mercredi 29 décembre 2010

le travail et le devenir-adulte

Ca y est, j'ai fini le tome 1 de Spères, de Sloterdijk. Dans la fin de cet ouvrage, il aura beaucoup été question, de l'enfant, depuis la gestation (lors de laquelle l'ouïe est d'une importance constitutive) jusqu'aux premiers mois.

Ici, il est question de la première traduction pratique de la notion de travail dans la vie de l'enfant.
Un enfant pas trop frustré acquiert dans le milieu maternel la croyance protoreligieuse qu'entre son appel et la boisson, il existe une équivalence pragmatique toujours valable. [...] Le devenir-adulte consiste à comprendre que [cette] équivalence entre l'appel et le succès [...] porte en elle la tendance à pâlir avec le temps, pour finir par s'éteindre presque entièrement. Mais que se passe-t-il quand ce qui est appelé ne vient plus? La première magie se dissout peu à peu dans la lutte et le travail, jusqu'à ce que soit atteint le point où le sujet - frôlant la limite de l'amertume - admet que celui qui ne travaille pas ne doit pas manger, et que celui qui ne veut pas renoncer ne peut pas jouir. Le mot travail englobe un état du monde dans lequel il ne suffit plus à personne de se contenter d'appeler ou d'utiliser des formules magiques pour trouver la satisfaction. Là où le travail est arrivé à l'horizon, l'expérience du fait qu'appeler sert à quelque chose ne peut être défendue que par des moyens religieux ou esthétiques. Et la croyance dans le fait que le bonheur appelé viendra dans un délai adéquat ne survit que parce qu'on ne précise pas qui, en dernière instance, doit être considéré comme celui qui donne le pain quotidien. La religion survit comme souvenir d'une époque où appeler servait encore à quelque chose.

Peter Sloterdijk, Sphères (1998)

Ce sera le dernier extrait que je vous citerai, en réalité, il y a vraiment plein plein d'idées intéressantes dans ce livre, mais elles nécessitent "maturation". Peut-être donc, y reviendrai-je d'ici quelques mois. Ou pas.
Note to Self : relire chapitres VI et VII

lundi 27 décembre 2010

Totalement, tendrement, tragiquement


- Donc, tu m'aimes totalement
- Oui. Je t'aime totalement, tendrement, tragiquement.







J'ai remarqué que plus on est envahi par le doute, plus on s'attache à une fausse lucidité d'esprit, avec l'espoir d'éclaircir par le raisonnement ce que le sentiment a rendu trouble et obscur.

Jean-Luc Godard, Le Mépris (1964)

dimanche 26 décembre 2010

Il ne faut pas confondre

Clap your Hands, Say Yeah!
(facile)

...the Hundred in the Hands
[from NYC, sur Warp, un peu genre "Blondie, le retour"]



the Bewitched Hands (on the top of our Heads)
[les rémois, vainqueur d'un cqfd]



et
the phenomenal handclap band [NYC]

[thème suggéré par bEN de Genève]

vendredi 24 décembre 2010

It's Christmas time again

Faithful friends
It's Christmas time again
and the close of yet one more year

We've searched so long
For shelter and for calm
Just to find it's always been here



Je vous avais promis de l'esprit de Noël, en voici. Ces paroles ouvrent le morceau "Festive Friends (forerver)", extrait de l'album de Noël des Parenthetical Girls. Plus ça va, plus je me dis qu'il faut que je ré-évalue la discographie de ce groupe de Portland.

En témoigne "Flowers for Albion"
(je vous mets directement la meilleure chanson de l'album)



Parenthetical Girls, Christmas (2010)
http://parentheticalgirls.bandcamp.com/

jeudi 23 décembre 2010

Je suis d'ailleurs

Il est toujours amusant de constater dans un laps de temps assez réduit des résonnances entre des choses différentes qu'on peut lire ou voir. Ainsi, Peter Sloterdijk consacre un des ces chapitres à Ulysse, et l'Odyssée est le thème du film que tourne Fritz Lang dans "Le Mépris" de Godard (il s'agit d'un film dans le film, pour ceux qui ne l'ont pas vu).

Peter Sloterdijk évoque le mythe de Narcisse (mort d'avoir passé trop de temps à contempler son image réfléchie dans l'eau, et de désespérer ne jamais pouvoir l'attraper)... et Lovecraft, dans l'un de ses contes, décrit la réaction d'un être découvrant pour la première fois son image.

