine", il écrira avec beaucoup de clairvoyance :
La pièce défend la cause de l'émancipation des femmes, chère à Ibsen. Dans ses "Notes pour une tragédie contemporaine", il écrira avec beaucoup de clairvoyance :
« une femme ne peut pas être elle-même dans la société contemporaine, c'est une société d'hommes avec des lois écrites par les hommes, dont les conseillers et les juges évaluent le comportement féminin à partir d'un point de vue masculin ».
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