dimanche 28 juin 2009

Birds, Happiness and Still Not Worried



Le thème de la rubrique Crossed Covers du jour saute aux yeux comme votre neveu dans le petit bain...
"Oui", vos contributions sont toujours les bienvenues, et "non", Oasis, Be Here now, ça n'est pas possible.

L'image choisie pour illustrer ce post est extraite du film "La naissance des Pieuvres"... Elle a été reprise pour en illustrer la B.O., signée Para One :



L'eau bouillonnante, c'est la vie.
Plus calme, elle peut être sérénité, ennui...





...ou Mort, comme pour Black Box Recorder, et Why?



Poursuivons par des visions plus "incarnées".
Evidemment :



Sans oublier, ce fameux single des little rabbits, dont la simple évocation suffit à l'avoir en tête toute une journée.




Dans la piscine de tes parents / qu'est-ce qu'on s'emmerde


Si ça n'était pas suffisant, allez donc voir .
Bonne baignage !




Cinerama, Disco Volante (Scopitones, 2000)
Para One, la naissance des pieuvres [BOF] (Naive, 2007)
Coparck, Birds, Happiness and Still Not Worried (Labels, 2004)
ButterGlory, are you building a temple in heaven?
(Merge, 1996)
Dave, Doux Tam-Tam (Tôt ou Tard, 2004)
Black Box Recorder, Passionoia (One little Indian, 2003)
Why?, Oaklandazulasylum (Anticon, 2003)
Nirvana, Nevermind (Geffen, 1991)
Blur, Leisure (1991, EMI)
the Little Rabbits, la piscine (Rosebud, 1998)
la Piscine, de Jacques Deray (1969)
Swimming Pool de François Ozon (2003)

Edit :
Gus Gus, Polydistorsion (1997)
Chemical Brothers, Further (EMI, 2010)


Et encore:




Good Shoes, no hope, no future (2010)
Guards, Guards EP (autoproduit, 2010)
Tennis, Baltimore (underwater people, 2010)
Anari, Irla Izan (Megaphon, 2009)
Toro Y Moi, Blessa (Carpark, 2009)
Holly Miranda, Sleep on Fire (XL, 2009)
Jeanne Cherhal, l'eau (tôt ou tard, 2006)

samedi 27 juin 2009

Le bruit blanc de l'été

Ca faisait un moment que j'avais cette photo à portée de clic et que j'étais prêt à la publier ici... sauf que je voulais attendre que le résultat soit accessible en ligne. C'est chose faite : la session de Dominique A sur Radio Campus Paris, en son et en images, c'est ici !


Même impression qu'à sa dernière visite (époque Tout sera comme avant), voici quelqu'un qui écrit de très beaux albums, qui ont un retentissement qui dépasse la sphère des médias indé, et pourtant c'est peut-être la personne la plus accessible et se prenant le moins au sérieux que j'ai reçue.

Dominique A sera en concert le 26 novembre au Casino de Paris. Comme il l'annonce dans l'interview (qui suit la session), il ne sera pas seul sur scène, mais accompagné d'un groupe (avec un vrai batteur...). C'est-à-dire qu'il va bien falloir retourner le voir, après ses deux concerts (superfétatoires) du mois de juin en solo à l'Athénée.

lundi 22 juin 2009

une vie nouvelle en perspective

Deuxième post au sujet des Souvenirs de la maison des morts, de Dostoïevski. Un livre à ranger entre le dernier jour d'un condamné de Victor Hugo et Les Bienveillantes de Jonathan Littell. Outre la description des conditions de détentions, on y lit les pensées des prisonniers, et pressent celles des tortionnaires.

Le récit ménage toute de même des moments lumineux...

Comme j'étais arrivé au bagne en hiver, je devais aussi être libéré durant cette saison-là, le jour anniversaire de mon entrée! Avec quelle impatience j'attendis cet hiver-là, avec quelle satisfaction je voyais l'été mourir, les feuilles jaunir sur les arbres, l'herbe se dessécher dans la steppe! Mais enfin voici l'été fini; le vent d'automne gémit, la première neige tournoie... Cet hiver si longtemps attendu est arrivé... L'immense pressentiment de la liberté me faisait battre le coeur à coups sourds, violents. Et, chose étrange, plus le temps passait, plus je devenais patient, plus je me calmais.

