Puisque c'était le micro-débat politique du début de semaine (N. Sarkozy : "Madame Le Pen n'est pas à l'extrême droite, elle est à l'extrême gauche" ; M. Le Pen, quelques jours plus tôt déclarait que l’extrême gauche faisait « de bons constats » dans sa dénonciation de la mondialisation, sans aller «au bout de [sa] logique»), autant préciser certains point, comme le fait le Monde daté d'aujourd'hui.
Le FN n'est pas anticapitaliste. Marine Le Pen ne dénonce jamais le capitalisme, mais les dérives de ce dernier. Elle ne veut pas renverser le système, juste le fermer, y mettre des bornes. « Nous ne remettons pas en cause l'économie de marché, ni les bienfaits de la concurrence si elle est loyale », avait ainsi expliqué Mme Le Pen devant la presse lors de la présentation du programme économique du FN, le 9 avril 2011. C'est au capitalisme « sans frontière » qu'il s'agit de s'attaquer, formellement au nom de la « restauration de la souveraineté ».
Le concept de « mondialisation » revisité par le FN a ceci de commode qu'il permet de ne rien céder sur les fondamentaux. Là où la critique de gauche de la mondialisation s'attache à dénoncer un système économique et insiste sur la captation de richesses, le FN axe sur l'identité, en fustige les effets pour mieux réhabiliter les frontières et l'idée de nation-rempart. C'est-à-dire un entre-soi. C'est cela que Marine Le Pen définit comme « les limites » du raisonnement de l'extrême gauche : selon elle, dénoncer la mondialisation doit, ipso facto, aboutir au retour des frontières. Pour elle, critiquer la mondialisation tout en étant internationaliste est un non-sens.
La réappropriation de thèmes forgés dans la gauche alternative est donc au cœur de la stratégie du parti lepéniste. Lequel les repeint aux couleurs de l'enracinement, de l'identité et de la promotion des sociétés fermées, notions étrangères à l'extrême gauche.
Abel Mestre, Quand Marine le Pen braconne à gauche
dans Le Monde du Vendredi 7 Novembre
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