vendredi 25 septembre 2020

10 ans, 40 albums (Part.4)

Ce vendredi 25 septembre, paraît "The Ascension", nouvel album de Sufjan Stevens. L'occasion de révéler le volet de ma sélection 10's dans lequel il figure!


Il faut dire qu'il ne s'agit ici que d'habitués et d'artistes confirmés. Sufjan Stevens, donc, représenté par l'intimiste "Carrie & Lowell" et le fantasque "The Age of Adz". Mark Kozelek, ensuite... il aura fallu qu'il collabore avec Jimmy Lavalle (Album Leaf, Tristeza) pour que j'adhère totalement et sans réserve à l'un de ses disques.  Ce bon vieux Billou (Bill Callahan), enfin, assez constant dans l'excellence, et le discret Dan Bejar aka Destroyer.

Sufjan Stevens  Lowell and Carrie (2015)
Bill CallahanApocalypse (2011)
Sufjan Stevensthe Age of Adz (2010)
DestroyerKaputt (2011)
Mark Kozelek and Jimmy LaVallePerils from the Sea (2013)

D'autres artistes arriveront-ils à placer plusieurs albums dans ma sélection décennale? à suivre, prochainement, sur Arise Therefore.

Bonus Tracks :
Non retenus, dans une veine pas trop éloignée :
Black Belt Eagle Scout – At the Party With My Brown Friends
Damien Jurado – The Horizon Just Laughed
Jim Guthrie – Takes Time
Oh! PearsWild Part Of The World
Shana Cleveland and the SandcastlesOh Man, Cover the Ground

mardi 22 septembre 2020

Both the most inessential and the most essential thing

Le quatrième album de Fleet Foxes est disponible en version numérique depuis aujourd'hui. Pour l'anecdote, il a été annoncé par des affiches collées dans Paris, et c'est par une photo twittée depuis la rue de Charonne que les medias américains ont découvert l'imminence de sa sortie. 

Voici quelques mots de Robin Pecknold, leader de Fleet Foxes, qui accompagnent la sortie du disque. Il y parle de sa vie de musicien, discute créativité, dans le contexte de cette année 2020 si particulière.  

Since the unexpected success of the first Fleet Foxes album over a decade ago, I have spent more time than I’m happy to admit in a state of constant worry and anxiety. Worried about what I should make, how it will be received, worried about the moves of other artists, my place amongst them, worried about my singing voice and mental health on long tours. I’ve never let myself enjoy this process as much as I could, or as much as I should. I’ve been so lucky in so many ways in my life, so lucky to be born with the seeds of the talents I have cultivated and lucky to have had so many unreal experiences. Maybe with luck can come guilt sometimes. I know I’ve welcomed hardship wherever I could find it, real or imagined, as a way of subconsciously tempering all this unreal luck I’ve had. By February 2020, I was again consumed with worry and anxiety over this album and how I would finish it. But since March, with a pandemic spiraling out of control, living in a failed state, watching and participating in a rash of protests and marches against systemic injustice, most of my anxiety around the album disappeared. It just came to seem so small in comparison to what we were all experiencing together. In its place came a gratitude, a joy at having the time and resources to devote to making sound, and a different perspective on how important or not this music was in the grand scheme of things. Music is both the most inessential and the most essential thing. We don’t need music to live, but I couldn’t imagine life without it. It became a great gift to no longer carry any worry or anxiety around the album, in light of everything that is going on. A tour may not happen for a year, music careers may not be what they once were. So it may be, but music remains essential. This reframing was another stroke of unexpected luck I have been the undeserving recipient of. I was able to take the wheel completely and see the album through much better than I had imagined it, with help from so many incredible collaborators, safe and lucky in a new frame of mind.

Fleet foxes, Shore (2020)

lundi 21 septembre 2020

10 ans, 40 albums (Part.3)

Troisième salve de mon top musical des années 2010s.
Do you speak french ?


