Je voulus l’interrompre. « Laissez-moi, laissez-moi, dit-elle ; il faut qu'un jour je vous parle aussi. Voyons ; pourquoi doutez-vous de moi ? Depuis six mois, de pensée, de corps et d'âme, je n'ai appartenu qu'à vous. De quoi osez-vous me soupçonner ? Voulez-vous partir pour la Suisse ? je suis prête, vous le voyez. Est-ce un rival que vous croyez avoir ? envoyez-lui une lettre que je signerai et que vous mettrez à la poste. Que faisons-nous ? où allons-nous ? prenons un parti. Ne sommes-nous pas toujours ensemble ? Eh bien ! pourquoi me quittes-tu ? je ne peux pas être à la fois près et loin de toi. Il faudrait, dis-tu, pouvoir se fier à sa maîtresse ; c'est vrai. Ou l'amour est un bien, ou c'est un mal ; si c'est un bien, il faut croire en lui ; si c’est un mal, il faut s'en guérir. Tout cela, vois-tu, c'est un jeu que nous jouons ; mais notre cœur et notre vie servent d'enjeu, et c'est horrible. Veux-tu mourir ? ce sera plus tôt fait. Qui suis-je donc pour qu’on doute de moi ? »
Alfred de Musset, La Confession d'un Amant du Siècle (1836)
(je ne saurais mieux dire)
Pourquoi la Suisse?
RépondreSupprimerParce que "c’est là qu’éclatent dans toute leur splendeur les trois couleurs les plus chères à Dieu : l’azur du ciel, la verdure des plaines et la blancheur des neiges au sommet des glaciers."
SupprimerHa OK, je confirme, et j'ajoute une quatrième couleur : celle l'argent, peut-être moins avouable religieusement.
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