mercredi 31 mai 2017

Sasquatch Festival 2017

Avant le coup d'envoi des festivals, accoutumons-nous par palier, avec aujourd'hui, une poignée de photos du festival Sasquatch 2017 (signées Matthew Lamb, sauf mention contraire).

Thee Oh Sees

Car Seat Headrest

Blitzen Trapper

the Shins

Sleigh Bells

Aesop Rock (photo Matthew B. Thompson)

Phantogram
(feat. une Sarah Barthel de nouveau blonde, et habillée en Force G)

Charles Bradley

LCD Soundsytem

mardi 30 mai 2017

I want your eyes

Parfait complément de "I am not your negro" (dans un tout autre style), "Get Out", en ce moment au cinéma...

samedi 27 mai 2017

Quand tout espoir a disparu

Dernier extrait de ce roman de William Boyd, qui se déroule dans le sud profond des l'Amérique, burlesque à souhait, et toile de fond idéale pour un film des frères Coen.

Ils regagnèrent Gage Mansion en silence. Henderson se sentit soudain étrangement calme. Tout avait si mal tourné que, pour la première fois depuis des siècles, il éprouvait une sorte de certitude à l'égard de l'avenir. Quand tout espoir a disparu, la vie n'est plus qu'une question de laisser passer les heures et les jours, raisonna-t-il. Sans plus d'ambitions ni d'aspirations, il ne s'agit que d'une survie banale et résignée. [...] toutes les entreprises et projets divers qui avaient dominé son existence depuis des semaines n'existaient plus. L'avenir s'étirait devant lui, vide et sans intérêt.
Il lui faudrait recommencer, voilà tout, remplir les trois prochaines décennies de nouveaux passe-temps et distractions. Mais il abaisserait le niveau de ses ambitions : pas d'idées grandioses ou prétentieuses à propos de "changement" ou de "découverte de soi". Un retour en Angleterre venait en priorité : des ambitions amoindries seraient mieux à leur place là-bas.

William Boyd, La croix et la bannière (1984)

mercredi 24 mai 2017

Poster of the Week


Festival Villette Sonique, feat. notamment the Goon Sax (enfin!), mais aussi pleins de trucs bien barrés, qu'ils soient émergents ou établis. Ca commence demain ! 

mardi 23 mai 2017

I dreamed the perfect song

Un absence. Un oubli. Une coquille d'impression. Un bug.
Je ne peux m'expliquer autrement de n'avoir pas (ne serait-ce que) cité l'album "Sometimes I Wish  We Were An Eagle" de Bill Callahan dans mon bilan musical 2009... ni donc, mécaniquement, dans mon top des 00's.

Parce que, clairement, c'est un des plus réussis de sa discographie (càd pas très loin du sommet "The Doctor Came at Dawn"), avec en outre des arrangements d'une extrême délicatesse. Dans le morceau suivant, Bill Callahan nous raconte deux rêves successifs. Dans le second il compose la "chanson parfaite", qui plus est, porteuse de "toutes les réponses". Le lendemain matin, il lira ces bribes de paroles, griffonnées à la hâte dans la nuit :

Eid ma clack shaw zupoven del ba
Mertepy ven seinur cofally ragdah

Inoubliables.


Working through death's pain
Last night I swear I felt your touch, gentle and warm
The hair stood on my arms - how, how, how?
Show me the way, show me the way
Show me the way to shake a memory

I flipped my forelock, I twitched my withers, I reared and bucked
I could not put my rider aground
All these fine memories are fucking me down
I dreamed it was a dream that you were gone
I woke up feeling so ripped by reality
Love is the king of the beasts
And when it gets hungry it must kill to eat
Love is the king of the beasts
A lion walking down city streets

I fell back asleep some time later on
And I dreamed the perfect song
It held all the answers, like hands laid on
I woke halfway and scribbled it down
And in the morning, what I wrote, I read
It was hard to read at first but here's what it said:
"Eid ma clack shaw zupoven del ba
Mertepy ven seinur cofally ragdah"
"Eid ma clack shaw zupoven del ba
Mertepy ven seinur cofally ragdah"

Show me the way, show me the way
Show me the way to shake a memory

Bill Callahan, Eid Ma Clack Shaw
Sometimes I Wish  We Were An Eagle (Drag City,  2009)

dimanche 21 mai 2017

vendredi 19 mai 2017

L’invraisemblable cité

Venise, destination choisie par Gustav d’Aschenbach dans cette nouvelle (et par d'autres) pour échapper à l'ordinaire... Venise, ses canaux et ruelles, ses palais, ses campi et SA place San Marco.