Bon, la réaction n'est pas exactement la même : Le conte s'appelle "Je suis d'ailleurs". En une poignée de pages, on suit un personnage, ayant semble-t-il passé de longues années reclu, seul dans un château toujours sombre. Les souvenirs de ses premières années lui manquent. Il n'a pas souvenir d'avoir jamais entendu voix humaine, et n'a eu de contact avec le monde extérieur que par des livres.
Nous nous interrogions précédemment sur ce que pouvait être une existence sans miroir, et donc sans connaître son visage...


"Mon aspect physique, je n'y pensais jamais non plus, car il n'y avait pas de miroirs dans ce château, et je me considérais moi-même, automatiquement, semblable à ces êtres jeunes que je voyais dessinés et peints dans les livres. Et je me croyais jeune parce que j'avais peu de souvenirs".

Un jour, il parvient à s'échapper, et atteint péniblement une taverne... Aussitôt, des cris.

M'approchant de cette arche, je perçus plus nettement cette présence, et finalement tandis que je poussais mon premier et dernier cri - une ululation spectrale qui me crispa presque autant que la chose horrible qui me la fit pousser - j'aperçus, en pied, effrayant, vivant, l'inconcevable, l'indescriptible, l'innommable monstruosité qui, par sa simple apparition, avait pu transformer une compagnie heureuse en une troupe craintive et terrorisée.
Je ne peux même pas donner l'ombre d'une idée de ce à quoi ressemblait cette chose, car elle était une combinaison horrible de tout ce qui est douteux, inquiétant, importun, anormal et détestable sur cette terre. C'était le reflet vampirique de la pourriture, des temps disparus et de la désolation dont la terre pitoyable aurait dû pour toujours masquer l'apparence nue. Dieu sait que cette chose n'était pas de ce monde - ou n'était plus de ce monde - et pourtant au sein de mon effroi, je pus reconnaître dans une matière rongée, rognée, où transparaissaient des os, comme un grotesque et ricanant travesti de la forme humaine. Il y avait dans cet appareil pourrissant et décomposé, une sorte de qualité innommable qui me glaça encore plus.

H.P. Lovecraft, Je suis d'ailleurs (1921)

Ce que je n'ai pas pu restituer, ici, et qui est très bien rendu dans le conte, c'est qu'en réalité, le narrateur ne réalise pas que c'est sa propre image qu'il aperçoit.
Quoiqu'il en soit, j'aime l'art de Lovecraft de décrire des choses indescriptibles.


N'en cauchemardez pas quand même, je tâcherai d'être plus esprit de Noël demain
^_^

mercredi 22 décembre 2010

Réflexion(s)


Maintenant qu'on s'est bien détendus au travers des récents articles, je reviens à l'essai de Peter Sloterdijk que je suis en train de lire. J'insiste surtout dans ce blog sur son étude de la notion de visage (parce que c'est facile)

Vous êtes vous déjà demandé ce que serait un monde sans miroir (comprendre: sans possibilité de connaître son visage)?
Quel incidence sur le rapport au Moi cela pourrait-il bien avoir?
Avez-vous déjà songé que votre visage, qui vous appartient, quand même, bon sang de bois, ne fait pas parti de votre perception et donc de vos souvenirs de telle ou telle expérience, alors qu'il est omniprésent dans ceux de la personne qui vous accompagne?