Cinq albums français. Origines : Valence, Orléans, Grenoble, Dax et Paris. Ambiance : labels Lithium et Ici d'Ailleurs. Fortement imprégné du catalogue du premier, Gontard a d'ailleurs été signé sur le tard sur le second. Il est présent ici pour l'ensemble de son oeuvre : j'aurais pu retenir un autre album, une mixtape, l'un de ses EPs, mais je choisis in fine "Tout naît, tout s'achève dans un disque". Jérôme Minière, depuis sa retraite montréalaise, continue son parcours sans faute, entamé en 1996 sur Lithium. Dilemme, là encore, allez, va pour son album 2018 (sinon, c'aurait été "Le Vrai Le Faux"). Vient ensuite le punk à synthé de Taulard, pour lequel j'ai un attrait presque irrationnel. En 2014, j'en avais même quitté le festival Pitchfork pour me rendre à leur concert à la Mécanique Ondulatoire. Grand disque "coup de poing" (ou, pour être exact, "coup de poing dans la gueule"), Rhume, dans la grande tradition de ce que le Sud-Ouest sait nous offrir de mieux (Arnaud Michniak, Non-Stop...). Concluons avec ce groupe unique, adulé par certains et dénigré par d'autres, seul ici à avoir composé des hymnes générationnels, indubitablement marquants : Fauve.

Gontard! – Tout naît, tout s'achève Dans un disque (2018)
Rhume – s/t (2013)
TaulardLes abords du lycée (2014)
FauveVieux Frères, Part.1 (2014)
Jérôme Minière – Dans la forêt numérique (2018)


Bonus Tracks :
Finalement écartés dans ce groupe :
Chevalrex – Futurisme
Gontard  Repeupler
Gontard2029
Jérôme Minière – Le Vrai Le Faux
Tue-Loup – 9

samedi 19 septembre 2020

La trépidation interne

Crise d'angoisse, une description.

Les crises d'angoisse que j'étais parvenu à chasser dernièrement refont leur apparition. Ca ne prévient pas, ça arrive. Je mange, je regarde un film ou je trie une pile de disques et soudain, comme une digue cédant sous une pression trop longtemps contenue, un flot de pensées confuses et contradictoires maintenues à disstance sourd furieusement, innervant sans pitié toutes les parcelles de mon cerveau. Je suis transpercé de flèches réflexives dont les pointes attaquent ma raison. Je suis colonisé par des flux d'effroi, propulsé en trombe sur des montagnes russes, téléporté dans le couloir d'Alphaville. A chaque porte, le seuil du vide qui m'appelle et m'aspire. Travelling compensé sur ma conscience assiégée qui exhorte en vain à la clémence et déclare forfait. Les idées se confondent et se brouillent, s'épaississent, s'obscurcissent. Des images sans rapport entre elles s'entrechoquent. Je bats la chamade mais personne avec qui négocier. C'est la grève des synapses, un tsunami s'abat sur mes neurones.
La respiration s'emballe. L'air vient à manquer. On cherche à m'asphyxier là-haut où le maelström se déchaîne. Le pouls pulse néfaste et furieux. Je veux hurler mais aucun son ne franchit ma bouche.

Frank Beauvais, Ne croyez surtout pas que je hurle (2020)

mercredi 16 septembre 2020

10 ans, 40 albums (Part.2)

Cinq nouveaux albums révélés de ma sélection des 10s.


Place à la musique instrumentale. Ambiante et électronique tout d'abord. Tout en cliquetis pour Loscil (mieux que toutes les vidéos ASMR de youtube) et en grésillements pour Tim Hecker qui signe la bande-son idéale pour dériver indéfiniment dans l'espace(-temps). Tout aussi captivant, mais avec une prédominance d'instruments analogiques cette fois (on entend même le bruit des doigts sur les cordes de la guitare), Tape, groupe suédois, difficile à googler, si bien que certaines vidéos de cet album "Casino" n'ont que 8 likes et 200 vues. Filez écouter ça, c'est très joli (labradford n'est pas loin). Plus nerveux et électrique, Esmerine... loupé cette décennie deux fois en concert, ah la la, quel regret. Esmerine, c'est à la base un duo de musiciens de l'écurie Constellation (Godspeed You! Black Emperor, Thee Silver Mt. Zion, Set Fire to Flames...), dont Beckie Foon au violoncelle. Sur cet album adoré, on retrouve en outre - pour l'anecdote - le batteur Jamie Thompson (The Unicorns), et - pour la beauté - la violoniste de Godspeed, Sophie Trudeau. Signature surprise du label Constellation enfin, nos bons vieux Tindersticks... qui ont peut-être livré là leur meilleur album !