[...]


Les fers tombèrent. Je me soulevai... Je voulais les tenir dans mes mains, les regarder une dernière fois. J'étais tout surpris de ne plus les sentir à mes jambes.
- Allons à la grâce de Dieu! à la grâce de Dieu! répétèrent les forçats de leurs voix rudes et saccadées dans lesquelles je croyais percevoir une note joyeuse.
Oui, à la grâce de Dieu ! La liberté ! une vie nouvelle en perspective, la résurrection d'entre les morts!... Quelle ineffable minute !...


Cette résurrection passera aussi par la lecture... Si l'on retourne en arrière, voici ce qu'écrit Dostoïevski - toujours par l'intermédiaire du journal de son personnage - , à propos de ce sevrage, lorsqu'à la toute fin du séjour, il arrive à se procurer un livre.

Depuis des années, je n'en avais pas lu un seul, et il serait difficile de rendre l'impression étrange et l'émotion que me causa le premier volume - un numéro de revue; il me souvient de l'avoir commencé le soir même, après la fermeture des casernes, et continué toute la nuit jusqu'à l'aube. C'était comme un messager d'un autre monde qui se serait envolé jusqu'à moi; ma vie d'autrefois se dressait devant mes yeux dans une nette clarté et je m'appliquais à deviner à travers la lecture si j'étais resté en arrière, s'ils avaient beaucoup vécu là-bas sans moi. De quoi s'émouvait-on? quelles questions devait-on soulever? Je m'attachais aux mots, je lisais entre les lignes, je tâchais de découvrir la pensée secrète, les allusions au passé; je cherchais les traces de ce qui autrefois, de mon temps, troublait et agitait les esprits. Et quelle tristesse m'étreignit lorsque je dus reconnaître jusqu'à quel point je restais étranger à la vie actuelle! J'étais un membre coupé, retranché de la société!


Omsk, le 22 février 1854.
Tout juste rendu à la liberté, et avant d'être incorporé à l'armée russe et de partir pour Semipalatinsk , Dostoïevski écrit une longue lettre à son frère. Il y évoque ses quatre années de détention, ce qui l'attend encore, il n'a de cesse de s'enquérir des nouvelles de ses proches... et demande à ce qu'il lui procure des livres.

J'aime l'idée d'avoir la
wishlist de celui qui n'a pas encore écrit Les frères Karamazov, et qui ne s'est pas encore heurté à la question de l'existence de Dieu.


Si tu peux, envoie-moi les revues de cette années, au moins Les Annales de la Patrie. Mais voici ce qui est indispensable! Il me faut (j'en ai absolument besoin) les historiens antiques (dans une traduction française) et les modernes, des économistes et des Pères de l'Eglise.
[...] et l'histoire de l'Eglise. N'envoie pas tout ensemble, mais commence à envoyer dès maintenant. Je dispose de ta poche comme si elle était mienne, mais c'est parce que j'ignore ta situation matérielle. Dis-moi quelque chose de précis à ce sujet pour que je puisse me rendre compte. Mais sache, frère, que les livres, c'est la vie, ma nourriture, mon avenir. Donc ne m'abandonne pas, au nom du seigneur Dieu.

[...] Envoie-moi le Coran, La Critique de la Raison pure de Kant et si jamais tu peux faire des envois par voie clandestine expédie absolument Hegel, surtout l'Histoire de la Philosophie de Hegel. Tout mon avenir est lié à cela !


dimanche 21 juin 2009

Something for all of us

Top Tape Vol.20, la dernière émission de l'année, est en ligne. Le fil rouge de la sélection musicale est le label canadien Arts and Crafts.

On y entend par exemple Broken Social Scene, the Most Serene Republic, Years, Timber Timbre...
mais aussi Dinosaur Jr, Magnolia Electric Co ou the Skygreen Leopards.

Bonne écoute !

mardi 16 juin 2009

Dots and Loops

Une rubrique Crossed Covers au sens large, aujourd'hui, avec un préalable nécessaire... dans lequel je vais évoquer la maison d'édition anglaise Penguin.

