mardi 30 avril 2013

L'amour de la vie

Dernier passage de Salammbô, roman sanguinolent, où les scènes de bataille, sacrifice, torture ou lynchage sont légion. La souffrance est plus lente et moins brutale, lorsqu'elle est provoquée par la faim et la soif.


La soif les tourmentait encore plus, car ils n'avaient pas une goutte d'eau, les outres, depuis le neuvième jour, étant complètement taries. Pour tromper le besoin, ils s'appliquaient sur la langue les écailles métalliques des ceinturons, les pommeaux en ivoire, les fers des glaives. D'anciens conducteurs de caravanes se comprimaient le ventre avec des cordes. D'autres suçaient un caillou. On buvait de l'urine refroidie dans les casques d'airain.

Et ils attendaient toujours l'armée de Tunis ! La longueur du temps qu'elle mettait à venir, d'après leurs conjectures, certifiait son arrivée prochaine. [...]

«Ce sera pour demain !» se disaient-ils ; et demain se passait.

Au commencement, ils avaient fait des prières, des voeux, pratiqué toutes sortes d'incantations. A présent ils ne sentaient, pour leurs Divinités, que de la haine, et, par vengeance, tâchaient de ne plus y croire. [...]

On était trop faible pour abattre, d'un coup de pierre, les corbeaux qui volaient. Quelquefois, lorsqu'un gypaète, posé sur un cadavre, le déchiquetait depuis longtemps déjà, un homme se mettait à ramper vers lui avec un javelot entre les dents. Il s'appuyait d'une main, et, après avoir bien visé, il lançait son arme. La bête aux plumes blanches, troublée par le bruit, s'interrompait, regardait tout à l'entour d'un air tranquille, comme un cormoran sur un écueil, puis elle replongeait son hideux bec jaune ; et l'homme désespéré retombait à plat ventre dans la poussière. Quelques-uns parvenaient à découvrir des caméléons, des serpents. Mais ce qui les faisait vivre, c'était l'amour de la vie. Ils tendaient leur âme sur cette idée, exclusivement, - et se rattachaient à l'existence par un effort de volonté qui la prolongeait.

Salammbô, Gustave Flaubert (1862)

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En bon fan de Mucha, j'ajoute ici sa version de la belle Salammbô

dimanche 28 avril 2013

the Humans are dead

Dans un souci de cohérence, et parce que l'incursion de zombies et robots sur Arise Therefore aura pu surprendre certains d'entre vous, je me devais de revenir sur ce thème. D'abord pour vous rappeler que les premiers avaient déjà déambulés ici dans la rubrique il ne faut pas confondre.

Ensuite pour consacrer aux seconds un épisode de Crossed Covers.

Les robots les plus emblématiques figurent en couverture de disques de Ben Folds Five et the Most Serene Republic :

Même type de modèles chez Ms John Soda, dans le clip "No P. or D."
et la pochette de l'album du même nom :


D'autres robots-jouets...

Impossible désormais de ne pas mentionner Flight of the Conchords, et leur clip The Humans are Dead :



Pendant ce temps là, Yoshimi combat les pink robots :


the Most Serene Republic, Pre Serene: thee oneironauts
(Home of the rebels, 2011)
Ben Folds Five, the sound of the life of the wind (Sony, 2012)
Ms. John Soda, no p. or d. (morr music, 2002)
V/A, the revenge of the robots (Def Jux, 2003)
kalabi - fruity loopy doodles (s/r, 2013)
Flight of the Conchords, the Humans are dead (HBO, 2007)
the Flaming Lips, Yoshimi battles the pink robots (Warner, 2002)
the Flaming Lips, Yoshimi battles the pink robots Pt.1 (Warner, 2002)
the Flaming Lips, Fight Test (Warner, 2002)

lundi 22 avril 2013

2 ou 3 choses en attendant la 'Zombie Apocalypse'

Il y a 8 jours, dans la rubrique "La vidéo du dimanche soir", je vous proposais de regarder Cargo, sorte de condensé de "La Route" (de Cormac McCarthy) avec des zombies.

