lundi 22 avril 2013

2 ou 3 choses en attendant la 'Zombie Apocalypse'

Il y a 8 jours, dans la rubrique "La vidéo du dimanche soir", je vous proposais de regarder Cargo, sorte de condensé de "La Route" (de Cormac McCarthy) avec des zombies.

Un père de famille, mordu (et donc contaminé) par sa femme, tente de sauver sa fille, avant qu'il ne soit à son tour transformé en zombie et ne devienne un danger pour elle. Si l'on peut se satisfaire de l'aspect purement divertissant d'un film de zombies bien ficelé, on peut également être sensible aux thèmes qu'ils abordent, et aux questions qu'ils posent.

Par essence, le zombie questionne la notion d'humanité. Peut-on vraiment dire que l'humanité s'en est allée dans ces corps transformés, dont l'esprit ne semble voué qu'à la simple satisfaction de besoins biologiques ?


Les réalisateurs les plus doués (Romero en tête, naturellement) utilisent leurs films pour questionner notre société. Dans "Night of the living dead", l'homme se révèle finalement plus dangereux pour le héros afro-américain qu'une horde de morts vivants. Dans "Dawn of the Dead", les zombies finissent par converger vers le centre commercial de leur ville, comme leur vie d'avant les y avait habitués.


Depuis peu, les problématiques sont également d'ordre scientifique. Saviez-vous que les zombies souffraient du Consciousness Deficit Hypoactivity Disorder? Un tel trouble est caractérisé par «la perte de tout comportement rationnel remplacé par une agressivité à la fois délirante et impulsive, une attention axée uniquement autour de stimulus, une incapacité à coordonner les fonctions du langage et un appétit insatiable pour la chair humaine.»

Je vous laisse vous reporter à cet article très complet de Slate. On y parle neurologie... On apprend également par exemple que les zombies détectent leur proie grâce à une vision infrarouge (que permet la rhodopsine, pigment protéique photosensible présent dans l'oeil de l'Homme... j'ai vérifié sur Wikipedia, quand même)

J'avoue que ces "zombie studies" me laissent perplexe. Celles qui relèvent de l'épidémiologie paraissent déjà plus intéressantes. Encore faudrait-il qu'on commence par m'expliquer pourquoi une population de zombie croîtrait si vite, alors même qu'ils se nourrissent (goulûment) de chair humaine (a priori sans en laisser une miette). Pour que leurs effectifs se renforcent aussi vite, il faudrait qu'ils ne fassent que mordre (puis retourner à leurs occupations, comme par exemple aller au centre commercial).

Laissons cela. Vous aurez compris que la problématique liée à la caractérisation de l'humanité m'intrigue d'avantage. A vrai dire, elle est encore plus riche en se basant sur l'observation d'autres "créatures" anthropomorphes : les robots.

J'en viens donc à la finalité de cet article : la série Real Humans, diffusée en ce moment sur arte. Alors certes, il est nécessaire de s'accommoder de la VF (j'ai failli abandonner pour cette raison). L'attrait de la série tient au fait qu'on débarque dans un monde où les robots domestiques (conçus à l'image de l'Homme) sont déjà très répandus et perfectionnés. A tel point qu'on ne les distingue que difficilement des "vrais humains", avec lesquels ils peuvent d'ailleurs dialoguer et interagir. 
Signes caractéristiques (tout de même) : un regard et une peau qui manquent de naturel... un port USB dans la nuque.


Hormis les dizaines de répercussions (intéressantes en soi) sur la vie pratiques qu'introduit la série, on est rapidement amené à se poser la question : 
Qu'est-ce qui ferait qu'on puisse considérer l'un de ces "hubots" comme une personne?
(et pas comme l'équivalent d'un aspirateur)

On objectera qu'un robot est une machine (mais la  biologie ne tend-elle pas à montrer que l'homme aussi, d'une certaine manière?), que l'homme a des souvenirs une mémoire et qu'il apprend (le robot aussi), des sentiments (on peut cependant discuter du concept sur le plan philosophique), de la dignité (on a déjà vu des hommes en avoir été privé)


Du coup, là, comme ça, si je devais répondre à la question ci-dessus, peut-être que je dirais :
- être conscient de son existence, et redouter la non-existence
- pouvoir agir/penser "au-delà" de ce que son concepteur aura imaginé



Possible que le deuxième point soit par essence inatteignable.

George Romero, Night of the Living Dead (1968)
George Romero, Dawn of the Dead (1978)
Lars Lundström, Real Humans (2012)
diffusé chaque jeudi sur Arte

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