Quand rien ne sera plus comme avant...
Ce sombre et blême visage fut momentanément illuminé à l'entrée de sa mère et de sa sœur, mais bientôt la lumière s'éteignit et la douleur resta; Zossimov, qui observait son malade avec toute l'ardeur d'un débutant, remarqua avec étonnement que depuis l'entrée des deux femmes, le visage du jeune nomme exprimait non la joie, mais une sorte de stoïcisme résigné. Raskolnikov semblait faire appel à toute son énergie pour supporter, pendant une heure ou deux, une torture qu'il ne pouvait éviter. Chaque mot de la conversation qui suivit paraissait mettre à vif une plaie toujours saignante dans son âme.
[...] Il savait que non seulement il ne parlerait plus à coeur ouvert avec sa mère et sa soeur, mais qu'il ne prononcerait plus un mot spontané devant personne. L'impression causée par cette cruelle pensée fut si violente qu'il en perdit presque la conscience pendant un moment.
Dostoïevski, Crime et Châtiment (1884)
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