vendredi 24 mai 2013

Always green, Ever-living

J'ai revu la semaine dernière Vertigo / Sueurs Froides. Avec d'autant plus de plaisir que j'avais oublié une bonne partie de l'intrigue ; ne me restait que le souvenir de quelques scènes, dont celle de la coupe de Séquoia, à Muir Woods (au Nord  de San Francisco, juste )


Madeleine: How old?
Scottie: Oh, some 2,000 years or more.
Madeleine: The oldest living things.
Scottie: Yes. You've never been here before?
Madeleine: No.
Scottie: What are you thinking?
Madeleine: Of all the people who've been born and have died while the trees went on living.
Scottie: Their true name is Sequoia sempervirens, 'always green, ever-living.'
Madeleine: I don't like it.
Scottie: Why?
Madeleine: Knowing I have to die.

Si cette scène m'était familière, c'est qu'en plus, j'avais vu récemment son pendant, dans "La Jetée" de Chris Marker.

Ils marchent. Ils s’arrêtent devant une coupe de séquoia couverte de dates historiques. Elle prononce un nom étranger qu’il ne comprend pas. Comme en rêve, il lui montre un point hors de l’arbre. Il s’entend dire : « Je viens de là… »

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Somewhere in here I was born. And there I died. It was only a moment for you, you took no notice.

Vertigo, Alfred Hitchcock (1958)
La Jetée, Chris Marker (1962)

mercredi 22 mai 2013

MySpace annonce le rachat d’une cafetière et deux ramettes de papier


Je n'ai pas eu l'occasion de vous le dire, mais il FAUT lire le GORAFI.fr. Des informations et des angles qui sortent de la pensée unique et du formatage imposé par des médias connivents.
Profitez-en aujourd'hui, car ce sera mon unique citation "intégrale" de leur contenu.
Le scoop d'hier, donc (pour qui s'intéresse à l'économie du web 2.0)


Los Angeles – Branle-bas de combat dans le monde très fermé des géants numériques. Après le rachat de Tumblr par Yahoo !, c’est au tour de MySpace de sortir l’artillerie lourde en officialisant le rachat d’une cafetière et de deux ramettes de papier. Une annonce qui a totalement pris les acteurs du monde numérique par surprise, tout comme les utilisateurs. Reportage.

Alors que tout le monde avait les yeux rivés sur le rachat polémique de Tumblr par Yahoo!, c’est MySpace qui a créé la surprise en annonçant le rachat d’une cafetière et de deux ramettes de papier. Le réseau social, jugé en perte de vitesse depuis plusieurs années, démontre une vitalité et une énergie qu’on ne lui connaissait plus. « Ils ont pris tout le monde par surprise, c’est un beau coup de poker » commente le rédacteur en chef de Presse-Citron. « Je pense que ceux qui critiquaient ou tournaient en ridicule MySpace en sont pour leurs frais ».

C’est le site américain Gizmodo qui a révélé l’information, une photo volée prise par un smartphone à l’appui. On y distingue très clairement une cafetière et deux ramettes de papier. «On ne sait pas si la cafetière est de première main, il se peut que cela soit une occasion, mais le modèle semble assez récent » note le site qui s’interroge aussi sur la présence de deux ramettes de papier. « Ils ont des choses à écrire, des plans, des réunions. Le café est servi durant la réunion, le papier est souvent utilisé par des participants de réunions qui vont boire aussi du café ».

Pour les experts, cela veut dire que MySpace est sans doute de retour. « Ils n’ont pas laissé fuité cette photo par hasard, c’est un risque calculé. Cela veut dire, regardez, on fait des réunions, on boit du café, on réfléchit, on va avoir des idées ». Selon plusieurs sources contradictoires, ces idées pourraient alors être mises en application dans les prochains jours ou mois à venir. « On peut s’attendre alors à de gros bouleversements. Il y aura vraisemblablement d’autres rachats comme une photocopieuse ou des classeurs. On y verra plus clair dans la stratégie de MySpace » analyse-t-on chez Presse-Citron.

Le Gorafi (21 mai 2013)

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Le site d'information couvre bien entendu tous les sujets : International, France, Economie, Culture, People, Sport et Faits Divers :

Lyon : Une jeune fille choquée après que son copain a raccroché le premier
Une jeune fille a été fortement choquée ce matin après un échange téléphonique avec son ami, demeurant à Saint-Étienne, qui a été le premier des deux à raccrocher. Surprise, elle tente encore de comprendre les raisons qui ont pu le pousser à un tel acte.