Un père de famille, mordu (et donc contaminé) par sa femme, tente de sauver sa fille, avant qu'il ne soit à son tour transformé en zombie et ne devienne un danger pour elle. Si l'on peut se satisfaire de l'aspect purement divertissant d'un film de zombies bien ficelé, on peut également être sensible aux thèmes qu'ils abordent, et aux questions qu'ils posent.

Par essence, le zombie questionne la notion d'humanité. Peut-on vraiment dire que l'humanité s'en est allée dans ces corps transformés, dont l'esprit ne semble voué qu'à la simple satisfaction de besoins biologiques ?


Les réalisateurs les plus doués (Romero en tête, naturellement) utilisent leurs films pour questionner notre société. Dans "Night of the living dead", l'homme se révèle finalement plus dangereux pour le héros afro-américain qu'une horde de morts vivants. Dans "Dawn of the Dead", les zombies finissent par converger vers le centre commercial de leur ville, comme leur vie d'avant les y avait habitués.


Depuis peu, les problématiques sont également d'ordre scientifique. Saviez-vous que les zombies souffraient du Consciousness Deficit Hypoactivity Disorder? Un tel trouble est caractérisé par «la perte de tout comportement rationnel remplacé par une agressivité à la fois délirante et impulsive, une attention axée uniquement autour de stimulus, une incapacité à coordonner les fonctions du langage et un appétit insatiable pour la chair humaine.»

Je vous laisse vous reporter à cet article très complet de Slate. On y parle neurologie... On apprend également par exemple que les zombies détectent leur proie grâce à une vision infrarouge (que permet la rhodopsine, pigment protéique photosensible présent dans l'oeil de l'Homme... j'ai vérifié sur Wikipedia, quand même)

J'avoue que ces "zombie studies" me laissent perplexe. Celles qui relèvent de l'épidémiologie paraissent déjà plus intéressantes. Encore faudrait-il qu'on commence par m'expliquer pourquoi une population de zombie croîtrait si vite, alors même qu'ils se nourrissent (goulûment) de chair humaine (a priori sans en laisser une miette). Pour que leurs effectifs se renforcent aussi vite, il faudrait qu'ils ne fassent que mordre (puis retourner à leurs occupations, comme par exemple aller au centre commercial).

Laissons cela. Vous aurez compris que la problématique liée à la caractérisation de l'humanité m'intrigue d'avantage. A vrai dire, elle est encore plus riche en se basant sur l'observation d'autres "créatures" anthropomorphes : les robots.

J'en viens donc à la finalité de cet article : la série Real Humans, diffusée en ce moment sur arte. Alors certes, il est nécessaire de s'accommoder de la VF (j'ai failli abandonner pour cette raison). L'attrait de la série tient au fait qu'on débarque dans un monde où les robots domestiques (conçus à l'image de l'Homme) sont déjà très répandus et perfectionnés. A tel point qu'on ne les distingue que difficilement des "vrais humains", avec lesquels ils peuvent d'ailleurs dialoguer et interagir. 
Signes caractéristiques (tout de même) : un regard et une peau qui manquent de naturel... un port USB dans la nuque.


Hormis les dizaines de répercussions (intéressantes en soi) sur la vie pratiques qu'introduit la série, on est rapidement amené à se poser la question : 
Qu'est-ce qui ferait qu'on puisse considérer l'un de ces "hubots" comme une personne?
(et pas comme l'équivalent d'un aspirateur)

On objectera qu'un robot est une machine (mais la  biologie ne tend-elle pas à montrer que l'homme aussi, d'une certaine manière?), que l'homme a des souvenirs une mémoire et qu'il apprend (le robot aussi), des sentiments (on peut cependant discuter du concept sur le plan philosophique), de la dignité (on a déjà vu des hommes en avoir été privé)


Du coup, là, comme ça, si je devais répondre à la question ci-dessus, peut-être que je dirais :
- être conscient de son existence, et redouter la non-existence
- pouvoir agir/penser "au-delà" de ce que son concepteur aura imaginé



Possible que le deuxième point soit par essence inatteignable.

