La tension politique et sociale actuelle, exacerbée par l'adoption au forceps de la réforme des retraites à l'Assemblée Nationale, place à nouveau dans le débat publique la question des "violences policières". En l'absence de chiffres sur les violences "avérées", il est impossible de prouver (et ou quantifier) leur augmentation. Une chose est sûre : le nombre de signalements et enquêtes de l'IGPN a bel et bien augmenté, ainsi bien sûr que la visibilité des abus, filmés puis relayés sur les réseaux sociaux.
Faisons un effort d'empathie : dans le contexte des manifestations récurrentes de gilets jaunes, ou en prévision d'affrontements annoncés avec des manifestants prêts à en découdre (Ste Soline), je peux m'imaginer qu'à être collectivement hué, moqué, caillassé, attaqué sur la seule foi d'un uniforme, un groupe soudé d'individus puisse se sentir menacé, traqué, acculé. Je conçois que le cerveau, dopé à l'adrénaline, bascule en mode "instinct de survie", oublie toute "règle" et voit en tout inconnu un ennemi.
Comprendre n'est pas excuser. On peut bien entendu questionner la stratégie du maintien de l'ordre à la française... mais il doit y avoir plus que ça.
Que disent les violences policières gratuites ou disproportionnées, et le sentiment d'impunité qui les accompagne ? J'aimerais beaucoup que sociologues et psychologues étudient de tels comportements. A l'évidence, le devoir de réserve et la culture du silence de l'institution n'aident pas. On peut tout de même avancer que ces violences traduisent le fait que la protection des individus n'est pas au coeur de l'ADN, a minima, de la direction centrale de la sécurité publique (en charge du maintien de l'ordre public). En voyant la manière dont sont considérés méprisés les immigrés en situation irrégulière et parfois reçues les femmes victimes de violences sexuelles et sexistes, on pourrait sans mal élargir la portée. La comparaison avec les professions de la sécurité civile (pompiers, sauveteurs...) ou de santé est certes biaisée, mais néanmoins éclairante : il y a quelque chose de fondamental à changer dans le recrutement, la formation et le fonctionnement de la police.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire