Il faudrait décidément presque citer intégralement ce livre de Virginie Despente. Je retiens ce prochain extrait, car il résonne avec des débats affrontements d'idées récents, comme par exemple ceux qui suivirent les agressions sexuelles du Nouvel An 2016 en Allemagne. A ma droite, on y vit la preuve de la criminalité consubstantielle à l'immigration. A ma gauche, on se refusa d'instrumentaliser ce fait alors que les agressions sexuelles sont finalement assez uniformément réparties. Le premier camp reprocha au second de rester muet face à de telles mésactions, et le second, au premier, de ne s'intéresser à l'oppression masculine que lorsqu'elle était le fait d'étrangers.
Quand, à la télé, consternés, ils passent en boucle des images de « Happy slapping », un gamin qui met une trempe à une fille qu'il dépasse de deux bonnes têtes et de facile quinze kilos, en se faisant filmer par un pote pour ensuite frimer devant d'autres mecs, on nous montre ça comme pour dire : « Ces musulmans, fils de parents polygames, ils n'ont aucun respect de la femme, on n'en peut plus. » Sauf que c'est exactement ce que vous faites dans un tiers de la littérature masculine blanche. Raconter comment vous profitez de vos statuts de dominants pour abuser de gamines que vous choisissez parmi les plus faibles, raconter comment vous les trompez les baisez les humiliez, pour vous faire admirer par vos potes. Du triomphe à bons frais. [...] Dans un tiers de la production cinématographique blanche contemporaine, regardez ce qu'on leur fait, aux filles. Triomphes de lâches. C'est qu'il faut rassurer les hommes. Ça passe par là.
Virginie Despentes, King Kong Théorie (2006)
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