mardi 31 octobre 2017

It could come again

I don't know what happened to Antonio Bay tonight. Something came out of the fog and tried to destroy us. In one moment, it vanished. But if this has been anything but a nightmare, and if we don't wake up to find ourselves safe in our beds, it could come again. To the ships at sea who can hear my voice, look across the water, into the darkness. Look for the fog.

John Carpenter, the fog (1980)

mercredi 25 octobre 2017

This is about flu awareness

Continuons donc de parler science, avec Rick and Morty. L'automne est bel est bien là, avec lui, sans doute aussi bientôt les prochaines infections virales et épidémies.

[le proviseur de l'établissement] : - "I'm very much in charge reminding you that tonight is our annual flu season dance. I don't know how many times I have to say this, but if you have the flu, stay home. The flu season dance is about awareness, not celebration."


Helas, le virus de la grippe croisé avec un philtre d'amour concocté par Rick pour rendre service à Morty aura des effets dévastateurs et irréversibles à l'échelle de la planète... à tel point qu'ils devront abandonner "cette réalité" et rallier une autre à la destinée plus heureuse. Je ne m'étends pas sur cette notion d'univers multiples, car le sujet ici sera celui de la vaccination.

Sujet, là encore d'actualité. Récemment, il était abordé sous l'angle mathématique dans les colonnes du journal Le Monde.

Parlons "seuil" et "taux de vaccination" tout d'abord :

Imaginons une maladie contagieuse au point que chaque malade contamine en moyenne 10 personnes. S’il n’y a pas de vaccination, ces 10 personnes en contaminent 100, qui en contaminent 1 000, etc. L’épidémie se propage à vitesse exponentielle. Supposons maintenant que 80 % de la population soit immunisée, si bien que seulement 20 % de ces 10 personnes sont contaminées, en moyenne. Chaque malade ne contamine plus que 2 personnes, mais l’épidémie se propage encore, car les puissances de 2 ­croissent très vite (2, 4, 8, 16…), même si c’est moins rapide que les puissances de 10. En ­revanche, si 95 % de la population est ­immunisée, un malade ne contamine plus que 5 % de 10, c’est-à-dire 0,5 personne (en moyenne !). Cette fois, le nombre de malades diminue et il n’y a plus d’épidémie.

Il y a donc un seuil (qui est de 90 % dans notre exemple). Si la proportion de personnes immunisées est inférieure à ce seuil, l’épidémie sévit et seules les personnes immunisées sont protégées : c’est la vaccination égoïste dans laquelle chacun se protège. En revanche, si la proportion est supérieure au seuil, la maladie disparaît et tout le monde est protégé, même ceux qui ne sont pas vaccinés (peut-être pour de bonnes raisons).

Ainsi, si on s'intéresse à la progression ou circonscriptiton potentielle d'une épidémie, la question n'est donc pas de savoir si une "large" partie de la population est vaccinée, mais si cette proportion est supérieure au seuil critique (déterminé par les épidémiologistes).
Le mathématicien met ensuite la problématique en lien avec les théories des jeux. Il commence par présenter une variante étendue de la théorie du prisonnier, qui, là encore, pousse l'individu à choisir entre un égoïsme rénumérateur et un altruisme rénumérateur à la seule condition qu'il soit répandu.

Imaginons la situation suivante. Je suis face à un groupe de 100 personnes qui ne se connaissent pas et je leur demande d’écrire « égoïste » ou « altruiste » sur une feuille de papier sans se concerter. J’annonce que je donnerai 50 euros à chaque égoïste, et que pour tout altruiste, je donnerai 1 euro à chacun des 99 autres. Si tout le monde a un comportement altruiste, chacun recevra 99 euros. Au contraire, si tout le monde est égoïste chacun ne recevra que 50 euros. Comment croyez-vous que les gens réagissent lorsque des psychologues réalisent ­l’expérience ? Le choix altruiste est le choix qu’on peut qualifier de social, pour le bien commun. Et le choix égoïste est rationnel car personne n’a intérêt à en changer sous peine de perdre 50 euros : on appelle cela un équilibre de Nash.

