mercredi 20 avril 2022

Gallen-Kallela

Les expositions à Paris font décidemment la part belle à la peinture scandive. Après les Suédois Zorn, Larsson, les Danois (dont Hammershøi), place aux Finlandais Edelfelt, et Akseli Gallen-Kallela.

Ce dernier est actuellement exposé au musée Jacquemart-André. Pour être honnête, j'ai plus apprécié les paysages dépeints (pour les souvenirs auxquels ils me renvoient) que les peintures en elles-mêmes.. d'autant que je n'adhère pas vraiment au sens du cadre et de la composition du peintre (c'est parfois trop centré, parfois désaxé ou déséquilibré, avec très souvent des végétaux en premier plan pour "remplir").

Sélection resserrée. 

Nuages sur le lac (1906)

Nuages formant des tours (1904)

Jeune fille dans le vent (1893)

jeudi 14 avril 2022

Scrutin crétin

Le premier tour de l'élection présidentiel est passé, donnant le triste podium que l'on connaît, à savoir : 
  1. Emmanuel Macron (LREM) : 27,8 % / 9 784 985 voix
  2. Marine Le Pen (RN) : 23,1 % / 8 135 456 voix
  3. Jean-Luc Mélenchon (LFI) : 22 % / 7 714 574 voix
Le reste? Un candidat à 7%, tout le reste en-dessous de la barre des 5% [dont Yannick Jadot (EELV) 4,6 %]. Ayant rédigé un article "engagé", je me devais donc d'y revenir.

Ce qui saute aux yeux, à la lecture de ce résultat, et quel que soit le résultat du second tour, c'est que notre système de vote n'est pas adapté au paysage politique actuel... et que les forces politiques actuelles en retour ne tirent pas les leçons de ce constat.

Quel est-il ? Le système électoral français prévoit pour l'élection présidentielle un scrutin uninominal majoritaire à deux tours. S'il convient en situation de bipartisme, il trouve ses limites avec un paysage politique éclaté, avec ses deux inconvénients principaux (devenus criants avec cette élection) :

- Les interférences entre deux candidats idéologiquement proches, qui provoquent la défaite irrémédiable d'un camp même majoritaire s'il arrive en ordre dispersé

- le vote utile que finissent par adopter, en réaction, les électeurs, empêchant malgré tout un vote de conviction, c'est-à-dire un vote pleinement en accord avec ses idées.

A défaut de pouvoir changer ce système (nous y reviendrons), comment palier à ces inconvénients? Le désistement (que dissuade la perspective de non-remboursement des frais de campagne) ou, mieux, une f*cking primaire (en amont). Et là, les seules raisons qui vont à l'encontre de cette idée sont de nature égoïste (ego surdimensionné, crainte de voir disparaître son parti ou soi-même). A ceux qui craignent de voir le candidat affaibli par des mois de précampagne pugnace : un peu de tenue, bon sang, que le meilleur projet gagne !

On peut ainsi légitimement reprocher à Jadot/Hidalgo/Roussel de ne pas s'être désistés... Mais on peut tout autant déplorer que Mélenchon ait décliné la primaire. Disons qu'il aurait "juste" pu être Président de la République...

Quant à changer de mode de scrutin : l'idéal me paraît être un vote par approbation ! "Dans ce système l'électeur s'exprime sur chaque candidat en indiquant s'il le soutient ou non, et le candidat soutenu par le plus grand nombre est élu.". Un peu comme dans un doodle pour trouver une date pour un rassemblement entre amis (il ne viendrait à l'idée de personne de ne choisir qu'une seule date). Des millions de français auraient alors pu sereinement mêler convictions et vote utile.

vendredi 8 avril 2022

Tenir, plier

Quoi de plus énergisant, un matin de "plombe professionnelle", que d'écouter ce morceau d'Antitainment ?!

L'histoire d'un salarié qui réalise les mêmes gestes quotidiens avant de se rendre à son travail alimentaire. Perdre sa vie à la gagner (selon l'expression consacrée). Tenir pour mettre un peu d'argent de côté ; Tenir, et plier et se courber tel un homme de caoutchouc dont les dents finiraient par toucher les pieds (traduction littérale).


Hallo
Wir sind jetzt da
Genau wie gestern
Selbe Zeit, am selben Ort
Mobilisieren wir unsere Superkräfte
Atrophie !

Aufstehen, Zähne putzen
Bei Null Grad auf die Straße gehen
Rumsitzen, Kaffee trinken, verblödete Gesichter sehen
Gegen diese Stimme kämpfen
Ignorierеn und stattdessen
Selbstbеstimmung
Und noch mehr Geld beiseite legen

Noch ein bisschen durchhalten
Noch ein bisschen biegen
Egal

Schönen guten Tag Frau Schmidt
Kann ich Ihnen eine Stulle schmiern
Sie nacher beim Gehen stützen
Dass sie nicht die Balance verlieren
Denn sie gehen so gebeugt
Sie haben das Ihr Leben lang nun auch probiert

Noch ein bisschen durchhalten
Noch ein bisschen biegen
Naja

Und dann klappt das vielleicht auch irgendwann
Du kommst mit den Zähnen an die Füße
Verdienst dein Geld als Gummimann

(Und wer sich nicht freiwillig beugt
Der wird gebrochen)

Antitainment - Sechstagewoche-Gummimann
Nach Der Kippe Pogo (2007)

mercredi 6 avril 2022

De quoi rêvent-ils ?

