lundi 26 mai 2008

Pretty Eyes

Court extrait d'une des plus belles chansons
que je connaisse.
Pour faire suite au concert de Silver Jews
[...]

I believe the stars are the headlights of angels
driving from heaven to save us
to save us
Won't you look at the sky?
They're driving from heaven into our eyes
and though final words are so hard to devise
I promise that I'll always remember your pretty eyes
your pretty eyes

[Cassie Berman]

Silver Jews - Pretty Eyes
the Natural Bridge (Drag city, 1996)
www.myspace.com/silverjews

samedi 24 mai 2008

having the desire to remember

Alors qu'Islands évoquait
la disparition subite - et salvatrice -
du désir de se souvenir,
Tamina, héroïne centrale d'une des variations de Kundera
sur
le rire et l'oubli, veut se souvenir.


Depuis quelque temps, elle était désespérée parce que le passé était de plus en plus pâle. Elle n'avait de son mari que la photographie de son passeport, toutes les autres photos étaient restées à Prague dans l'appartement confisqué. Elle regardait cette pauvre image tamponnée, écornée, où son mari était pris de face (comme un criminel photographié par l'Identité Judiciaire) et n'était guère ressemblant. Chaque jour elle se livrait devant cette photographie à une sorte d'exercice spirituel : elle s'efforçait d'imaginer son mari de profil, puis de demi-profil, puis de trois quarts. Elle faisait revivre la ligne de son nez, de son menton, et elle constatait chaque jour avec effroi que le croquis imaginaire présentait de nouveaux points discutables où la mémoire qui dessinait avait ses doutes. [...]
Elle avait donc mis au point une technique particulière de remémoration. Quand elle était assise en face d'un homme, elle se servait de sa tête comme d'un matériau à sculter : elle la regardait fixement et elle refaisait en pensée le modelé du visage, elle lui donnait une teinte plus sobre, y plaçait les tâches de rousseur et les verrues, rapetissait les oreilles, colorait les yeux en bleu.
Mais tous ces efforts ne faisaient que démontrer que l'image de son mari se dérobait irrévocablement. Au début de leur liaison, il lui avait demandé (il avait dix ans de plus qu'elle et s'était déjà fait une certaine idée de la misère de la mémoire humaine) de tenir un journal et d'y noter pour tous les deux le déroulement de leur vie. Elle s'était rebellée, affirmant que c'était se moquer de leur amour. Elle l'aimait trop pour pouvoir admettre que ce qu'elle qualifiait d'inoubliable put être oublié. Evidemment, elle avait fini par lui obéir, mais sans enthousiasme. Les carnets s'en ressentaient : bien des pages y étaient vides et les notes fragmentaires.


Elle avait vécu onze ans en Bohême avec son mari, et les carnets laissés chez sa belle-mère étaient, eux aussi, au nombre de onze. Peu après la mort de son mari, elle avait acheté un cahier et l'avait divisé en onze parties. Elle était certes parvenue a se remémorer bien des événements et des situations à moitié oubliés, mais elle ne savait absolument pas dans quelle partie du cahier les inscrire. La succession chronologique était irrémédiablement perdue.
Elle avait d'abord tenté de retrouver les souvenirs qui pourraient servir de points de repère dans l'écoulement du temps et devenir la charpente principale du passé reconstruit. Par exemple leurs vacances. Il devait y en avoir onze, mais elle ne pouvait s'en rappeler que neuf. Il y en avait deux qui étaient à jamais perdues. [...]
Elle voulait aussi se souvenir de tous les noms qu'il lui avait donnés. Il ne l'avait appelée par son vrai nom que pendant les quinze premiers jours. Sa tendresse était une machine a fabriquer continuellement des surnoms. Elle avait beaucoup de noms et comme chaque nom s'usait vite, il lui en donnait sans cesse de nouveaux. Pendant les douze ans qu'ils avaient passés ensemble, elle en avait eu une vingtaine, une trentaine, et chacun appartenait à une période précise de leur vie.
Mais comment redécouvrir le lien perdu entre un surnom et le rythme du temps? Tamina ne parvenait à le retrouver que dans quelques cas. [...] Mais tous les autres noms volaient en dehors du temps, libres et fous comme des oiseaux échappés d'une volière.
C'est pourquoi elle désire si désespérement avoir chez elle ce paquet de carnets et de lettres.
Evidemment, elle sait qu'il y a aussi dans les carnets pas mal de choses déplaisantes, des journées d'insatisfaction, de disputes et même d'ennui, mais il ne s'agit pas de ça du tout. Elle ne veut pas rendre au passé sa poésie. Elle veut lui rendre son corps perdu. Ce qui la pousse, ce n'est pas un désir de beauté. C'est un désir de vie.
Car Tamina est à la dérive sur un radeau et elle regarde en arrière, rien qu'en arrière. Le volume de son être n'est que ce qu'elle voit là-bas, loin derrière elle. De même que son passé se contracte, se défait, se dissout, Tamina rétrécit et perd ses contours.
Elle veut avoir ses carnets pour que la fragile charpente des événements, telle qu'elle l'a construite dans son cahier, puisse recevoir des murs et devenir la maison qu'elle pourra habiter. Parce que, si l'édifice chancelant des souvenirs s'affaisse comme une tente maladroitement dressée, il ne va rien rester de Tamina que le présent, ce point invisible, ce néant qui avance lentement vers la mort.


