Nancy déborde d'énergie. Elle m'accuse de me plaindre sans cesse, elle ne comprend pas qu'un homme qui n'a pas un endroit pour geindre ne peut pas être un homme normal. Elle m'accuse de ne jamais l'aider, elle m'accuse, lorsque nous allons quelque part, de m'affaler sur le lit pendant qu'elle défait les bagages, elle ne comprend pas que je suis toujours plus fatigué qu'elle. Elle, même fatiguée, n'a pas de propension à l'horizontalité, moi je suis d'une lignée de vautrés, de renoncés de la ceinture abdominale. Nancy ignore la misère du corps. Et de la même façon, réfute le tragique de la vie.
Yasmina Reza, Heureux les heureux (2013)
Yasmina Reza Reza, une dizaine de pièces de théâtre à son actif, et quatre romans. Parmi ces derniers, trois que j'aurai vraiment apprécié, et "heureux les heureux", au bout duquel je ne suis pas allé. La faute, peut-être, à cet enchevêtrement de personnages et de pensées, dans lequel je n'ai pu déceler de direction claire, impression renforcée par la mise en page de son édition poche (gros caractères, ruptures de paragraphes peu visibles). Je tâcherai d'y revenir. Ce sera en tout l'unique extrait que je citerai, tandis que "Babylone" et "Hommes qui ne savent pas être aimés" auront plus d'échos dans ces colonnes.
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