C'est un peu la même chose pour la vaccination. Le choix égoïste consiste à ne pas vacciner son enfant parce que l'on pense qu’il y a un petit risque d’effet secondaire, mais surtout parce qu’on est persuadé qu'il y aura suffisamment d’autres enfants qui ­seront vaccinés, au-dessus du seuil, pour que la maladie ne se développe pas et que son enfant ne soit pas malade. Ce choix ­égoïste est rationnel… si la proportion des ­altruistes est supérieure au seuil.

La vaccination sous l'œil des mathématiquesEtienne Ghys
(mathématicien, directeur de recherche au CNRS à l'Ecole normale supérieure de Lyon)

Rick and Morty, Rick Potion #9) [S01E06]
Justin Roiland + Dan Harmon (2013)

mercredi 18 octobre 2017

On n'arrêtera pas le progrès

De la même manière qu'il a pu m'arriver ici de parler philosophie à partir de films ou séries ([1], [2], [3], [4], [5]...), je me propose d'aborder certaines questions scientifiques grâce à Rick et Morty. Ils se chargeront d'aborder un éclairage ludique et décalé à des thématiques à la base déjà intrigantes en soi. En d'autre termes, l'idée est que ce ne soit pas plombant à lire.

Première d'entre ces thématiques, l'intelligence artificielle.

Dans l'épisode "Lawnmower Dog", Rick dote le chien de la famille d'une intelligence supérieure, grâce à un dispositif électronique de son invention. Celui-ci répond ainsi au doigt et à l'oeil, allant jusqu'à faire ses besoins aux toilettes et tirer la chasse. Comme souvent, ce qui est au départ annexe dans la trame scénaristique d'un épisode aboutit à des résultats d'une ampleur démesurée.


"Snuffles" (c'est son nom) gagne en effet en intelligence...
Ce que Rick résumera ainsi, au terme d'une courte absence.
MORTY - What the hell? What’s going on?
RICK - Well, it's possible that your dog became self-aware and made modifications on the cognition amplifier, then turned on Jerry, Beth, and Summer after learning about humanity's cruel subjugation of his species...

Ceci m'a rappelé un article de blog que j'avais lu peu de temps auparavant, et qui traite, lui, de notre réalité... et des questions que soulèvent les progrès dans le domaine de l'intelligence artificielle. (sujet revenant par ailleurs dans l'actualité, à chaque fois qu'Elon Musk ou Stephen Hawking expriment leurs réserves ou craintes)

 Vu sa longueur, je vous en fais un résumé (en français).

En matière d'Intelligence articielle, (IA, ou AI en anglais), l'article commence par distinguer trois échelons, dont deux vous paraîtront encore lointains :
  • Artificial Narrow Intelligence (ANI): Intelligence spécialisée et performante dans l'accomplissement d'une tâche précise (par exemple jouer aux échecs ou au jeu de go)
  • Artificial General Intelligence (AGI): Intelligence comparable à celle de l'Homme, capable de raisonner, penser des concepts abstraits, apprendre...
  • Artificial Superintelligence (ASI): Intelligence supérieure à celle de l'Homme, qu'elle lui soit "légèrement" supérieure, ou 1'000'000'000'000'000'000 fois

Selon notre perception, l'innovation est lente et progressive. L'histoire de l'humanité nous montre pourtant l'inverse. En réalité, la marche du progrès s'accélère. Il suffit de considérer à travers les âges le laps de temps au bout duquel un Homme projeté dans le futur serait totalement désorienté (on parle de DPU : "Die Progress Unit"). Avoisinant initialement les 100'000 ans, cette mesure s'exprimerait aujourd'hui en décades.