Pour toute l'histoire de la visagéité humaine, on peut affirmer que les hommes n'ont pas leur visage pour eux-mêmes, mais pour les autres. Le mot grec pour désigner visage humain, prosopon, est celui qui exprime le plus clairement cet état de fait : il désigne ce que l'on apporte à la vision des autres; un visage ne se présente d'abord qu'au regard de l'autre; mais en tant que visage humain, il a simultanément la capacité de rencontrer ce qui est vu par sa propre vision en retour - et celui-ci, bien sûr, dans un premier temps, ne se voit pas soi-même, mais voit exclusivement, pour sa part, le visage de son vis-à-vis. L'imbrication réciproque de la vue et de la contrevue est donc totalement ancrée dans le visage, mais on n'y trouve rien qui indique une tournure autoréflexive. Si l'on fait abstraction des reflets précaires sur la surface de l'eau immobile, qui ont toujours été possibles, la rencontre des visages humains par eux-mêmes, à travers les images dans le miroir, constitue un ajout très tardif à la réalité interfaciale primaire. Ce serait cependant exiger l'inconcevable des hommes du XXème siècle, qui ont tapissé leurs appartements de miroirs, que de leur demander de prendre conscience de ce que signifie le fait que, jusqu"à une période récente, la quasi-totalité de l'espèce humaine était composée d'individus qui, de toute leur vie, n'ont jamais pu voir leur visage, sauf dans des situations d'exception, caractérisées par une extrème rareté. [...] Seule une culture saturée de miroirs a permis que s'impose l'apparence selon laquelle le regard dans son propre reflet réalise, chez tout individu, une situation originelle de rapport à soi-même. Et c'est seulement au sein d'une population que l'on définissait, dans toutes ses classes, comme une population de détenteurs de miroirs, que Freud et ses successeurs ont pu populariser leur pseudo-évidence sur ce que l'on a appelé le narcissisme et sur un auto-érotisme primaire de l'être humain, censé être transmis sous une forme optique. Le théorème tragiquement hybride de Lacan sur le stade du miroir comme formateur de la fonction du Moi ne peut pas, lui non plus, surmonter sa dépendance à l'égard de l'équipement cosmétique ou égo-technique du foyer au XIXè siècle - au grand dommage de ceux qui se sont laissés aveugler par ce mirage psychologique.

Peter Sloterdijk, Sphères (1998)
Narcisse, Le Caravage (1599)


mardi 21 décembre 2010

Bande à part

Cette fois, c'est le moment d'ouvrir une seconde parenthèse, et de décrire les sentiments des personnages :


Arthur regarde sans arrêt ses pieds. Mais il pense à la bouche d'Odile, à ses baisers romantiques. Odile se demande si les deux garçons ont remarqué ses deux seins qui remuent à chaque pas sous son chandail. Franz pense à tout et à rien. Il ne sait pas si c'est le monde qui est en train de devenir rêve, ou le rêve, monde.

Bande à part, Jean-Luc Godard (1964)

dimanche 19 décembre 2010

I am here for you

Maria: Can you stop watching TV for a moment?
Matthew: No.
Maria: Why?
Matthew: Because. I had a bad day at work. I had to subvert my principles and kow-tow to an idiot. Television makes these daily sacrifices possible. Deadens the inner core of my being.

Après vous avoir parlé d'NRJ12 (!) la semaine passée, un petit film d'1min40 sur le sujet de la télévision :
(réalisation Beth Fulton, d'après un poème de Todd Alcott)



Le dialogue d'ouverture de cet article est extrait du film Trust Me (1991) de Hal Hartley, samplé dans un morceau de Purr (c'est pour ça qu'il m'est revenu en mémoire)

vendredi 17 décembre 2010

Je ne sais plus parler


Je vais au silence,
Comme on retourne à l'enfance
Et je vais à l'enfance
Comme on retourne au silence

On me parlait
Et je n'écoutais pas
Les mots fuyaient
Très loin de moi

Je n'entendais
qu'un drôle de bruit
Qui menacait
de trouver la nuit

Je vais au silence
Comme on quitte la danse
Le corps fatigué
La bouche ankylosé

Je vais au silence
Je n'ai plus la patience
D'affronter la parole
Cette chose un peu folle

Je ne sais plus parler
Je ne sais que regarder
Le flot des adieux
Couler dans mes yeux

Adieu

Bertrand Betsch - Je vais au silence
Je vais au silence (3h50)
bertrandbetsch.bandcamp.com


jeudi 16 décembre 2010

(s)hit music only

Je ne sais pas ce qui m'hérisse le plus chez mon dentiste (par ailleurs candidat au titre de "best dentiste ever"):

Si c'est le bruit de la roulette (la petite, celle qui tourne vite)
...
ou bien celui d'NRJ12 qui déverse ses clips dans la salle d'attente comme au dessus du siège dans le cabinet.

...
En fait, si, je sais.


[L'esthétique d'NRJ12: des femmes "très distinguées"]

mardi 14 décembre 2010

2010, Un palmarès

En attendant le prochain volume de Top Tape qui se chargera de compiler les meilleurs moments de l'année 2010, je publie dores-et-déjà mon palmarès de fin d'année.

