Pete a l'estomac barbouillé, toujours. Il remarque la bouteille de bière qui sert de bougeoir au milieu de la table et il explore la cire fondue, passe le doigt sur les coulures. Il a besoin d'un bon moment pour récupérer chaque fois qu'il sort de l'agence pour l'emploi. Cet endroit lui donne envie de cracher, hurler, de tuer quelqu'un. Il allonge les jambes sous la table, se connecte à Facebook sur son téléphone. Facebook lui raconte des choses sans intérêt sur des gens qu'il ne côtoie plus depuis des années. Il absorbe leurs théories belliqueuses et leur discours de haine politisée. Il repère une photo de son ex à un pique-nique avec son nouveau mec, tout sourires, et se rend compte, en basculant dans une incompréhensible spirale de néant, qu'elle est enceinte, qu'elle porte à l'annulaire une bague de fiançailles. Il y a des likes en rafale. Pete s'inflige chaque commentaire avant de reposer son téléphone.
Kate Tempest, Écoute la ville tomber (2016)
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Kate Tempest, dont je parlais précédemment pour sa musique, et qui écrit également poésies et romans.
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