Incessants cauchemars martelés
Répétitifs
Quotidiens 

Pas une sieste pas une nuit sans ces mauvais rêves de carcasses
De bêtes mortes
Qui me tombent sur la gueule
Qui m'agressent
Atrocement
Qui prennent le visage de mes proches ou de mes peurs les plus profondes 

Cauchemars sans fin sans vie sans nuit
Des réveils en sursaut
Draps inondés de sueur
Presque toutes les nuits 

Parfois je hurle
Toutes les nuits je sais que je vais emporter l'abattoir dans mes mauvais rêves
Et pourtant
A pousser mes quartiers de viande de cent kilos chacun
Je ne pense pas être le plus à plaindre 

De quoi rêvent-ils
Toutes les siestes
Toutes les nuits
Ceux qui sont aux abats
Et qui
Tous les jours que l'abattoir fait
Voient tomber des têtes de vache de l'étage supérieur
Prennent une tête par une
La calent entre des crocs d'acier sur une machine idoine
Découpent les joues les babines puis jettent les mâchoires et le reste du crâne
Huit heures par jour en tête à tête 

De quoi rêvent-ils
Ceux qui sont aux Cuirs
C'est ainsi qu'on appelle ceux qui arrachent les peaux des bêtes juste après qu'elles ont été tuées
Les peaux seront ensuite vendues à des tanneurs ou je ne sais qui
Il paraît que ce poste est éreintant
Que les intérimaires tournent comme ailes de moulin jours de tempête
Tellement c'est dur
Physiquement
Moralement
Arracher des peaux de vache toute la journée

Joseph Ponthus, À la ligne (2019)

lundi 4 avril 2022

I had an indie dream

Depuis que j'ai "chargé" le Fire EP de Herman Düne sur mon téléphone, je ne cesse d'y revenir. Encore ce soir, sur le chemin et au sortir du concert de Porridge Radio à la Boule Noire. Disons que leur musique possède ce qu'il faut pour d'abord mettre l'oreille en condition, puis pour offrir un supplément de frissons. Je faisais récemment l'expérience inverse, à savoir un concert totalement affadi par l'écoute préalable de "Algérie" de Mendelson. Trop puissant. A la réflexion, les quatre titres de Fire EP (sorti en 2000, sur Prohibited, qui - hasard - hébergeait aussi Mendelson) sont un condensé parfait du "early" Herman Düne, de ce qui a rendu leur musique si chère aux oreilles de certains. 

Les souvenirs d'un attachement profond à ce groupe sont récemment remontés, en relisant certains de mes écrits (Land of long shadows, back in the dales), en échangeant avec l'ami Guillaume de Popnews, et surtout à la faveur d'un rêve venu de nulle part. Récit (dispensable, j'en conviens)


Cette nuit, j'ai rêvé que j'avais croisé trois fois dans la même journée, dans un passage proche de la rue Amelot (et donc du bar "Pop In"), Herman Düne. Au complet. Soit David Ivar, Neman et André (dans son célèbre t-shirt blanc à manches longues bleu marine).


Bien sûr, l'idée que quelque chose soit en train de se tramer m'a rendu follement enthousiaste… mais impossible de trouver la moindre information tangible à ce sujet (car bien sûr, je n'ai pas eu le réflexe de leur poser la question directement). Je tombe sur internet un teaser vidéo dans lequel on voit le groupe jouer "Just Like That"... mais sans qu'il soit fait référence à une quelconque date. Je décide de me rendre au Pop In, mais ne parvient pas à m'adresser au patron (bizarrement Julien C., boss de Super! dans la vraie vie). Posé sur une table, un flyer sur lequel je reconnais le trait de David Ivar. Las, il annonce en réalité un concert de Cerberus Shoal. Un employé du bar finit par me donner le tuyau…

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Le concert en question (au Pop In, donc) arrive. Je me dis que ça va être une COVID party, mais qu'importe… Au merchandising, trois albums inconnus au bataillon (dont un double). Je ne les achète pas, me souvenant avoir stoppé ma collection de disques d'Herman Düne à "Not on top" (car moins emballé par la suite). Le concert est génial, l'entente entre les trois musiciens est bonne (c'était pas gagné, vu la longue brouille qu'ils ont traversée). Il y a même des featurings : L'un des batteurs du groupe RIEN (pas Francis Fruit, l'autre). Julien T. au chant sur un morceau ! Et Aziz O. qui rappe sur un autre ! Incroyable. A l'approche de la fin du concert, le groupe s'ouvre aux requests, hélas, rien ne me vient. Pas même des suggestions de reprises de Palace Music / Will Oldham. La salle est timide, la situation devient un poil malaisante… Et je me réveille. Voilà!