Peut-être avez vous déjà eu entre les mains un de ces livre au logo facilement identifiable? (Un pingouin, donc...)
Fondée en 1936, pionnière du livre de poche à prix réduit, cette maison s'est distinguée par la qualité de ses parutions, ainsi que par l'identité visuelle forte donnée à ses couvertures.

A tel point d'ailleurs que des ouvrages les compilent. Voici quelques exemples :




Ces couvertures restent aujourd'hui des sources d'inspirations (parmi des milliers d'autres, bien sûr) pour graphistes.

Un certain Little Pixel s'est récemment amuser à ré-interpréter des pochettes d'albums... ...façon Penguin.

Ca donne ça :






Galerie complète, ici
http://www.flickr.com/photos/littlepixel/sets/72157594269138651/

Quelques autres couvertures de livres Penguin
http://www.flickr.com/photos/joekral/sets/72157594264351021/


Primal Scream, Screamadelica (Sire, 1991)
Depeche Mode, Violator (Sire, 1990)
the Chemical Brothers, Dig your own hole (Virigin, 1997)
Stereo lab, Dots and Loops (Electra, 1997)


samedi 13 juin 2009

Travaux forcés

Premiers extraits des Souvenirs de la maison des morts ("Carnets de la maison morte", selon une traduction récente). Dostoïevski y restitue à la première personne, via un narrateur fictif, ses souvenirs de bagne, en Sibérie, près de Omsk , où il est resté 4 ans (1850-1854).


Le bagne, les travaux forcés ne relèvent pas le criminel; ils le punissent tout bonnement et garantissent la société contre les attentats qu'il pourrait encore commettre. Le bagne, les travaux les plus pénibles ne développent dans le criminel que la haine, que la soif des plaisirs défendus, qu'une insousiance effroyable. D'autre part, le fameux système cellulaire n'atteint, j'en suis convaincu, qu'un but trompeur, apparent. Il suce la sève vitale de l'individu, l'énerve dans son âme, l'affaiblit, l'effraie, puis il vous présente comme un modèle de redressement, de repentir, une momie moralement désséchée et à demi-folle.

* * *

L'idée m'est venue une fois que si l'on voulait anéantir, écraser, châtier un homme d'une façon assez implacable pour que le pire bandit en tremblât de peur à l'avance, il suffirait de donner à sa besogne un caractère de parfaite absurdité, d'inutilité absolue. Les travaux forcés actuels ont beau ne présenter aucun intérêt pour le détenu, ils ne sont pas pour cela dépourvus de sens [...] Mais qu'on l'emploie par exemple, à transvaser de l'eau d'un tonneau dans un second et du second vers le premier, à triturer du sable, à transporter des tas de terre d'un endroit à un autre pour les remettre ensuite à leur place primitive, je pense qu'au bout de quelques jours, il s'étranglera ou commettra mille méfaits afin de mériter la mort et d'échapper à un tel abaissement, à une telle honte, à un tel tourment. D'ailleurs ce genre de châtiment tournerait plutôt à la torture et à la vengeance, il serait insensé parce qu'il dépasserait le but. Néanmoins tout travail contraint a sa part de torture, d'absurdité, d'humiliation, et c'est la raison qui rend les travaux forcés incomparablement plus pénibles que les autres.

D'une situation similaire, Camus - qui a lu Dostoïevski - arrive néanmoins à une toute autre conclusion, dans Le Mythe de Sisyphe, réflexion sur l'absurde :
(Sisyphe, condamné par les Dieux à rouler sans cesse un rocher au sommet d'une montagne, en bas de laquelle le rocher retourne chaque fois le but atteint)

On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni futile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.

J'aimerais les faire débattre... d'autant que je ne suis pas vraiment raccord avec Camus (si je puis me permettre cette familiarité).

Dostoïevski, Souvenirs de la maison des morts (1960)
Albert Camus, le mythe de Sisyphe (1942)

mercredi 10 juin 2009

Violent Sensation Descends

Top Tape Vol.19 est en ligne. C'est l'avant-dernière émission de la saison ! Au programme, des trucs connus (Phoenix, Animal Collective), des oldies (the Bats), des tubes, et pas mal de nouveautés ou d'"import"...
Rainbow Arabia, future hype pour la rentrée 2009/2010?
on verra...