George Romero, Night of the Living Dead (1968)
George Romero, Dawn of the Dead (1978)
Lars Lundström, Real Humans (2012)
diffusé chaque jeudi sur Arte

dimanche 21 avril 2013

Happy Ending [Top Tape]


Lors de la dernière émission de Top Tape, il y avait des albums de Wave Machines à gagner, et puis aussi Mazes, the Spinto Band, La Femme, Exsonvaldes, the Growlers, BRNS, We Are Enfant Terrible, Born Ruffians, Young Dreams, the Strokes, Dinosaur Jr. et Phoenix.
[Ecoute rapide: .]

mercredi 17 avril 2013

Breathless / la saga Belle & Sebastian (Part.4)

La saga Belle and Sebastian touche à sa fin, j'en ai peur. Le fil rouge aura été d'illustrer les liens existant entre l'univers du groupe et celui de Jean-Luc Godard. D'abord par l'importance des livres dans leurs visuels (Part.1 et 2), puis par l'appropriation pour le titre d'un morceau d'un slogan façon Godard (Part. 3)

Peut-être est-il temps de préciser ici que cette série d'articles n'a d'autres prétentions que celles d'énumérer des rapprochements amusants. 

Dernier d'entre eux, la pochette de Dear Catastrophe Waitress, et cette jeune femme aux cheveux  courts et au T-Shirt blanc "Stressée moi jamais"
(d'ailleurs en vente sur www.belleandsebastianshop.com

Pour la version promo de l'album, une déclinaison de la photographie originale a été utilisée :
 Shantha Roberts (ancienne animatrice MTV) y est moins renfrognée... mais son look continue indubitablement de rappeler la Jean Seberg de "A bout de Souffle".


Belle and Sebastian, Dear Catastrophe Waitress (Rough Trade, 2003)
Jean-Luc Godard, A bout de souffle (1960)

dimanche 14 avril 2013

La vidéo du dimanche soir


"Cargo" est un court-métrage arrivé cette année en finale du festival australien Tropfest le plus grand festival de Courts-Métrage au monde.

Je vous fais pas de pitch, et vous laisse profiter de la vidéo (à regarder en plein écran, en HD et en désactivant les annotations, vous savez comment marche Youtube...) 


Cargo, Ben Howling and Yolanda Ramke (2013)

vendredi 12 avril 2013

Tout sur [lui]

Aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon publie sa déclaration de patrimoine. C'est la tendance, vous aurez noté. Je n'apprécie pas forcément la véhémence de certains de ses propos publiques, mais je me garde en tout cas de le comparer à l'autre extrême.

Quoi qu'il en soit, ce petit texte (paru sur son blog sous le titre "Tout sur moi - mes mensurations, mon patrimoine, mes projets immobiliers") est bien écrit... et bien vu. C'est à ce titre que je le reproduis ici.



Je m’appelle Jean-Luc Mélenchon. Je suis né le 19 août 1951 à Tanger au Maroc. Je mesure 1,74m. Je pèse 79 kilos. Ma taille de chemise est 41/42. Ma taille de pantalon est 42. Je chausse du 42. Tous mes cheveux sont naturels et ils ne sont pas teintés.

[...]

Mon patrimoine a fait l’objet de publication dans toute la presse pendant la campagne présidentielle. [...] Mon patrimoine a été déclaré et contrôlé à mon entrée et sortie du ministère de l’enseignement professionnel. Il a déjà été déclaré à mon entrée et sortie du Sénat ainsi qu’à mon élection comme député européen et corrigé par moi à mesure de son évolution auprès de l’autorité indépendante dont c’est la mission officielle.

Je n’ai naturellement jamais refusé de le faire connaître. Non par goût, mais du fait de la malveillance que la moindre pudeur en la matière déchaîne chez les « Médiapart » du pauvre que sont les organes de presse qui exigent ce genre de publication. [...]

