Odette avait envie d'apprendre quelque chose mais elle ne savait pas quoi. L'italien, l'ikebana, le yoga, la danse orientale, la cuisine turque, la chirurgie!... N'importe quoi du moment que ce fût quelque chose de nouveau. Tout ce temps, à présent... C'était comme la traversée d'un long dimanche. Le temps lui appartenait, à elle, rien qu'à elle, elle pouvait en faire ce qu'elle voulait. Cependant, cet immense territoire vierge dont on lui faisait cadeau n'était qu'un gros glaçon flottant sur un océan de vide qui fondait davantage chaque jour. C'était un peu angoissant, elle avait peur de gâcher. Elle n'avait pas l'habitude, c'est encombrant la liberté. Toute sa vie elle avait fait où on lui avait dit de faire, pas uniquement par paresse ou par lâcheté, mais parce qu'elle pensait sincèrement que si l'on prenait la SNCF comme exemple pour organiser son existence, on pouvait faire son chemin, au travail comme à la maison. Ce n'était peut-être pas parfait, mais on n'avait encore rien trouvé de mieux. Il y avait le jour du cinéma, le jour de la promenade au mont Valéricn, du dîner chez les... et c'était bien... Enfin, il lui semblait...
Pascal Garnier, Lune captive dans un œil mort (2009)
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