C’était donc elle, il allait une fois encore y atterrir à cette place qui confond l’imagination et dont l’éblouissante, la fantastique architecture emplissait d’émerveillement et de respect les navigateurs abordant autrefois le territoire de la république : l’antique magnificence du Palais et le Pont aux soupirs, sur la rive, les colonnes, le lion, le saint, la fastueuse aile en saillie du temple fabuleux, la vue sur la Porte et la Grande Horloge ; et à ce spectacle il se prenait à penser qu’arriver à Venise par le chemin de fer, c’était entrer dans un palais par la porte de derrière ; il ne fallait pas approcher l’invraisemblable cité autrement que comme lui, en bateau, par le large.

Thomas Mann, la mort à Venise (1913)

jeudi 18 mai 2017

Echapper à l’ordinaire

Quelque chose en lui le poussait à partir sans savoir encore où se rendre. Il étudiait l’horaire des bateaux, il interrogeait l’horizon, et tout d’un coup – comment n'y avait-il pas pensé plus tôt ? – il vit où il fallait aller. Où va-t-on quand on veut du jour au lendemain échapper à l'ordinaire, trouver 'incomparable, la fabuleuse merveille ? Il le savait. Que faisait-il ici ? Il s’était trompé. C’est là-bas qu’il avait voulu aller. Sans délai, il annonça [...] qu’il partait. Moins de quinze jours après son arrivée [...], un canot automobile le ramenait à toute vitesse dans le port de guerre et il n'atterrit que pour aussitôt traverser la passerelle qui le conduisit au pont mouillé du bateau prêt à appareiller pour Venise.

Thomas Mann, la mort à Venise (1913)

(à suivre...)

mercredi 17 mai 2017

Un bleu d'encre glacial

Dépaysé, apeuré, il se sentait soudain perdre pied. Un jour, pendant des vacances en Méditerranée, il s'était retrouvé tout seul dans un petit bateau à un mille environ de la plage. Sous lui, l'eau était d'un bleu turquoise translucide avec parfois la tâche sombre d'un rocher ou d'un bouquet d'algues sur le sable à quelques brasses de la quille. Et puis il avait franchi le rebord de la plate-forme continentale ou de quelque grande faille des fonds marins, et un bleu d'encre glacial avait remplacé l'étincelant turquoise. Le petit bateau avait continué sa course, la chaleur du soleil sur ses  épaules n'avait pas diminué mais pourtant, à cet instant, il avait eu envie de crier. Tous ces kilomètres d'eau noire sous lui, avec ces choses pâles y nageant. Il avait fait immédiatement demi-tour. II avait une peur atroce des profondeurs...

William Boyd, La croix et la bannière (1984)

jeudi 4 mai 2017

An emotional poverty so bottomless

I have always been struck, in America, by an emotional poverty so bottomless, and a terror of human life, of human touch, so deep that virtually no American appears able to achieve any viable, organic connection between his public stance and his private life. This failure of the private life has always had the most devastating effect on American public conduct, and on black-white relations.

If Americans were not so terrified of their private selves, they never would have become so dependent on what they call "the Negro problem". This problem, which they invented in order to safeguard their purity, has made of them criminals and monsters, and it is destroying them. And this, not from anything blacks may or may not be doing but because of the role of a guilty and constricted white imagination as assigned to the blacks.

If Americans were not so terrified of their private selves, they would never have needed to invent and could never have become so dependent on what they still call ‘the Negro problem.’ This problem, which they invented in order to safeguard their purity, has made of them criminals and monsters, and it is destroying them; and this not from anything blacks may or may not be doing but because of the role a guilty and constricted white imagination has assigned to the blacks… People pay for what they do, and, still more, for what they have allowed themselves to become. And they pay for it very simply: by the lives they lead. The crucial thing, here, is that the sum of these individual abdications menaces life all over the world.

Propos de James Baldwin entendus dans
I am not your negro, Raoul Peck (2017)


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Bonus citation :

"It is certain, in any case, that ignorance, allied with power,
is the most ferocious enemy justice can have."

mardi 2 mai 2017

A picture of every day I've had

18 ans après ses 69 love songs, Stephin Merritt publie un nouveau concept album XXL, célébrant cette fois son jubilé. 50 Song Memoir, soit une chanson, une angle, une humeur par année.
En voici une assez en phase avec le propos ce blog.


I wish I had pictures of every old day
Cause all these old memories are fading away
There used to be pictures, but they faded too
Or got lost in the hubbub, or I'd show them to you

Of all my old lovers, folks I used to know
And those I still care for, who died long ago
The glamorous cities, each cute little town
The trees turning purple and yellow and brown

If I were an artist, with charcoal and pad
I'd make my own pictures of each day I've had
If I were a poet, I'd know the right word
I'd make it pretty, and grand, and absurd
If I were an actor, with just a wisecrack
Or some little gesture, I'd bring it all back

But I'm just a singer; it's only a song
The things I remember are probably wrong
I wish I had pictures of every old day
Cause all these old memories are fading away

the Magnetic Fields, '14: I Wish I Had Pictures
50 Song Memoir (Nonesuch Records, 2017)


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En Bonus, Stephin Merritt