Le chemin vers l'AGI n'est donc pas si long. Une innovation majeure pourrait bien le réduire drastiquement, d'autant qu'on est là dans le cadre de technologies auto-amélioratives. Certains scientifiques estiment que le palier de l'AGI pourrait être atteint d'ici 2040.

Que se passera-t-il alors ? Ce palier symbolique est certes d'importance, mais, pour une intelligence artificielle, il n'existe pas. Il ne faut donc pas imaginer un statu quo durable. La machine progressera bien plus vite que nous : elle a pour cela d'avantage d'atouts, que ce soit sur le plan matériel (puissance de calcul, capacité de stockage, fiabilité, durabilité) ou logiciel (capacité de reprogrammation, d'auto-amélioration et de mutualisation de ressources). Si des décennies auront été nécessaires pour qu'une IA atteigne par exemple le niveau d'un enfant de quatre ans, une heure pourra suffire pour qu'elle unifie toutes les théories physiques de notre univers... 30 minutes plus tard, elle sera devenue une ASI 170'000 fois plus intelligente qu'un humain.

Un tel niveau d'intelligence est bien sûr inconcevable pour notre cerveau. La domination de l'homme sur le règne animal suggère cependant une chose : dans notre monde, l'intelligence est reine. Si l'homme a pu inventer le WIFI, de quoi sera capable une ASI ? Sans doute de choses qu'on considérerait aujourd'hui "magiques"... ou relevant d'un dieu tout puissant. Dès lors, la question primordiale est la suivante : S'agira-t-il d'un "Dieu" bienveillant ?


Espérons qu'il le soit d'avantage que Snuffles...
Avant d'être interrompues, les informations n'étaient pas encourageantes :

"It appears clear, at this time, that it is official, the era of human superiority has come to a bitter end. God help us all. "

Rick and Morty (S01E02, Lawnmower Dog)
Justin Roiland + Dan Harmon (2013)


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(bonus)
I can’t believe how mean Snuffles got just because he’s smart. This is why I choose to get C’s.

vendredi 13 octobre 2017

Il ne faut pas confondre

Avec la sortie aujourd'hui de leur album conjoint "Lotta Sea Lice", il faut prendre garde à ne pas confondre la paire Courtney (Barnett) et Kurt (Vile)...

...et le couple Kurt Cobain + Courtney Love 



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Courtney Barnett + Kurt VileLotta Sea Lice
(Matador, 2017)

mardi 10 octobre 2017

Making a better world

"If you assume that there is no hope, you guarantee that there will be no hope. If you assume that there is an instinct for freedom, that there are opportunities to change things, then there is a possibility that you can contribute to making a better world."

Citation de Noam Chomsky, reprise dans
Captain Fantastic, Matt Ross (2016)

jeudi 5 octobre 2017

Un fracas épouvantable

Nouvel extrait de "la joie de vivre". Cette fois, ce sont des flots d'une autre nature qui menacent Bonneville. Car aujourd'hui, c'est tempête et grande marée !
Possible que les constructions destinées à protéger la côte ne tiennent pas...

Lazare descendit la côte, et Pauline le suivit, malgré le temps affreux. Quand ils débouchèrent au bas de la falaise, ils restèrent saisis du spectacle qui les attendait. La marée, une des grandes marées de septembre, montait avec un fracas épouvantable ; elle n'était pourtant pas annoncée comme devant être dangere se ; mais la bourrasque qui soufflait du nord depuis la veille, la gonflait si démesurément, que des montagnes d'eau s'élevaient de l’horizon, et roulaient, et s’écroulaient sur les roches. Au loin, la mer était noire, sous l’ombre des nuages, galopant dans le ciel livide.

– Remonte, dit le jeune homme à sa cousine. Moi, je vais donner un coup d’œil, et je reviens tout de suite.

