J'ai une petite "wish list" de livres à lire qui tourne sporadiquement dans ma tête, passe et revient... mais il suffit que je me rende à la bibliothèque, pour que toute inspiration s'évanouisse. La page blanche en quelque sorte.
Cette fois, j'avais pris des notes. Je m'étais rappelé ce roman qu'on m'avait offert à l'époque (en 2008?) et que j'avais beaucoup apprécié : "La théorie du Panda" de Pascal Garnier. Je mis donc très rapidement la main sur "Lune captive dans un œil mort" (du même auteur).
Et j'ai à nouveau passé un très bon moment. Il m'a semblé trouver la même loufoquerie que chez Queneau (je pense au Chiendent par exemple), teintée par la noirceur célinienne de certains personnages, parachutés dans un corps, une vie, dont ils n'ont jamais trop su quoi faire.
Le catalogue de documentation échoua mollement sur la table basse en verre fumé dont les pieds en métal doré évoquaient des pattes de lion. Martial croisa les mains sous sa tête et ferma les yeux. Suresnes, où ils avaient vécu pendant plus de vingt ans, lui apparut comme un paradis perdu. Tant d'années à accumuler mille et une petites habitudes avec la pugnacité du Facteur Cheval pour se tisser un cocon de vie douillet, le buraliste, le boulanger, le boucher qu'il appelait tous par leur prénom, le marché du samedi matin, la promenade dominicale au mont Valérien... Et puis, l'âge venant, l'un qui s'en va prendre sa retraite dans l'Indre-et-Loire, l'autre en Bretagne, à Cannes... ou au cimetière. Le quartier avait changé, presque du jour au lendemain, on ne s'était aperçu de rien. La population aussi. Le paisible territoire s'était métamorphosé en une sorte de jardin d'enfants hystériques où ils n'avaient plus leur place.
Pascal Garnier, Lune captive dans un œil mort (2009)
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