Un banal coup de fil qui vire au psychodrame
La journée s’annonçait pourtant belle ce dimanche dans la capitale des Gaules. Juliette, 17 ans, appelait son ami, Éric à Saint-Étienne. Soudain, c’est le drame. Alors qu’ils sont sur le point de terminer leur conversation, le jeune homme sans histoires prend l’initiative de raccrocher le premier. « Je venais juste de lui dire au revoir, j’ai eu à peine le temps de lui dire “Allez, à trois on raccroche ? 1, 2 , 3” puis, plus rien ». En couple depuis plus de six mois, Juliette a déclaré ne pas comprendre les raisons d’un tel geste lors d’une conférence de presse. Selon elle, « Éric est quelqu’un de très équilibré, je ne comprends pas ce qui s’est passé ».

lundi 20 mai 2013

Illumination Ritual [Top Tape]


Avant-dernière mixtape de l'année, elle s'est déroulée ce dimanche sur Radio Campus Paris, conviant tout un tas de "visages" connus pour leurs nouveaux albums. La playlist complète est sur la page de l'émission.

En abrégé, ça donne:
Jim Guthrie, David Grubbs, the Appleseed Cast, Rhume, Nonstop, the Music Tapes, Julia Brown, Guided By Voices, Scout Niblett, Howe Gelb, Pan-American et Mendelson.

Si j'ai diffusé Scout Niblett, c'est d'une part parce que son nouvel album ("it's up top emma") est une réussite, d'autre part parce qu'elle se produira le Samedi 8 juin au Point Ephémère dans le cadre des 15 ans de Radio Campus Paris (14 € + frais en prévente).


Programme complet des festivités, qui durent du 23 ou 8 juin, ici :

samedi 18 mai 2013

What if our world worked differently?

He made many mistakes during the time they spent together, all those years ago. Memories of their relationship have become muddled, replaced wholesale, but one remains clear: the princess turning sharply away, her braid lashing at him with contempt.

He knows she tried to be forgiving, but who can just shrug away a guilty lie, a stab in the back? Such a mistake will change a relationship irreversibly, even if we have learned from the mistake and would never repeat it. The princess's eyes grew narrower. She became more distant.

Our world, with its rules of causality, has trained us to be miserly with forgiveness. By forgiving them too readily, we can be badly hurt. But if we've learned from a mistake and became better for it, shouldn't we be rewarded for the learning, rather than punished for the mistake?

What if our world worked differently? Suppose we could tell her: 'I didn't mean what I just said,' and she would say: 'It's okay, I understand,' and she would not turn away, and life would really proceed as though we had never said that thing? We could remove the damage but still be wiser for the experience.

Braid, Jonathan Blow (Number one, 2008)

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Braid est un jeu vidéo de plateforme et réflexion, créé par un studio indépendant et sorti en 2008. Il bénéficie d'un univers graphique et sonore léché, et surtout d'une mécanique de jeu des plus imaginatives. Elle a trait à la manipulation du Temps, chaque niveau reposant sur procédé différent. Des textes énigmatiques et métaphoriques se chargent de l'introduire, tout en donnant étoffant l'intrigue.


Si on ajoute à cela le twist final, Braid joue clairement dans la même cour que Limbo (sans  toutefois atteindre son degré de perfection, IMO).

La bande-annonce rend bien compte de tout cela.
Infos, achat :

dimanche 5 mai 2013

Gun Control (ou pas)

Le 29 Décembre dernier, Art Spiegelman (l'auteur de Maus) publiait sur sa page facebook cette couverture, dessinée en 1993 pour le New Yorker, accompagnée du commentaire suivant :


I did this New Yorker cover in 1993. Colombine happened in 1999, Newtown in 2012, nearly 20 years later. My wish for 2013: let Newtown be remembered as the turning point—I'm hoping that kids with guns can become ironic again.

Aux Etats-Unis, en 2013, les enfants sont toujours armés.
(CNN) -- A Kentucky mother stepped outside of her home just for a few minutes, but it was long enough for her 5-year-old son to accidentally shoot and kill his 2-year-old sister with the .22-caliber rifle he got for his birthday, state officials said.

vendredi 3 mai 2013

Un nouveau jour se lève

Une traversée du Marais m'amenait hier à saluer aux côtés de M.Chat la mémoire de Chris Marker, décédé le 30 juillet dernier.