Elle ne répondit pas, elle continua de le suivre jusqu'à la plage. Là, les épis et une grande estacade, qu’on avait construite dernièrement, soutenaient un effroyable assaut. Les vagues, de plus en plus grosses, tapaient comme des béliers, l''une après l'autre ; et l'armée en était innombrable, toujours des masses nouvelles se ruaient. De grands dos verdâtres, aux crinières d'écume, moutonnaient à l'infini, se rapprochaient sous une poussée géante ; puis, dans la rage du choc, ces monstres volaient eux-mêmes en poussière d'eau, tombaient en une bouillie blanche, que le flot paraissait boire et remporter. Sous chacun de ces écroulements, les charpentes des épis craquaient. Un déjà avait eu ses jambes de force cassées, et la longue poutre centrale, retenue par un bout, branlait désespérément, ainsi qu’un tronc mort dont la mitraille aurait coupé les membres. [...]

– Je disais bien, répétait Prouane, très ivre, adossé à la coque trouée d’une vieille barque, fallait voir ça quand le vent soufflerait d’en haut... Elle s’en moque un peu, de ses allumettes, à ce jeune homme!

Des ricanements accueillaient ces paroles. Tout Bonneville était là, les hommes, les femmes, les enfants, très amusés par les claques énormes que recevaient les épis. La mer pouvait écraser leurs masures, ils l'aimaient d'une admiration peureuse, ils en auraient pris pour eux l’affront, si le premier monsieur venu l’avait domptée, avec quatre poutres et deux douzaines de chevilles. 

Emile Zola, La joie de vivre (1884)

mardi 3 octobre 2017

Not something I want for myself

A la faveur d'un épisode présenté comme mémorable, j'ai découvert la série Rick and Morty. Bien sûr, j'en connaissais déjà vaguement les protagonistes principaux (un peu comme pour toutes les séries animées américaines pour adultes. Citons: Family Man, Adventure Time, Daria, Archer ou le tout récent Big Mouth), mais disons, que j'ai regardé pour de bon. La série a pour elle de sortir du cadre convenu de la famille américaine habitant une banlieue sans âme, en ajoutant une dose de science-fiction fantaisiste.

Dans "Pickle Rick", Rick, le grand-père (scientifique frappadingue de génie) s'est transformé en cornichon (!) afin d'échapper à une séance de thérapie familiale (!). Il finira tout de même par s'y rendre...

Therapist : - Why didn't you want to come here ?

Picke Rick : - Because I don't respect therapy. Because I'm a scientist. Because I invent, transform, create and destroy for a living, and when I don't like something about the world, I change it. And I don't think going to a rented office in a strip mall to listen to some agent of averageness explain which words mean which feelings has ever helped anyone do anything. I think it's helped a lot of people get comfortable and stop panicking, which is a state of mind we value in the animals we eat, but it's not something I want for myself. I'm not a cow. I'm a pickle... When I feel like it. So... You asked.


Therapist : - Rick, the only connection between your unquestionable intelligence and the sickness destroying your family is that everyone in your family, you included, use intelligence to justify sickness. You seem to alternate between viewing your own mind as an unstoppable force and as an inescapable curse, and I think its because the only truly unapproachable concept for you is that it's your mind within your control. You chose to come here you chose to talk, to belittle my vocation, just as you chose to become a pickle. You are the master of your universe, and yet you are dripping in rat blood and feces. Your enormous mind literally vegetating by your own hand. I have no doubt that you would be bored senseless by therapy. The same way i'm bored when I brush my teeth and wipe my ass. Because the thing about repairing, maintaining and cleaning is... it's not an adventure. There's no way to do it so wrong you might die. It's just... Work; and the bottom line is some people are OK going to work, and some people... well some people would rather die. Each of us gets to choose.


Rick and Morty (S03E03, "Pickle Rick")
Justin Roiland + Dan Harmon (2016)


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Bonus : le couch gag crossover Simpsons / Rick and Morty