"Perdrix" m'aura permis de découvrir le Parc naturel régional des Ballons des Vosges sous un jour presqu'attractif... dissipant quelque peu la noirceur qui transparaissait du film de Frank Beauvais "Ne croyez surtout pas que je hurle", reclu lui dans le Parc naturel régional des Vosges du Nord (je présume à Graufthal)
Au moment de la rupture, je me retrouve sans permis de conduire, dans ce bel endroit isolé où les allées et venues de chacun sont observées derrière les rideaux voilés des fenêtres, uniformément bordées de jardinières de géraniums. Le dialect alsacien est omniprésent. Je n'entends que rarement parler français. Un français à la grammaire agonisante, malmené par les germanismes.
La première gare est à trente kilomètre, il n'y a pas de réseau de bus, aucun commerce de proximité, pas même un distributeur de billets à moins de deux heures de marche.
L'exil loin de Paris est subi maintenant donc, ici où la généreuse opulence de la nature parvient à dissimuler, à l'oeil non exercé, la raideur parfois protestante, presque immanquablement droitière de ses habitants.
[...]
J'ai découvert une forme d'ivresse de la solitude qui, peu à peu, s'est transformée en vertige. Vivre seul, c'est tout d'abord le plaisir de vivre à mon rythme. Je dors peu. Je dispose à mon gré de journées de dix-huit heures. En dehors de petites obligations journalières : nourrir les animaux, m'alimenter, maintenir un semblant de fonctionnement domestique, ma retraite m'offre la compensation d'une disponibilité de temps inouïe.
Frank Beauvais, Ne croyez surtout pas que je hurle (2020)
La première fois que je vous ai parlé de ce film, c'était dans mon bilan cinéma 2019. Maintenant que j'ai mis la main sur le texte, je publierai encore d'autres extraits dans les prochains jours.
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