Si j'anticipe, c'est que je ne tiens pas à suivre le flot de top albums officiels qui va déferler ces deux prochaines semaines.

Je liste donc ici une sélection d'albums, de chansons et de concerts marquants, avant de citer quelques espoirs pour 2011.

N'hésitez pas à faire part de votre top personnel en commentaire!
les Albums
Avi buffalo
- s/t (Sub Pop)
Sufjan stevens - the Age of Adz (Asthmatic Kitty)
Stanley Brinks - Hoots (B.Y.)
Sun Airway - Nocturne Of Exploded Crystal Chandelier (Dead Oceans)
Kanye west - My beautiful dark twisted fantasy (Roc-A-Fella)
Bertrand Betsch - Je vais au silence (autoproduit)
Mount Kimbie - Crooks & Lovers (Hotflush)
Gonjasufi - a sufi and a killer (Warp)
Pantha du Prince - Black Noise (Rough Trade)
Three Mile Pilot - The Inevitable Past Is The Future Forgotten (Temporary Residence)

Mais aussi (par ordre alphabétique)
a Weather - Everyday Balloons (Team Love)
Aloe Blacc - Good Things (Stones Throw)
Antitainment - Ich Kannte Die,Da Waren Die Noch Real! (Zeitstrafe)
Apparat - DJ Kicks (K7)
Black Keys (the) - Brothers (NoneSuch)
David Karsten Daniels & Fight the Big Bull - I Mean to Live Here Still (Fat Cat)
French cowboy - (isn't my bedroom) a masterpiece (havalina)
General Bye Bye - Girouette LP (Greed)
Iris & arm - Les courants forts (LZO)
Jaill – That’s How We Burn (Sub Pop)
Joanna Newsom - Have one no me (Drag City)
Karaocake – Rows and Stiches (Clapping Music)
Max Richter – Infra (Fat Cat)
Midlake - The Courage Of The Others (Bella Union)
Pit Er Pat - The Flexible Entertainer (thrill jockey)
Ratatat - LP4 (XL)
Sage Francis - Li(f)e (Anti)
Third Eye Foundation - the Dark (Ici d'ailleurs...)
Titus Andronicus - The Monitor (Merok)

les Singles / EPs (en plus des albums sus cités)
Annuals - Loxstep ; Archie Bronson Outfit - Shark’s Tooth ; Caribou - Jamelia ; CEO – White Magic ; Darwin Deez - Up in the clouds ; Discodeine (feat. Jarvis Cocker) - Synchronize ; Dom - Living In America ; the European - the settler ; Florent Marchet - Courchevel ; Foals - Spanish Sahara ; Gayngs - Faded High ; Hot Chip - I feel better ; Levy - precious age of thirteen ; Parenthetical Girls – Young Throats ; Quasi - Death is not the End ; Still Corners - Endless Summer ; Sufjan Stevens - All Delighted People EP ; Suuns - Arena ; Tame Impala - Alter Ego ; Troy Von Balthazar - Happiness and Joy ; Uffie - MC's Can Kiss ; Wolf People - Tiny Circle

les Concerts (par ordre antichronologique)
31/10 Mice Parade @ Café de la Danse
26/9 Sage Francis @ La Machine
10/7 Dominique A @ Plage du GlazArt
5/7 RIEN @ Espace B
26/6 Stanley Brinks @ Point FMR
12/6 Angil @ Café de la Danse
7/6 Scout Niblett @ Point FMR
23/5 Konono n°1 @ Centre Fleury Goutte d'Or
21/5 Born Ruffians @ Point FMR
14/5 Go!Team @ Marché Gare / Lyon (photo)
12/2 General Bye Bye + Pilöt + Klub des 7 @ Point FMR

Espoirs / Attentes 2011
Braids, Cloud Nothings, Games, Hold Your Horses!, the Luyas, Pulp live @ London, Still Corners, Thee Stranded Horse, ...

C'est tout pour cette année! Bien sûr, tout ceci s'écoute plus que ne se lit (c'est français, cette phrase?), aussi, rendez-vous Dimanche 19 décembre sur Radio Campus Paris pour la dernière émission de l'année !

