Dernier extrait de ce roman de William Boyd, qui se déroule dans le sud profond des l'Amérique, burlesque à souhait, et toile de fond idéale pour un film des frères Coen.
Ils regagnèrent Gage Mansion en silence. Henderson se sentit soudain étrangement calme. Tout avait si mal tourné que, pour la première fois depuis des siècles, il éprouvait une sorte de certitude à l'égard de l'avenir. Quand tout espoir a disparu, la vie n'est plus qu'une question de laisser passer les heures et les jours, raisonna-t-il. Sans plus d'ambitions ni d'aspirations, il ne s'agit que d'une survie banale et résignée. [...] toutes les entreprises et projets divers qui avaient dominé son existence depuis des semaines n'existaient plus. L'avenir s'étirait devant lui, vide et sans intérêt.
Il lui faudrait recommencer, voilà tout, remplir les trois prochaines décennies de nouveaux passe-temps et distractions. Mais il abaisserait le niveau de ses ambitions : pas d'idées grandioses ou prétentieuses à propos de "changement" ou de "découverte de soi". Un retour en Angleterre venait en priorité : des ambitions amoindries seraient mieux à leur place là-bas.
William Boyd, La croix et la bannière (1984)
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