





Celui qui ajoute "ni avec ma grand-mère" est viré.
A propos des rumeurs conjugalo-élyséennes, Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, a déclaré: "La vérité d'hier n'est pas celle d'aujourd'hui". Une phrase étonnante... Mais est-elle absurde?
Bien avant le déficit de la Grèce, le grand sophiste Protogras avait déclaré: "L'homme est la mesure de toute chose." Bien avant l'Union européenne, Blaise Pascal constatait: "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà." Regardons l'histoire des sciences. La vérité géocentrique ("La Terre est au centre de l'Univers") ne vaut plus un clou aujourd'hui. Même Claude allègre sait que la vérité physique d'aujourd'hui n'est pas la vérité d'hier.
Donc Guéant n'a pas tort. Ce qui cloche, c'est qu'il est trop pressé. A cause de son patron, il ne donne pas de temps au temps. La vérité du Polonais Copernic a mis quatorze siècles à détrôner la vérité de Claudius Ptolémée, latino-greco-égyptien (comme Dalida). Mais avec Guéant, la vérité du lundi n'est pas celle du mardi, qui ne présage rien de bon pour celle du mercredi. Peut-être même la vérité sarkozyenne n'est-elle pas la même entre la fin de la matinée et le début de l'après-midi. Mais dire que la vérité définitive n'existe pas, est-ce dire une vérité absolue?
Pour Guéant, la vérité ne vaut guère mieux qu'une rumeur. Ni absolutiste, ni relativiste, c'est un grand rumoriste.
Cidrolin s'attendait à ce qu'on lui proposât une table dans un courant d'air ou près d'une desserte. Il n'en fut rien. C'était une belle et bonne table bien large déjà toute chargée de vaisselle et de couverts. Cidrolin en fut impressionné. En tendant la carte d'une superficie d'environ seize cents centimètre carrés, le maître d'hôtel lui demanda s'il désirait prendre un apéritif. Cidrolin opta pour l'essence de fenouil. [...]
Puis il regarda d'un air autoritaire le nom des différents plats. [...] Lorsque Cidrolin eut décidé de commencer par du caviar frais gros grain, la conversation devint des plus amicales. Elle devint franchement cordiale lorsqu'il envisagea d'affronter ensuite un coulibiac de saumon que suivrait un faisan rôti qu'accompagneraient des truffes du Périgord. A la réflexion, Cidrolin, qui était friand de vol-au-vent financière, estima qu'il pourrait en insérer un entre le coulibiac et le faisan. Après le fromage, il prendrait un soufflé aux douze liqueurs.
Le sommelier apportait l'essence de fenouil [...] ; il repartit avec la mission de ramener un carafon de vodka russe, une bouteille de chablis 1925 et une bouteille de château d'arcins 1955.
- [...] Voilà votre caviar gros grain extra-standigne arrivé cet après-midi même par avion supersonique; avec une vodka bien glacée, vous allez vous régaler.
Cidrolin effectivement se régala.
Comme le restaurant était à peu près désert, le maître d'hôtel de temps à autre revenait voir si tout allait bien. Le coulibiac fut apprécié et le vol-au-vent financière dévoré. En attendant la suite, Cidrolin fit un peu la conversation.[...]
L'arrivée d'un couple de clients imprévus débarrassa Cidrolin de la présence du farceur. Il put achever en paix son gibier et ses ascomycètes, se taper dans le calme quelques tranches de fromages variés, déguster dans la sécurité le soufflé aux douzes liqueurs et s'envoyer en toute quiétude derrière la cravate un verre de chartreuse verte. Il demanda l'addition qu'il paya. Il laissa quelques francs supplémentaires pour ne pas décevoir le maître d'hôtel qui le salua bien bas. Et lorsqu'il fut dans la rue, alors il s'émerveilla.
- Ce n'est pas croyable, dit-il à mi-voix, tout était au poil.
- Pardon? demanda le passant.
Comme il faisait nuit noire, Cidrolin ne put le reconnaître.
- Rien, répondit-il. Je me parlais à moi-même. Une habitude que...
- Je sais, je sais, dit le passant un peu agacé. Je vous ai déjà conseillé d'essayer de la perdre, cette habitude.
- Ce n'est pas tous les jours fête.
- C'est fête pour vous, aujourd'hui? En quel honneur?
- J'ai bien dîné.
- Et alors?
- Cela ne m'était pas arrivé depuis bien longtemps. Ou bien c'était franchement mauvais, ou bien il y avait toujours quelque chose de raté. Là, c'était parfait. Au fur et à mesure que le repas avançait, j'étais pris d'angoisse. Je me disais: Ce n'est pas possible, ça ne peut pas durer comme ça, il y a quelque chose qui va louper. Mais non. Le faisan, succulent. Les fromages, de première bourre. Les truffes, entières et bien brossées. Alors j'ai pensé : Ca va être le soufflé - un soufflé aux douze liqueurs, monsieur, - ça va être le soufflé qui va être manqué. Pas du tout: gonflé comme une montgolfière, onctueux, savoureux. Rien à redire. Même la chartreuse était authentique.
Je t'enverrai l'aube par ricochet
Nous mangerons des clémathytes
Des silences noieront la journée
Tu seras parée d'accalmie
La lumière voilera tes yeux
Et des rafales fendront nos rêves
Je t'enverrai l'aube par ricochet
Nous récolterons des fléaux
La paille brûlera sous nos pieds
Nous rapporterons des pépites
D'un coup le soir s'écartera
Des algues encerclerons nos murs
L'aurore, le paon-du-jour, le flambé, le souci,
Le satyre, la lunaire, le nacré de la ronce
Je t'enverrai l'aube par ricochet
Nous subirons de lourdes pertes
Des pierres glisseront sur les toits
Tu brandiras des floraisons
Tes éclats crierons nos murmures
Et tu diras encore ton nom
A l'endroit où le sol aride est calciné,
Où des nymphes en essaim de fumée s'évanouissent,
Sur le flan du velours de l'aurore irisée,
Je rappelle à la peau mon amour chyroptère
Chaque seconde est un commmencement
Je sens mon corps se déchirer
Eclater dans ses certitudes
J'invoque le sceau des héloises
Le génie de l'antre de l'ombre
Mes doigts velus se racornissent
Mon tronc cotoneux se resserre
Mes fibres pétaradent
Mon coeur bat la chamade
Quand j'apercois au loin ma beauté mécanique
Dans une courbe lente
Ma fleur oracle arrive en cercles concentriques
Je repense à Se Repulen
Et j'ajuste d'un geste les plis de ma voile
J'arrache mes esquilles et soigne mes contours
Et je rejoins l'azur qui nous ouvre sa toile
Aux paillettes céruléennes
J'étreins mon oréade
Et filtre la lumière
Et nous allons des clefs
de la voûte aurifère
pilonner la garde du rêve
gêner la forêt des étoiles
Je t'enverrai l'aube par ricochet
Nous mangerons des clémathytes
Des silences noieront la journée
Tu seras parée d'accalmie
La lumière voilera tes yeux
Et des rafales fendront nos rêves