Un passage que j'avais relevé avant le confinement dans le livre de Jean Hegland... et qui me fait aujourd'hui l'effet d'un journal de confinement de Leila Slimani ou Marie Darrieussecq, ou d'un livre de Sylvain Tesson. Je vous le livre malgré tout.
Quel acte de foi et du hasard c'est que d'arracher et de goûter une petite feuille verte. Avec Eva debout à côté de moi et les mises en garde de notre mère bourdonnant dans mon cerveau,
j'avais l'impression de recréer l'histoire de l'humanité quand je
me suis penchée, que j'ai arraché une feuille, ai épousseté une
fine couche de terre de sa surface, et que je l'ai goûtée, en hésitant tellement qu’à mon avis je m'attendais à ce qu'elle me brûle
les lèvres. Mais elle avait une saveur fraîche, délicate, franche.
Aigre et verte, comme la chlorophylle, les pickles, l'air du soir. Légèrement âpre, presque comme de la laitue qui est montée en graine - mais en plus doux, en plus vivant.
Jean Hegland, Dans la forêt (1996)
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