Parlons "rêve" à nouveau.
J'introduisais il y a peu l'ouvrage "Sur le rêve" de Freud, reportez-y vous pour quelques éléments de contexte. Parmi les quatre transformations qu'effectue le travail du rêve, il y a celle qui consiste à former un contenu visualisable. La perte d'informations est alors importante, puisque les liens logiques qui unissaient les pensées sont alors défaits.
On peut dire que le rêve dispose de piètres moyens d'expression si on les compare à ceux de notre langue intellectuelle, mais le rêve n'a pas à renoncer complètement à la reproduction des relations logiques qui lient les pensées du rêve ; au contraire, il réussit très souvent à substituer à ces relations des caractères formels de sa propre texture.
Le rêve se conforme d'abord à l'indéniable corrélation qui existe entre toutes les parties des pensées du rêve en ceci qu'il unit ce matériel à une situation. Il reproduit une corrélation logique en tant que rapprochement dans le temps et l'espace, à la manière du peintre qui réunit tous les poètes dans un tableau du Parnasse : ceux-ci n'ont jamais été ensemble sur le sommet d'une montagne mais ils forment en pensée une communauté. Le rêve poursuit dans le détail ce mode de figuration et, souvent, lorsqu'il montre deux éléments tout près l'un de l'autre dans le contenu du rêve, il cautionne une corrélation particulièrement intime entre ce qui leur correspond dans les pensées du rêve. Il faut d'ailleurs remarquer à ce sujet que tous les rêves produits au cours d'une même nuit révèlent à l'analyse qu'ils proviennent du même cercle de pensée.
La relation causale entre deux pensées est soit laissée sans figuration, soit remplacée par la succession de deux fragments de rêve, de longueur inégale. Cette figuration est souvent renversée, en ce sens que le début du rêve fournit la conséquence, sa fin la prémisse. La transformation directe d'une chose en une autre, dans le rêve, semble figurer la relation de cause à effet.
Freud continue ensuite à établir des parallèles entre liens logiques, et leur figuration dans le rêve. On lira plus loin que : "l'absurdité signifie contraction, sarcasme et dérision dans les pensées du rêves"...
Sigmund Freud, Sur le rêve (1901)
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