Je ne cumule aucun mandat. Naturellement, je ne cumule pas l’indemnité de sénateur et celle de député européen d’une part parce que j’ai démissionné de mon mandat de sénateur en 2009 et d’autre part parce que ce cumul est interdit par la loi. Je ne touche aucune retraite sur mes activités passées, quoi que j’en aie l’âge, car j’estime avoir un revenu suffisant et que je suis solidaire.

Je suis propriétaire de mon appartement à Paris, 76 m², trois pièces dans le 10ème arrondissement acquis pour 346 750 Euros en 2006. D’une maison de campagne dans le Loiret achetée 92 000 Euros en 1996. Inclus les héritages de mes deux parents décédés il y a cinq ans, la vente de ma permanence en Essonne, moins mes crédits, mon épargne nette est donc de 150 000 euros. Je les ai prêtés au Front de gauche pour la campagne présidentielle, ils viennent de m’être remboursés. Je compte les utiliser pour changer d’appartement, ce dont je tiendrai le grand public immédiatement informé dès que cela sera fait. Mais je ne m’engage pas à inviter la presse à la pendaison de crémaillère.

Mes droits d’auteurs sont versés à l’association « Politique à gauche » et au Parti de Gauche. Je n’ai pas de tableaux, de voiture, de bateau, ni de bicyclette, ni de chevaux.

J’ignore la valeur des œuvres d’art que j’ai réalisée avec mon pinceau, mon crayon ou mon appareil photo. J’estime qu’il s’agit d’une valeur considérable. Je possède 12 000 livres de toutes sortes que j’ai commencé à accumuler dès mes quatorze ans.

Ma banque depuis trente-cinq ans est la Caisse de crédit Mutuel de Massy.

Je cherche à acheter plus grand dans mon quartier et je remercie ceux qui peuvent me faire une offre intéressante.

Jean-Luc MélenchonTout sur moi (mes mensurations, mon patrimoine, mes projets immobiliers) (2013)

jeudi 11 avril 2013

Amnesiac [Crossed Covers]

Nul besoin de longues phrases explicatives...
Deux pochettes toutes récentes (quoique d'aspect défraîchi), couplées à Amnesiac de Radiohead.

Le visuel des Strokes ressemble à s'y méprendre à celui d'un CD promo.

the Strokes, Comedown Machine (RCA, 2013)
Black Rebel Motorcycle Club, Specter at the feast (PIAS, 2013)
Radiohead, Amnesiac (Parlophone, 2001)

[Edit - Variation chromatique] 
Shellac, 1000 Hurts (Touch and Go, 2007)

mardi 9 avril 2013

a Jean-Luc Godard meets 68 slogan / la saga Belle & Sebastian (Part.3)

Du lien entre le groupe écossais Belle and Sebastian et Jean-Luc Godard
(la suite)

Yummy Fur était un groupe indie rock de Glasgow (1992-1999). Dans une interview donnée en 2002, son leader - John McKeown évoque l'expression "Le Pastie de La Bourgeoisie", que vous savez peut-être être le titre d'une excellente chanson de B&S :

Before they did Belle and Sebastian, they were called Le Pastie De la Bourgeoisie. Me and my sister and Jamie, we lived across from Greggs, and we spray-painted that. We wanted to do a Jean-Luc Godard meets '68 slogan, but totally empty, really empty, empty statement. But Stuart must've seen it written on the side of Greggs' wall, and took it or whatever, which I thought was quite nice.


Belle and Sebastian, le pastie de la bourgeoisie
3..6..9 Seconds of Light (Jeepster, 1997)

PS: Si vous lisez comme moi, il semble ici que Belle and Sebastian se soit originellement appelé "Le pastie de la bourgeoisie"... information que je n'arrive cependant pas à recouper.

PS2: Greegs est une chaîne de boulangeries au Royaume-Uni

PS3: J'apprends à l'occasion de cet article qu'Alex Kapranos (Franz Ferdinand) vient des Yummy Fur !