J'en profite enfin pour rappeler que ce top 2010, comme les précédents, est répertorié dans la page Hit Parade de ce blog.
(cf. onglets de navigation)


PS:
Meilleur Film
Mother (Joon-ho Bong)

dimanche 12 décembre 2010

la réforme sociale la plus utile jamais accomplie - Brune / Blonde (Part.2)



Le calendrier me fait établir le parallèle entre ces quelques articles et l'exposition Brune Blonde en ce moment et jusqu'au 16 janvier à la Cinémathèque.
J'exhume ici d'un carnet de notes écrits par le passé un passage de La Valse aux Adieux, de Kundera.
S'en suit une tirade sur les "blondes".

Les cheveux blonds et les cheveux noirs, ce sont les deux pôles de la nature humaine. Les cheveux noirs signifient la virilité, le courage, la franchise, l'action, tandis que les cheveux blonds symbolisent la féminité, la tendresse, l'impuissance et la passivité. Donc une blonde est en réalité doublement femme. Une princesse ne peut être que blonde. C'est aussi pour cette raison que les femmes, pour être aussi féminine que possibles, se teignent en jaune et jamais en noir. […] Une blonde s'adapte inconsciemment à ses cheveux. Surtout si cette blonde est une brune qui se fait teindre en jaune. Elle veut être fidèle à sa couleur et se comporte comme un être fragile, une poupée frivole, une créature exclusivement préoccuppée de son apparence, et cette créature exige de la tendresse et des services, de la galanterie et une pension alimentaire, elle est incapable de rien faire par elle-même, elle est toute délicatesse dehors et au dedans toute grossièrté. Si les cheveux noirs devenaient une mode universelle, on vivrait nettement mieux en ce monde. Ce serait la réforme sociale la plus utile que l'on ait jamais accomplie.

Milan Kundera, la valse aux adieux (1970)

J'avais trouvé curieux de lire de tels mots résonnant avec les clichés aujourd'hui véhiculés, et pourtant écrits en 1970.
Je ne me souviens plus du contexte de ce passage, ni de qui le prononce.
J'avertis mes lectrices et lecteurs que le reproduire ici ne signifie pas souscrire à ces idées un brin mysogines (tout est dans le "doublement femme").


Illustration tirée de :
Mulholland Drive, David Lynch (2001)

Brune / Blonde (part.1) - Répulsion



Très peu de dialogues dans ce film de Polanski (vu la semaine dernière, après Rosemary's Baby)... Je ne peux donc vous en rapporter et me contente de cette image (animée) de Carole, dégottée sur ce tumblr magique.

Oh, et puis, allez, une image de plus :



Répulsion, Roman Polanski (1965)

vendredi 10 décembre 2010

Welcome to the World

La cinquième mixtape de la saison est disponible! Comme cela arrive régulièrement, elle est hip-hop à 100%... ou presque, puisqu'il y a tout de même quelques incursions pop.

Trois albums de Iris & Arm sont à gagner.
Ca tombe bien, il est excellent.

Voilou!

Playlist, player externalisable, et inscription au podcast, ici :
http://www.radiocampusparis.org/rock_and_pop/toptape/top-tape-vol-5-s3-welcome-to-the-world/

mercredi 8 décembre 2010

le Moi de la photo (Part.3)

Mois de la photo OFF suite, avec Chiara Dazi qui exposait le mois dernier à la Fondation de l'Allemagne à Paris.


© Chiara Dazi

Je m'empresse de rapprocher ce cliché d'une série de pochettes qui était dans mes cartons depuis un moment :

En plus de l'album de Deadly Syndrome, j'ajoute un visuel glané sur leur site, ainsi que la pochette de l'album de Karaocake, déjà mentionné ici.


Je termine par une image extraite du clip d'Efterklang, I play drums :



the Deadly Syndrome, Nolens Volens (Dim Mak, 2010)
Karaocake, Rows and Stitches (Clapping Music, 2010)
Efterklang, Magic Chairs (Beggars Banquet, 2010)

Karaocake se produira ce soir à la flèche d'or, aux côtés de Marnie Stern.

une promesse intime de résonance

Trèves de geekerie, je reprends mon essai de Peter Sloterdijk un peu plus loin que là où je l'avais laissé. La bonne nouvelle, c'est que j'ai dépassé la (longue) introduction.

