Lire principalement de la littérature contemporaine, dans laquelle les êtres, les choses, le style ne sont pas forcément ni beaux, ni nobles, donne à une oeuvre classique un supplément de charme un brin désuet. Dernier exemple en date, Clarissa de Stefan Zweig, avec la destinée méritoire de cette femme autrichienne, son histoire d'amour toute en pudeur... le tout alors que les cieux s'assombrissent au-dessus de l'Europe, à l'aube de ce qui sera la première guerre mondiale.
Ce dernier aspect n'a évidemment en soi rien de charmant...
ni même de désuet (émoji drapeau ukrainien)
- À quoi sert ce que nous pensons ? Qui sommes-nous ? Les grands de ce monde disposent de nous comme bon leur semble. Il nous faut attendre. Notre vie ne représente pas beaucoup d’énergie, un peu comme cette cendre qui couvre le sol là-bas. Le moindre souffle de vent l’emporte. Il ne nous laisseront pas vivre ensemble. [...] Maintenant, les empereurs télégraphient. J'ai le sentiment qu'il commencent à avoir peur. L'angoisse s'est emparée du monde entier, à présent rien ne peut plus nous aider. Aucune sagesse. Maintenant, les empereurs télégraphient. J’ai le sentiment qu’ils commencent à avoir peur. L’angoisse s’est emparé du monde entier, à présent. Rien ne peut plus nous aider. Aucune sagesse.
- Que devons nous faire ?
- [...] Remémorons-nous une fois encore tout ce que nous avons vécu, Fixons une fois encore tout ce que nous avons vu ici. Il ne nous restera peut-être rien d’autre que le souvenir de cette période.
Stefan Zweig, Clarissa (inachevé, publié en 1992)
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