Les raviolis en boîte, c'est comme le pain de supermarché, le jus d'orange en pack ou le brie industriel, on y a tous goûté dans notre enfance, mais après avoir connu le produit d'origine (chez un traiteur italien, un bon boulanger, chez soi ou un fromager), on peine à trouver le moindre lien de parenté gustative entre l'original et sa déclinaison.
Comme sur le sujet des pigeons, c'est encore Pascal Garnier qui en parle le mieux.
Des raviolis mijotent sur le Bleuet posé devant la fenêtre ouverte. Une cloche sonne neuf coups. On dirait qu'elle teste la densité du ciel. Il n'a pas mangé de raviolis en boîte depuis son enfance. Il en mangeait souvent, il adorait ça. À présent, même généreusement saupoudrés de parmesan, il trouve ça dégueulasse, l'impression d'avaler des cuillerées de vomi. Pourtant il finit tout, par devoir envers son enfance, peut-être. Puis il va laver la casserole dans le lavabo de la salle de bains. Lentement le siphon déglutit dans un gargouillement dégoûtant le tourbillon d'eau rougi de sauce tomate. Dans le miroir il s'en découvre aux coins des lèvres. La sauce tomate, c'est comme le sang, on n'arrive jamais à s'en débarrasser complètement, on en oublie toujours une goutte quelque part.
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