L'auteur s'attache maintenant à "penser l'espace intérieur", et après avoir abordé le coeur (c'est vrai, ça, d'où vient qu'il soit encore le symbole majeur et central de notre humanité?), il disserte dans un deuxième chapitre du Visage.

A partir de quand, dans l'histoire de l'Homme peut-on parler de Visage? On y parle Beauté (telle que l'a décrite / expliquée Platon - p156/157), premiers exemples de communication interfaciale (entre mère et enfant - p185), apparition des visages dans l'Art (car vous aurez noté que les hommes préhistoriques ne les représentaient pas), ce qui nous amène à la religion.

S'en suit ici une analyse comparative très intéressante des visages de Jesus (souffrant) et Bouddha (souriant), que je vous livre ici en partie.



Pour ce qui concerne l'univers de l'Asie orientale à l'époque des civilisations hautement avancées, on ne saurait surestimer l'importance des représentations de Bouddha pour la constitution d'icônes directrices. Tout comme, dans le cercle culturel chrétien, les crucifix et les icônes de la transfiguration ont imprimé leur forme, au fil de longs processus de modélisation sur les visages et les visions des Européens, les mondes indien, indochinois, chinois et japonais ont eux aussi reçu une profonde impulsion de protraction de la plastique faciale à travers les portraits du "Pleinement éveillé". Au fil d'un processus de modelage physionomique qui s'est étalé sur au moins soixante générations, le Bouddha représenté en méditation a entraîné dans son sillage les visages des moines et des méditatifs de tout état ; son icône nirvanique a gravé sur tout un cercle culturel le message de la dignité de la posture assise, en méditation, les yeux fermés. Cette position représente la forme la plus sublime qu'ait prise le paradoxe ontologique de l'ouverture au monde en l'absence du monde. [...] Bien qu'il soit constamment représenté comme un visage silencieux, il contient, pour chaque observateur, une promesse intime de résonance parce que, dans son calme vivant et alerte, il montre le visage de la compassion et de la joie partagée. Sa concentration communique une forme démultipliée de la joie [...] Contrairement au visage du Christ, qui se donne pour objectif ou bien la souffrance finale, ou bien la représentation de la transcendance, le visage de bouddha montre le pur potentiel d'une possibilité absolumment immanente d'être touché par ce qui se passe devant lui.

Peter Sloterdijk, Sphères (1998)

lundi 6 décembre 2010

Adieu Facebook

J'hésite toujours à poster des vidéos sur ce blog lorsqu'elles sont hébergées sur youtube / dailymotion ou mieux viméo, étant donné leur côté périssable. Le contenu va, vient et disparaît (souvent pour des motifs de droits d'auteurs, ce qui est donc totalement justifié, sauf que ca m'arrange pas).

Précédemment, sur Arise Therefore, vous aviez pu visionner deux courts métrages, Skhizein de Jérémy Clapin et L’Emploi, de Santiago Bou Grasso, tous deux un peu tristes, le premier filant de jolie manière une métaphore illustrant la dépression de quelqu'un "à côté de ses pompes" (au sens propre), le second imaginant un monde où l'objectif du plein emploi aurait poussé à son paroxysme le développement de petits boulots, réservant aux moins bien lotis la fonction d'objets.

Après avoir visionné cet autre court-métrage, je me décide à récidiver : le regard est là encore un tantinet désabusé : il se porte cette fois sur facebook... et illustre finalement assez bien pourquoi je n'y suis pas présent!

Can I be facebookfriends with my parents?
Should I add someone i don't really know?
Will other people think my status update's funny?

I try to answer these and other existential questions in the short documentary "Farewell Facebook". Maybe you will find these questions quite familiar. Please watch the film and make up your own mind about facebook.



Farewell Facebook (Short film about Digital Suicide), Joep van Osch

Short film made for and copyrighted by the Dutch Film and Television Academy (Nederlandse Film en Televisie Academie)

dimanche 5 décembre 2010

Try Again


Stacey Pilgrim: I mean, did you really see a future with this girl?
Scott Pilgrim: Like... with jetpacks?


Ca y est, je suis allé voir Scott Pilgrim!
Le film est sorti en Août aux Etats-Unis et seulement maintenant en France...
...et seulement dans quatre salles à Paris. Moi qui me voyais déjà (enfin) pouvoir citer un film "mainstream" à la collègue lyonnaise avec laquelle on se dit ce qu'on est allés voir au cinéma, c'est rapé. En même temps, en deux ans, on n'a pas dû voir un seul film en commun.