Milan Kundera
, Le livre du rire et de l'oubli (1978)
Magritte, La Mémoire (1948)

forgetting the desire to remember

barefoot, passing through
I knelt down to get a better view
of what grew there
Well what grew there?
scared, heard a terrible sound
lay down played dead
that's when i heard it clearer

in the rushes a voice said :
"you could walk around forever
and never notice me
a little clother in the rushes
hiding down among the reeds"

a seed
i swallowed
it digested quick
but not enough to not make me sick, i lost it
it tasted like a light going off inside my mind

then suddenly i was out of harm's way
forgetting the desire to remember
trance tourist vanished
finished damaged playback
i felt myself unraveling at a race track
i felt myself unraveling at a race track

then i coughed up blood
scraped it off my tongue
sucked it off my thumb
but it was rotten
care, take care
i knelt down but you weren't there
anymore
I was pushed into a bush
in the rushes on the screen
it was all acting

I can't believe it
believe that i had seen it
remembered who was in my arms
remembered when i had arms
it's like a dream
the way that it unfolded
like i'd been in the rushes without knowing
I kissed it but i must admit
I missed it now i forget
like i'd been in the rushes without knowing
you've been forgotten
you've been forgotten
you are forgotten
it's been forgotten
you're all forgotten







Islands
- in the rushes
Arm's Way (Rough Trade, 2008)
www.myspace.com/islandsareforever

lundi 19 mai 2008

My Pillow is the threshold

.

I take decaf coffee, Two sugars and one cream
I don't see the use in staying up just to watch TV.
I unplug all the neon. Turn the ringer off the phone
I throw my thoughts like tomahawks into this world which I
---------------------------------------------------------------[disown

Because the pillow that I dream on is the threshold of a Kingdom,
is a threshold of a world where i'm with you
it's dark and snowy secret, and it has to do with heaven,
and what looks like sleep is really hot pursuit.

I hold your picture in my mind, It makes me warm when I'm cold
It gets me up and it makes me walk /
/ It makes me question what i'm told
Somewhere in a foggy atlas, Look out mountain, look out sea
Life takes time then time takes life. Now the next move's up to me

Because the pillow that I dream on leads to some fantastic glory
It's a threshold of a world i can't ignore
like time unspooled from heaven /
/ Did you find me sleeping in your doorway?
Now i'm here for good, I won't leave you anymore

Silver Jews - My Pillow is the threshold
Look out Mountain, Look out Sea (Drag City, 2008)
www.myspace.com/silverjews

jeudi 8 mai 2008

When i grow old

Arrangeur... Voilà un chouette métier



Notre-Dame (Arnaud Fleurent-Didier) - la condamine
Comment l'amour est mort (French Touche, 2002)

dimanche 4 mai 2008

Mes nouveaux amis

Certains soirs ça vous surprend
Ils ne vous reconnaissent pas
Ils ont le coeur bien trop grand
Pour vous serrer dans les bras
Quand ils n'ont rien à donner
C'est qu'ils ont déjà tout pris
Ils n'ont plus rien à prouver
Et ils sont déjà partis

