mardi 29 avril 2014

Ou l'amour est un bien, ou c'est un mal. Si c'est un bien, il faut croire en lui

Je voulus l’interrompre. « Laissez-moi, laissez-moi, dit-elle ; il faut qu'un jour je vous parle aussi. Voyons ; pourquoi doutez-vous de moi ? Depuis six mois, de pensée, de corps et d'âme, je n'ai appartenu qu'à vous. De quoi osez-vous me soupçonner ? Voulez-vous partir pour la Suisse ? je suis prête, vous le voyez. Est-ce un rival que vous croyez avoir ? envoyez-lui une lettre que je signerai et que vous mettrez à la poste. Que faisons-nous ? où allons-nous ? prenons un parti. Ne sommes-nous pas toujours ensemble ? Eh bien ! pourquoi me quittes-tu ? je ne peux pas être à la fois près et loin de toi. Il faudrait, dis-tu, pouvoir se fier à sa maîtresse ; c'est vrai. Ou l'amour est un bien, ou c'est un mal ; si c'est un bien, il faut croire en lui ; si c’est un mal, il faut s'en guérir. Tout cela, vois-tu, c'est un jeu que nous jouons ; mais notre cœur et notre vie servent d'enjeu, et c'est horrible. Veux-tu mourir ? ce sera plus tôt fait. Qui suis-je donc pour qu’on doute de moi ? »

Alfred de Musset, La Confession d'un Amant du Siècle (1836)

(je ne saurais mieux dire)

3 commentaires:

  1. Réponses
    1. Parce que "c’est là qu’éclatent dans toute leur splendeur les trois couleurs les plus chères à Dieu : l’azur du ciel, la verdure des plaines et la blancheur des neiges au sommet des glaciers."

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    2. Ha OK, je confirme, et j'ajoute une quatrième couleur : celle l'argent, peut-être moins avouable religieusement.

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