PS4: Tout le monde avait reconnu Stuart Murdoch (enfant) sur la pochette de l'EP?

dimanche 7 avril 2013

Crucifiés

J'ai lu Salammbô l'hiver dernier. Ou plutôt relu. Sortant de 1000 pages de Schopenhauer (sur lesquelles je reviendrai ultérieurement), je devais avoir envie de plonger dans un roman particulièrement visuel (et exotique).

De ma première lecture (sans doute au collège), j'avais gardé deux ou trois images fortes. En réalité, elles sont innombrables, et je me faisais la réflexion en somme, qu'il s'agissait d'un roman prêt à adapter en BD (pour adulte, vu la violence de certains épisodes). Le contexte, pour rappel : "la Guerre des Mercenaires (IIIe siècle av. J.-C.), qui opposa la ville de Carthage aux Mercenaires barbares qu’elle avait employés pendant la première Guerre punique". (je cite Wikipedia par paresse).

Après une scène mémorable de banquet, ainsi que la première apparition de Salammbô, on accompagne un peu plus loin une colonne de mercenaires quittant Carthage, dans une longue et pénible marche.


Les cultures se firent plus rares. On entrait tout à coup sur des bandes de sable, hérissées de bouquets épineux. Des troupeaux de moutons broutaient parmi les pierres : une femme, la taille ceinte d'une toison bleue, les gardait. Elle s'enfuyait en poussant des cris, dès qu'elle apercevait entre les rochers les piques des soldats.

Ils marchaient dans une sorte de grand couloir bordé par deux chaînes de monticules rougeâtres, quand une odeur nauséabonde vint les frapper aux narines, et ils crurent voir au haut d'un caroubier quelque chose d'extraordinaire : une tête de lion se dressait au-dessus des feuilles.

Ils y coururent. C'était un lion, attaché à une croix par les quatre membres comme un criminel. Son mufle énorme lui retombait sur la poitrine, et ses deux pattes antérieures, disparaissant à demi sous l'abondance de sa crinière, étaient largement écartées comme les deux ailes d'un oiseau. Ses côtes, une à une, saillissaient sous sa peau tendue ; ses jambes de derrière, clouées l'une contre l'autre, remontaient un peu ; et du sang noir, coulant parmi ses poils, avait amassé des stalactites au bas de sa queue qui pendait toute droite le long de la croix. Les soldats se divertirent autour ; ils l'appelaient consul et citoyen de Rome et lui jetèrent des cailloux dans les yeux, pour faire envoler les moucherons.

Cent pas plus loin ils en virent deux autres, puis, tout à coup, parut une longue file de croix supportant des lions. Les uns étaient morts depuis si longtemps qu'il ne restait plus contre le bois que les débris de leurs squelettes ; d'autres à moitié rongés tordaient la gueule en faisant une horrible grimace ; il y en avait d'énormes ; l'arbre de la croix pliait sous eux et ils se balançaient au vent, tandis que sur leur tête des bandes de corbeaux tournoyaient dans l'air, sans jamais s'arrêter. Ainsi se vengeaient les paysans carthaginois quand ils avaient pris quelque bête féroce ; ils espéraient par cet exemple terrifier les autres. Les Barbares, cessant de rire, tombèrent dans un long étonnement. «Quel est ce peuple, pensaient-ils, qui s'amuse à crucifier des lions !»

Salammbô, Gustave Flaubert (1862)

vendredi 5 avril 2013

I'm tired

I had this feeling for a long time, and it's like I'm standing outside myself watching me do things I don't wanna do, you know? Just like seeing me like I'm somebody else but never ever being able to stop the show. I'm tired.

the Wire, David Simon (S03)

jeudi 4 avril 2013

Fans only / la saga Belle & Sebastian (Part.2)

Allez, j'enchaîne directement avec le deuxième volet de la saga Belle and Sebastian (le premier étant juste en-dessous). Je ne vous refais pas l'intro, donc.