Puisque j'en suis à raviver la rubrique nécro, je voudrais ici signaler le bel et complet hommage à Jason Molina rendu par Guillaume (qui laisse des commentaires ici parfois) sur Popnews.

Autres nouvelles de la vie du monde "indie" :
Kim Gordon [Sonic Youth] revient sur sa séparation avec Thurston Moore dans Elle (US)
Ca ne va pas nous aider à nous en remettre.

Plus réjouissant: Win et Régine (Arcade Fire) sont les heureux parents d'un petit garçon né il y a quelques jours maintenant :

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Poursuivant mon périple, j'entrais chez Fleux, et identifais immédiatement dans la bande-son du magasin "Kané" de Fauve, suivi de "4000 îles". Il faut dire qu'après avoir écouté une trentaine de fois leur Blizzard EP (à paraître le 20 mai), je suis pas mal calé.

Fauve, je vous en parlais ici en octobre dernier.
Après avoir surtout existé sur les réseaux sociaux (avec le soutien du Mouv', soyons sport), leur permettant de remplir une dizaine de salles parisiennes avant un Bataclan complet en juin, il est clair qu'ils atteignent désormais les couches mainstream
(vus sur Canal +, par exemple, ou dans nombre de festivals cet été).
Ils demeurent pourtant auto-produits.

A ceux d'entre vous qui ne les connaîtraient pas, dépassez l'impression de buzz spéculatif que vous pouvez ressentir, et écoutez.
Si je devais chroniquer leur disque, voici ce que j'écrirais.


Il me semble que la sincérité du propos devrait désarmer toute critique tentée de pointer du doigt un lyrisme adolescent facile.

Certes, le clip de Blizzard (enfin en ligne) ne va pas aider. Haters gonna hate.
Même bémol que pour "Nuits Fauves": je trouve le déroulé trop narratif / immédiat / signifiant, à tel point que la vidéo brouille l'écoute (IMO).
Sans compter la césure, qui tombe au mauvais moment

Le morceau est néanmoins excellent.


Tu nous entends le blizzard?
Tu nous entends?
Si tu nous entends
Va te faire enculer !
[...]
Tu nous entends la Mort?
Tu nous entends?
Si tu nous entends, sache que tu ne nous fais pas peur
Tu peux tirer tout ce que tu veux
On avance quand même
Tu pourras pas nous arrêter
Et on laissera personne derrière
On laissera personne se faire aligner
Tout ça, c'est fini !
[...]
Tu nous entends l'Amour?
Tu nous entends?
Si tu nous entends, il faut que tu reviennes
parce qu'on est prêts, maintenant

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Après de multiples échecs cet automne et cet hiver aux portes de différentes salles (Pop in, Maroquinerie, International, Nouveau Casino), j'ai fini par voir Fauve à la Maison de la Radio le mois dernier.
J'avais également un instant songé tenter ma chance à Tourcoing... pour un plateau Fauve + Mendelson.

Quelle affiche (trans-générationnelle) !
J'aurais bien aimé assister à la juxtaposition des deux univers.

Mendelson, je vous en parle très souvent, et il fait pour moi parti des artistes français majeurs. Son prochain album (triple) paraît début mai, autant dire une grande nouvelle pour moi.

Sauf qu'après de multiples (tentatives d') écoutes, il se révèle un poil trop austère. Musicalement, et dans les textes (C'est pourtant quelqu'un qui adore "Quelque part", et le CD rouge de "Personne ne le fera pour nous" qui vous dit ça)

Chez Fauve, tutoiement rime avec encouragements

Et puis comment je ferais sans toi, moi?
Et puis comment l'univers il ferait sans toi?
[...]
Ca va aller, je te le promets, ca va aller.
Parce qu'on est de ceux qui guérissent,
de ceux qui résistent,
de ceux qui croient aux miracles


et seul le "je" s'auto-déprécie parfois. A cette lumière, il est intéressant de relever l'approche différente de Mendelson. Par exemple tout au long des 54 minutes et 26 secondes de "Les heures" (la "suite" de "Monsieur", paru en 2000)

On y trouve des lignes glaçantes :

Le désespoir est devenu cette habitude
vaguement même agréable
une croûte qu'on aime à se gratter
parfaitement supportable
et parfaitement supportée
Habituelle et confortable
comme un médicament
comme un cachet qui maintient ahuri, somnolent
tout est pareillement égal


