mercredi 1 mai 2024

Une victoire sur les éléments

Le dernier livre de Sophie Fontanel, c'est d'abord un pitch astucieux : "Admirable. L'histoire de la dernière femme ridée sur Terre". Ne pas s'attendre cependant à un roman dystopique, l'autrice a choisi la forme du conte, ce qui lui permet d'adresser son sujet sans s'embarrasser d'un univers fouillé, complexe et cohérent. Je suis donc resté sur ma faim.

Dans ce premier extrait, deux femmes discourent des opérations de chirurgie esthétique destinées à masquer les effets du vieillissement. Notons au passage qu'il est désormais communément admis de la part des féministes qu'il ne faut plus railler les femmes y ayant recours (because le patriarcat)

J'avais dit : "On n'est même pas certaines que cela plaise aux hommes, tous ces visages refaits." La femme avait posé la main sur mon bras : "Vous vous trompez, c'est bien pire que ça. Beaucoup parmi les hommes puissants présents ici préfèrent les femmes refaites aux autres (*), tout simplement parce qu'elles avouent de la sorte que, pour être désirée, pour approcher un phallus, pour un totem, en quelque sorte, elles peuvent aller jusqu'à se scarifier. En plus, tout le monde le voit, leur allégeance est publique. Pour ces hommes, c'est une victoire sur les éléments. La femme objet est leur possession. Et c'est important pour eux, car même les hommes omnipotents, et peut-être surtout eux, ont peur de perdre leur puissance."
— Oui mais là, maintenant...
— Une amie photographe m'interdisait de me moquer de toutes ces femmes refaites. Elle disait que se moquer d'elles, cela revenait à se moquer de quelqu'un qui a un oeil de verre. Et que c'était ne rien voir de la faiblesse, du désarroi, de la naïveté. 

Sophie Fontanel, Admirable (2023)

 (*) ndlr : On peut supposer que les hommes puissants dont il est question ici trouveront encore plus valorisant d'avoir à leur bras une femme bien plus jeune

dimanche 31 mars 2024

They buy your labor

Everyday we earn our meager pay
But it takes its toll to play the happy prole.

They buy your labor, try to steal your soul
Bite the bullet, hold your tongue and play the happy prole.

Paranoid and tired - quit before you're fired.
But they've got you in the hole, so you play happy prole.

You need the money so you got to play it dumb,
but if you play it long enough it's just what you become.

Pay your rent, pay your bills,
pay the doctor for your pills
so you can work another day, as life slips away.

Quasi, the happy prole
Featuring "Birds" (1998)

Une fin de chanson finalement assez proche des propos tenus dans le post précédent ! Comme le chante Sam Coomes, on rappelle qu'en effet, les patrons ne "donnent" pas généreusement du travail, mais ils l' "achètent" afin de générer du profit.