lundi 4 novembre 2024

An american horror story

Le 1er octobre 2020, je titrais un article "The Election That Could Break America". Trump était alors président, et il était prévisible qu'il conteste les résultats en cas de défaite. Je rappelais par ailleurs "que même vainqueur [en 2016], il [avait] contesté l'avantage d’Hillary Clinton au vote populaire". Plus loin, sans doute nourri de lecture d'analystes politiques, j'écrivais : "Partant de là, tout est possible. Manifestations, violences, émeutes...". Ce qui s'est produit.

Cette fois, il n’est pas président sortant. Mais toujours candidat. Et le scénario catastrophe s'oriente vers des dizaines de contestations locales, doublées de recours juridiques en pagaille, qui pourraient chacun compromettre la désignation d'un vainqueur. 

The first rule is: attack, attack, attack.
Rule two: admit nothing, deny everything.
Rule three: no matter what happens, you claim victory and never admit defeat

Mais que sont ces règles ? Celles apprises à Donald Trump par son mentor (et conseiller juridique de Donald Trump de 1974 à 1986) Roy Cohn, telles que rapportées dans le film "The Apprentice".


Film habile qui nous à aide à comprendre la genèse de l'actuel candidat. Préparons nous à des semaines difficiles et riches en imprévu... et espérons une issue heureuse et pacifique. Loin de cette dystopie, sortie un peu plus tôt au cinéma


Civil War, Alex Garland (2024)
the Apprentice, Ali Abbasi (2024)
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Et pour qui s'intéresse à la genèse de Vladimir Poutine, lire (ou voir au théâtre), Le Mage du Kremlin (Giuliano da Empoli)

dimanche 20 octobre 2024

Lois de la robotique


"Contes et légendes" de Joël Pommerat n'est pas une pièce "sur" les robots, mais "avec" des robots. L'auteur exploite ce contexte futuriste plausible pour interroger l'humanité de ses personnages.

Comme toute histoire un minimum bien écrite faisant intervenir ces créations humanoïdes, elle cependant touche du doigt des sujets assez vertigineux, dès lors qu'on prend le temps de la réflexion.

Qui a étudié Frankenstein de Mary Shelley (1818), se rappellera les idées préalables ayant nourri l'imagination de l'autrice : le golem du folklore juif, le galvanisme... Plus tard, Karel Čapek, un auteur tchèque emploiera le terme "robot" (inventé par son frère) pour la première fois dans la pièce de théâtre "R. U. R. (Rossum's Universal Robots)" (1920).

Elle raconte l'histoire de robots qui se révoltent contre les hommes et les exterminent tous. À la fin de la pièce, après avoir perdu le secret de leur fabrication, deux d'entre eux découvrent l'amour, et le dernier être humain leur remet la responsabilité du monde.

Si les interrogations existentialistes apparaissent dès le premier écrit avec des robots, c'est qu'elles découlent du concept même. On découvre, enfant, les robots sous le prisme technologique, mais leur essence est d'être des créatures fabriquées "de toute pièce".

Puisque le robot peut être un danger (et on pourra se reporter aux discussions actuelles sur l'IA), Isaac Asimov gravera dans le marbre, en 1942, ses trois fameuses lois de la robotique, qui seront reprise par tout auteur ou toute oeuvre postérieur(e).
  • Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ;
  • Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi ;
  • Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi.
Plus proche de nous, on pourra se souvenir de la série "Real Humans" (discutée dans ces colonnes, et référence de Joël Pommerat) et surtout regarder l'excellent animé Pluto (feat. un certain Astro). Y sont soulevés dans une histoire haletante les thèmes du libre-arbitre, des sentiments (amour, tristesse, peur de la mort, haine), de la violence envers la race humaine, les possibilités d'effacement/altération de la mémoire...



Joël Pommerat, Contes et Légendes (2020)
 Toshio KawaguchPluto (2023)
Lars Lundström, Real Humans (2013-2014)