Encore un excellent roman de Yasmina Reza, et encore un protagoniste un peu paumé. Ne me restera ensuite qu'à lire les pièces de théâtre de l'autrice... et son livre-enquête sur la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy (!) C'est reparti donc pour quelques extraits caustiques et grinçants sur ce blog
Adam Haberberg a quarante-sept ans. Un âge jeune, pense-t-il, pour voir clignoter les opacités de la mort. Ça avait commencé par un scintillement, ça commence toujours, pense-t-il, par ce genre de choses, un scintillement, un bourdonnement, un picotement, par ces choses à peine sensibles, des clochettes légères. Il avait masqué son œil droit avec sa main et dit à sa femme : je vois trouble. Ça nous manquait, fut son commentaire. Je vois flou de l'œil gauche. C'est une poussière, ça va passer. Elle s'en foutait, elle avait déjà quitté la pièce, elle se foutait de tout ce qui le concernait. Le mot thrombose, articulé avec modestie quelques jours après, n'avait fait que l'irriter. Le mot thrombose avait balayé ce qui pouvait rester dans le cœur d'Irène, d'indulgence ou de compréhension.
Yasmina Reza - Hommes qui ne savent pas être aimés (2003)
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