Même pas Very Bad Cops (que j'ai beaucoup aimé, soit dit en passant).

Si l'humour, l'action ou la musique de ce film "trop lol" me paraissait pouvoir toucher le plus grand nombre, je suis pour autant bien conscient que les références ne concernent qu'une cible restreinte: Scott Pilgrim est l'adaptation cinématographique d'une BD d'un auteur trentenaire canadien (Bryan Lee O'Malley), qui a baigné dans l'indie rock et les jeux vidéos (des années 1990).


Moi qui suis sensible aux guitares américianes des nineties, que la chip tune (cf Top Tape Vol.3) ou le moindre pixel art émeut, et qui éprouve de l'affection pour le retro-gaming, ça m'a évidemment plu.

Scott Pilgrim (on stage): We are Sex Bob-Omb and we are here to make you think about death and get sad and stuff.

Scott Pilgrim vs. the World, Edgar Wright (2010)

vendredi 3 décembre 2010

La promesse des fleurs (part. 2)


Entre November 2007 to October 2008, Kristen Hersh a mis en ligne sur son site des démos de ce qui allait devenir son album Crooked (pochette).

Kristin Hersh, pour re-situer, ex-Throwing Muses, groupe qu'elle avait fondée avec sa demi soeur Tanya Donelli, elle-même partie pour les Breeders aux cotés de Kim Deal (des Pixies, donc).

Les douze chansons sont encore téléchargeable sur son site, ici. Chacune était accompagnéé d'un visuel, qui me permet de compléter l'article Crossed Covers intitulé La promesse des Fleurs publié un peu plus tôt.




Lors d'un bref passage à Brest, j'avais également pris des photos dans cet esprit... en (non-)lumière naturelle, par contre.

jeudi 2 décembre 2010

La vie, ce mystère jamais résolu


Au fond, la seule chose intéressante, c'est le chemin que prennent les êtres. Le tragique, c'est qu'une fois qu'on sait où ils vont, qui ils sont, tout reste encore mystérieux. Et la vie, c'est ce mystère jamais résolu.

Pierrot le fou
, Jean-Luc Godard (1965)

lundi 29 novembre 2010

le Moi de la photo (Part.2)

La semaine de la photo se poursuit, avec le travail de Jean-Bastien Lagrange, à rapprocher d'un article passé, celui qui commençait en parlant de Pierre Huygues... et s'achevait par l'homme cheval aperçu dans les rues d'Aberdeen par la caméra de Google Streetview.



© Jean-Bastien Lagrange

"Ce masque de cheval me plait.

Porté, il fait naître un personnage étonnant, Horse, sorte de centaure inversé ou minotaure équin, qui est mon trait d’union entre tous ces lieux chargés de vibrations particulières […]

Horse est dépourvu d’expression ou plus exactement n'en possède qu'une seule, toujours la même, relativement neutre. Sa tête sans état agit comme un écran vierge où se projettent nos propres émotions, celles, particulières, du photographe et du spectateur suscitées et inspirées par le lieu de la prise de vue."

Si Jean-Bastien Lagrange a cherché à retrouver la trace du horse boy d'Aberdeen, l'histoire ne dit pas s'il a eu le temps de rencontrer Mark Linkus (aka Sparklehorse, photo suivante).



La série complète est consultable ici:
http://www.jeanbastienlagrange.com/fr/travaux.html

dimanche 28 novembre 2010

le Moi de la photo (Part.1)

Le mois de la photo s'achève, avec lui, la quasi-totalité des expositions dans les galeries participant au off. Dans cette série d'articles, je présenterai des photos faisant écho à des motifs déjà rencontrés dans ces colonnes.

Aussi, la série de photos de Christophe Beauregard appelée Devis in Disguise entre-t-elle en résonance avec les crossed covers suivantes.

En guise d'illustration, je reprends la couverture de l'album de Wolf Parade.

© Christophe Beauregard


© Christophe Beauregard

"Avec cette série, Christophe Beauregard tente de montrer comment les imaginaires de nos rejetons sont formatés par l’industrie des biens culturels. Portrait d’une jeunesse plurielle. "

La série complète est consultable ici:
http://www.christophe-beauregard.com/series.php#