Il resta assis en compagnie de Gage et de Bryam et s'appliqua à regarder la télévision. En quelques minutes il avait complètement perdu le fil du programme - une histoire d'amour, il présumait - confusément entrelardé toutes les deux minutes d'annonces publicitaires. Plus troublant encore, les mêmes personnes - ou d'étonnants sosies - paraissaient interpréter le tout. Savons en paillettes, shampooing, nourriture pour chien, puis le jeune couple se rencontrait dans un bar, ils paraissaient heureux. Ils étaient rejoints par de jeunes amis heureux... mais ceci se révélait une réclame prolongée pour de la bière. Henderson se demanda éperdument si la jeune femme et le chien avaient aussi fait partie d'une pub. Il essaya de se rappeler le résultat de l'épisode dont il avait été témoin : était-elle heureuse ou triste pendant sa promenade dans les bois avec son ami canin ? Soudain, un gros type assis sur le capot d'une voiture se mit a énumérer de fantastiques garanties. Henderson fut pris de tournis. Il crut réapercevoir les jeunes amoureux mais ils vendaient toujours de la bière. Finalement il vit le générique se dérouler et il comprit que, quoi que cela eût été. c'était terminé. Il espéra qu'ils étaient heureux. Épuisé, il se renfonça sur son siège, le front vaguement douloureux d'avoir tant froncé les sourcils.
William Boyd, La croix et la bannière (1984)
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