Et puis il y a un concours Grizzly Bear.

Ah, et aussi, j'ai un fan
(voir son commentaire ici)

dimanche 7 juin 2009

Délivrance

Samedi soir au New Morning,
dans le cadre d'une soirée "Balkans" :
A Hawk and a Hacksaw, groupe d'Albuquerque (Nouveau Mexique). Mandoline / Clarinette, Tuba, Accordéon + percussions, Violon / Violon à cornet, Trompette(s).

[Jeremy Barnes, ex-batteur de Neutral Milk Hotel.
Notez l'ombre du clarinettiste]


[Heather Trost, et son violon à cornet]

a Hawk and a Hacksaw, Délivrance (Leaf, 2009)
www.myspace.com/ahawkandahacksaw

En concert, le 9 juin à Genève (l'Usine),
le 13 juin à Lyon (de l'autre côté du pont)

mercredi 3 juin 2009

il est irrespectueux d'ajouter des moustaches au buste de sa bonne grand-mère

La moustache revient... même si ça fait un petit moment, maintenant. Et puis, il n'est pas dit que la distance entre ceux qui la relancent et ceux pour qui elle n'était jamais partie soit un jour comblée. Donc c'est pas sûr.

Quoiqu'il en soit, elle est le thème de cette nouvelle édition de ma rubrique Crossed covers. Car, à lire l'article 3 du "Manifeste pour la Libération de la Moustache" publié par le Front de Libération de la Moustache :
" La moustache est unisexe.
Nous en avons assez de ces théories machistes refusant l’accès des femmes au port de l’attribut sous prétexte de ridicule, d’habitudes socioculturelles et de raisonnement biologiques douteux."
Aussi tâcherai-je d'illustrer cela. D'abord avec l'album (dispensable) de Elderberries. Il y a eu une campagne de street marketing, cette jeune femme vous est donc peut-être familière.

J'en viens bien sûr à Cocorosie, et à Bianca en particulier, que je vous avais récemment décrite en corset, et qui aime brouiller les frontières entre les sexes.


Ceci nous mène tout droit à Le Tigre...

Et de JD Samson (ici au centre) à Peaches, il n'y a qu'un pas, que je ne franchirai que par lien interposé, pour rester cohérent avec mon sujet.
(et ne pas contrevenir aux critères esthétiques qui régissent ce blog)


Comme je le mentionnais au début de cet article, les amicales de soutien à la moustache existent, et elles ont leurs adeptEs. (ici via le Paris Moustache Club)

Je cite également le Grandiloquent Moustache Poésie Club, un trio poétiquo-comique de slameurs (que j'ai vu sur scène à Pigalle, oui, je sais, c'est dingue), qui a ses adhérentes (aux sens propre et figuré) : des "moustaches poétiques"... à coller un peu partout, donc.



Tâchons tout de même de nous souvenir qu' "il est irrespectueux d'ajouter des moustaches au buste de sa bonne grand-mère".


the Elderberries, Ignorance & Bliss (no sono, 2009)
Cocorosie, the adventures of ghosthorse and stillborn (Touch&Go, 2007)
Le Tigre, This Island (Universal, 2004)

[Edit: j'ajoute les photos de "Où est le swimming pool?" et Laura Marling... et puis l'album de Laurie Anderson]



Laurie Anderson, Homeland (Nonesuch, 2010)

lundi 1 juin 2009

Cette autre chose que je fuis



A chaque nuit, quelque chose d'invisible me poursuit
A chaque nuit, vers la forêt je m'enfuis
Mes médicaments m'empêchent de voir la magie
Mes médicaments m'empêchent de finir ma vie
Non, jamais je n'oublierai mon nom
Les chiens suivent ma trace
Les gens se mettent à ma place
La police à mes trousses
Mon épouse a la frousse
L'hélicoptère survole la forêt
Les gens crient mon nom
Oh non!
C'est autre chose que je fuis
Non, jamais je n'oublierai mon nom
Je ne reviendrai pas
Je suis porté disparu
Ma photo, je l'ai vue
Je suis porté disparu
Vous ne me reverrez plus


Malajube - porté disparu
Labyrinthes (Dare to Care, 2009)
www.myspace.com/malajube