Après "If you're feeling sinister", d'autres visuels du groupe feront apparaître des livres :
L'EP Lazy Line Painter Jane tout d'abord, avec un essai signé John Polkinghorne (tête en bas sur la photo servant d'illustration)
Si vous n'avez pas le disque à la maison, il faut me croire
(vous pouvez également essayer de zoomer, mais bon)

Suivra ensuite l'album "Fold your hands child, you walk like a peasant", avec en couverture les deux soeurs du groupe islandais Múm (Gyða et Kristín Anna Valtýsdóttir). Incarnant un personnage féminin et son reflet, elles tiennent chacune un ouvrage différent, cette fois fictif:
"Beyond the Sunrise" pour l'une, et "I Fought in a War" pour l'autre.



Même chose avec le DVD "Fans Only",
et cette pose très Godard, adoptée - pour l'anecdote - par la femme de Stuart Murdoch (le chanteur du groupe).
à suivre...

Belle and Sebastian, Lazy Lane Painter Jane EP (Jeepster, 1997)
Belle and Sebastian, Fans Only (Jeepster, 2003)
John PolkinghorneReason and Reality (1991)
Jean-Luc Godard, Le Mépris (1963)
Jean-Luc GodardAlphaville (1965)

mardi 2 avril 2013

If you're feeling sinister / la saga Belle & Sebastian (Part.1)

I will say a prayer, just while you are sitting there
I will wrap my arms around you
I know it will be fine
We've got a fantasy affair
We didn’t get wet. We didn’t dare.
Our aspirations are wrapped up in books
Our inclinations are hidden in looks

Cette strophe est extraite du morceau "Wrapped in Books" de Belle and Sebastian. L'attirance du groupe écossais pour les livres n'aura, je pense, échappé à personne (parmi mes lecteurs, j'entends). Ses clins d'oeil au cinéma de Jean-Luc Godard, bien qu'ils me paraissent évidents, sont quant à eux moins documentés. D'ailleurs la recherche "Belle and Sebastian + Godard" ne remonte aucun résultat pertinent sur Google. 

C'est l'articulation de ces thématiques que je vais m'attacher à illustrer dans cette prochaine série d'articles, qu'il faut bien me résoudre à appeler une saga (cf. page du même nom, ici même)

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En 2004, sort l'EP "Books", contenant le morceau évoqué plus haut.
En voici le visuel arrière (photographie sans doute prise lors du tournage de la vidéo de "Wrapped in Books") :

Le clip, donc :


Si tout le monde ne connaît pas ce titre (peut-être comme moi vous êtes vous éloignés du groupe après "fold your hands child you walk like a peasant"), en revanche, forcément, "If you're feeling sinister" classique parmi les classiques, vous est familier.

Pitchfork (TV) inaugurait d'ailleurs récemment sa rubrique "Pitchfork Classic" par un documentaire consacré à cet album. Sa mise en ligne coïncidait avec l'annonce de la participation du groupe à l'édition chicagoane 2013 du festival du webzine.
58 minutes, à voir ici, pour les fans.

La pochette est inoubliable :
Pitchfork, pour un bandeau, utilisait un autre visuel, jusqu'alors méconnu
On y distingue mieux le livre que lit la jeune femme :
"Le procès" de Kafka (dans l'édition ci-dessous)


C'est là la première référence littéraire (visuelle) qu'aura utilisée le groupe. Elle rappelle directement la filmographie de Jean-Luc Godard, qui renvoie explicitement en d'innombrables occurrences à des ouvrages littéraires.



D'autres pochettes de Belle and Sebastian, d'autres livres et d'autres références à Godard, dans le prochain article.
A suivre !

Belle and Sebastian, Books (Rough Trade, 2004)
Belle and Sebastian, If you're feeling sinister (Jeepster, 1996)
Jean-Luc Godard, Made in USA (1966)
Jean-Luc GodardMade in USA (1965)
Franz Kafka, le procès (1925)
Horace McCoy, Adieu la vie, adieu l'amour (1949)