Le tutoiement (celui d'une voix intérieure) s'acharnera pendant toute la durée du morceau sur le pauvre homme


Tu regardes ta vie comme on regarde une catastrophe naturelle 
Comme on regarde un incendie à l'abri des flammes, épargné
Comme on regarde une vague gigantesque depuis son poste de télé
Tu regardes ta propre vie comme on regarde son passé
Comme tu regardes cette impasse sur ce chantier dévasté
Devant qui les gens passent, et passent les années
Et chaque jour te craquelle, et chaque jour te moisit


Vous l'aurez senti, ça plombe sévère ("ton avenir te méprise").
J'attends d'avoir reçu l'album, et vu Mendelson sur scène avant de me faire un avis global. En effet, la lecture des textes paraît indispensable pour la bonne appréhension de l'objet (qui à l'écoute seule, requiert une attention extrême).
Je pressens que la qualité littéraire est au rendez-vous.

Dans "les heures", la voie intérieure parviendra finalement à détacher son interlocuteur de sa propre existence, introduisant ainsi l'usage de la 3ème personne. 

Cet homme que tu ne veux plus être
Continuera de regarder le monde qui est pour tout le monde 
Mais qui n'est pas pour lui
Laisse-le regarder sa vie comme si c'était le pire de ce qu'il fallait vivre
Laisse-le, ce n'est plus ton problème
C'est le problème de cet homme que tu ne veux plus regarder
Qui continue à croire que le destin l'a roulé
Sans voir que son destin, c'est lui qui l'aura dessiné


Et ce n'est qu'à la toute fin, que l'on entendra un "Je", compagnon d'un ultime voyage.

Regarde, la vie s'écroule 
[...]
C'est la  fin du monde
Tout s'écroule
Même ton ombre
Il n'y a plus que toi
Je t'attends
Je t'observe
Je te vois
De l'autre côté des décombres
On dirait des dunes au bord de la mer
Tu grimpes par-dessus les gravas
Le vent te souffle en plein visage
Il est 11h30 ce dimanche
Bizarrement, de ce côté-ci du monde
C'est comme si quelqu'un avait allumé la lumière
Un nouveau jour se lève
Tu regardes et tu ne reconnais pas
Tu vas y aller
Tu es en train d'y aller
Tu y vas

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Dernière chose avant de refermer cet article beaucoup trop long, histoire de terminer sur une note plus enjouée.

Avec Dailymotion dans l'actualité ces derniers jours, on a beaucoup entendu l'expression "joyau français". Je veux dire ici que l'un des véritables joyaux français, c'est Hold Your Horses !
Pas d'actualité (annoncée), juste un concert sensas' hier à l'International.
Musicalement, il y a tout, et je me demande bien pourquoi ils font pas des Cigales sold out (entre Violent Femmes, Modest Mouse, Arcade Fire ou Efterklang).




Fauve, Blizzard
Blizzard EP (autoproduit, 2013)

Mendelson, Les heures
s/t (Ici d'ailleurs, 2013)

Hold your horses, every moment we spent talking is an island that we lost
Apologize EP (autoproduit, 2012)

mercredi 1 mai 2013

I'm Waking up to us / la saga Belle & Sebastian (bonus)

En ce premier mai, je referme la saga "Belle and Sebastian" qui vous avez pu suivre le mois dernier. 

Pour vous y reporter, consultez la page Sagas (accessible via les onglets de navigation), sur laquelle j'ai archivé ce contenu. En plus, j'ai trouvé une chouette photo de jeunesse du groupe, donc n'hésitez pas à y faire un tour!

En guise de bonus, quelques couvertures et photos en lien avec le nom du groupe ; quand bien même ce serait à demi hors-sujet, je ne pouvais pas ne pas mentionner le "Belle et Sébastien" de l'écrivain Cécile Aubry.


La première image est une photographie promotionnelle. Ce même cliché a été utilisé pour le single "Dog On Wheels". Et si vous voulez briller au Trivial Pursuit, notez pour l'anecdote que le modèle - Joanne Kenney - est la même que sur "Tigermilk" (ça saute pas aux yeux, je sais) 


Belle and Sebastian, I'm Waking up to us (Jeepster, 2001)
Belle and Sebastian, Dog on Wheels (Jeepster, 1997)
Belle and Sebastian, Tigermilk (Jeepster, 1996)