Retrouvailles mère-fille. Ambiance.
Tu commentais, tu racontais, je ne comprenais rien à ce que tu disais et je n'avais qu'une peur, c'était d'être démasquée et que tu ne découvres ma stupidité sans bornes. Je vivais comme paralysée mais il y avait une chose que je comprenais avec toute la clarté nécessaire : pas un iota de ce qui était vraiment moi ne pouvait être aimé ni même accepté. Tu étais comme une forcenée, j'avais de plus en plus peur, j'existais de moins en moins. Je ne savais plus qui j'étais puisque, à chaque instant, j'avais l'obligation de te plaire. Je n'étais plus qu'une marionnette maladroite dont tu tirais les ficelles. Je disais ce que tu voulais que je dise, je répétais tes gestes, tes mouvements pour recevoir ton satisfecit, il n'y avait pas une minute où j'osais être moi-même, même quand j'étais seule, puisque j'étais en désaccord violent avec tout ce qui était à moi. C'était atroce, maman, et je tremble encore de tout mon être quand je parle de ces années.
Ingmar Bergman, Sonate d'automne (1978)
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