vendredi 12 juillet 2013

Le cœur trop plein de votre image

Les références littéraires sont fréquentes chez Godard. Et les "livres dans le film", très nombreux. Dans "une femme mariée", Charlotte donne la réplique à son amant comédien, sur des textes de Bérénice, de Racine.
Plusieurs passages sont imbriqués, je reproduis l'un d'eux (déjà fort connu) :




Titius - Bérénice
- N'accablez point, Madame, un prince malheureux.
Il ne faut point ici nous attendrir tous deux.
Un trouble assez cruel m'agite et me dévore,
Sans que des pleurs si chers me déchirent encore.
[...]

- Moi-même, j'ai voulu vous entendre en ce lieu.
Je n'écoute plus rien, et pour jamais, adieu.
Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice.

Jean-Luc Godard, Une femme Mariée (1964)
Jean Racine, Bérénice (1670)

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