Mais bon Dieu j'aurais mieux fait
D'aller fouetter mon chat
Me voilà satisfait
Je suis l'ombre de moi
Imbécile j'ai rien compris
Et leurs couteaux s'aiguisent
J'espérais à tout prix
Echanger ma chemise

Mes nouveaux amis
N'ont pas d'amis

Ils sont sereins de penser
Comme des rouleaux compresseurs
Je deviens tout ramassé
Quelqu'un m'a demandé l'heure
J'ai bousillé le parquet
Avec mes chaussures pourries
Servi le karaoké
A tous ceux du Rotary

Quel idiot, j'étais bien mieux
Dans mon lit à deux places
Je deviens injurieux
Saloperie de pétasse
J'aurais mieux fait de courir
Dans un chemin d'orties
Au lieu de m'endormir
Dans l'aube d'un taxi

Mes nouveaux amis
N'ont pas d'amis

Florent Marchet - Mes nouveaux amis
Gargilesse (Barclay, 2004)
www.myspace.com/florentmarchetmusic

samedi 3 mai 2008

Julie

Julie, seule figure féminine du roman musical Frère animal, outre bien sûr l'Entreprise personnifiée (La Mère Nourricière),
Seul "enfant" à échapper - temporairement - à l'emprise de la Mère, à passer "entre les mailles du filet".
Seule lumière du roman.
Elle s'adresse ici à Thibaut, le personnage central de cette histoire.



Si tu veux me perdre, il te faudra me décevoir bien plus que ça
Passer les bornes d'un autre état
Aller plus loin
Tu n'y es pas
Te donner les moyens que je perde les miens et que je déchante enfin

Pour me désarmer, il te faudra plus d'acharnement au combat que tu n'en as jamais montré.
Auras-tu l'âme des guerriers?

Toi, l'enfant, tes promesses de sang
Et dans la voix, ces airs qui ne te vont pas

Désolée, je suis dure à la douceur
Désolée, je suis sûre de ta douleur
Et je laisse passer les heures

Si tu continues à me chercher, à vouloir me décourager, je crains que tu ne sois déçu, j'ai l'endurance du déjà-vu

Rappelle-toi ces croix que je ne ferai pas sur ton cas
Je ne renoncerai pas

Tu fais des merveilles, rien n'est pareil, quand tu crois que tes coups m'atteignent
Tu finiras par t'épuiser et revenir les yeux percés

Je ne suis pas de celles qui baissent les bras quand un enfant compose un rôle de tyran

Désolée, je suis dure à la douceur
Désolée, je suis sûre de ta douleur
Et je laisse passer les heures

Si tu veux me perdre, il te faudra me blesser mais tu ne sais pas


Valérie Leulliot - Désolée
Arnaud Cathrine, Florent Marchet - Frère Animal (Editions Verticales, 2008)
www.myspace.com/frereanimal

vendredi 2 mai 2008

I’m happy now but for how long?

A nouveau des lyrics de Malcolm... Sombres à outrance; Je me demande toujours comment peuvent réagir des amis, parents ou proches à l'ecoute de telles paroles (idem pour Mendelson)


On a Monday night I’m nothing
on a Tuesday night I’m nobody
on a Wednesday Thursday Friday night I’m sad
Then the weekend comes to haunt me
Of all the places I should be
Minding me of the best times I ever had

So there’s nothing wrong with being alone
No need to call the doctor
Sometimes people need to be by themselves
And there’s nothing weird about hating yourself
When you’ve seen the hours I’ve spent
Darkness comes and darkness goes
Just like my good times went

Old and driving
Tired from straying too far
My head won't give me a break
And the rest is making my history
I never seem to make the right decision anytime
I need to crash this piece of shit into a tree that fits

So I don’t know how to finish this song
I’m happy now but for how long
I’m a sad tune and I’ll have to keep the tone
Well it’s only a matter of time before I feel like shit again
I’m a happy army marching to defeat


Malcolm middleton - Monday Night Nothing
into the woods (chemical undergroung, 2005)
www.myspace.com/malcolmmiddleton