Tim Hecker - Ravedeath 1972 (2011)
Esmerine - Lost Voices (2015)
TapeCasino (2014)
LoscilSketches From New Brighton (2012)
TindersticksThe Something Rain (2012)

(à suivre)


Bonus Tracks :
Finalement écartés dans ce groupe :
Tim Hecker – Dropped Pianos (2011)
Do Make Say Think – Stubborn Persistent Illusions (2017)
Low - Double negative (2018)

#lesaviezvous : Scott Morgan de loscil a été batteur pour Destroyer

lundi 14 septembre 2020

Des jeunes filles et épouses agréables

Il y a quelques jours, je relayais ici un article, dans laquelle l'autrice parlaient de  ces mères "qui élèvent ses filles afin, surtout, qu’elles soient les plus gracieuses et aimables possibles."
Je ne pensais pas que cette pensée recouperait à ce point ce que Marianne (dans "Scènes de la vie conjugale") écrivait dans son journal intime. Le résultat d'un regard rétrospectif sur sa vie, qu'elle livre à son mari... hélas endormi


[... ] j'ai regardé une vieille photo sur mon bureau où j'étais avec mes camarades de classe. j'avais 10 ans. Et j'ai eu tout à coup la révélation de quelque chose qui se préparait depuis longtemps et qui toutefois était encore insaisissable. À ma grande surprise, j'ai découvert que je ne savais pas qui j'étais. Absolument pas. J'ai toujours fait ce que mon entourage me demandait de faire. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai été obéissante, flexible et arrangeante.


Maintenant que j'y réfléchis, je me souviens qu'enfant, j'ai eu de violents accès de colère pour affirmer ma personnalité. Mais ma mère punissait chacun de mes manquements aux conventions et chacune de mes incartades avec une sévérité exemplaire qui n'a plus cours de nos jours. Toute mon éducation et celle de mes sœurs a eu pour unique but de faire de nous des jeunes filles, et plus tard des épouses, agréables.



J'étais plutôt laide et peu gracieuse. C'est une chose qu'on me pardonnait mal et qu'on ne manquait pas de me répéter. Au fur et à mesure que j'avançais en âge, j'ai découvert que si je ne disais pas ce que je pensais, et qu'au contraire, je devenais la jeune fille polie et prévenante que l'on souhaitait mon attitude était payante. Je devenais un exemple et la fierté de mes parents. J'ai commencé le grand jeu de la tricherie à l'époque de la puberté et de mes premiers émois.. A ce moment là, toutes mes pensées, mes actes, mes sentiments tournaient autour de la sexualité. Etant donné mon système d'éducation, je n'en ai jamais soufflé mot à mes parents, ni à personne d'autre, d'ailleurs. Alors je suis entrée dans le cerce vicieux du mensonge, des échappatoires et de la dissimulation. Mon père voulait que je sois avocat, comme lui. Une seule fois, j'ai laissé entendre que le droit ne me plaisait pas que je voulais être comédienne. Ou en tout cas m'occuper de théâtre, même si je ne montais pas sur les planches. Mes parents m'ont tout simplement ri au nez. Alors j'ai pris la forte résolution de mentir quoiqu'il arrive. Je voyais donc des tas de gens sans leur permission, j'avais des fréquentations masculines. C'était la dissimulation permanente. Et aussi des efforts désespérés pour plaire aux adultes. 

Je n'ai jamais pensé : "Marianne, qu'est-ce que TU veux ?"
Mais toujours : "Marianne, qu'est-ce que les autres ont envie que tu veuilles ?"

Mais cette façon de penser n'était pas du détachement comme je le croyais à l'époque. Au contraire c'était une forme de lâcheté pernicieuse et, plus grave, cela traduisait une totale méconnaissance de moi-même. A mon avis, notre erreur a été de n'avoir pas su rompre avec nos deux familles, afin de créer une cellule durable qui soit la base de notre vie commune et le garant de la réussite de notre couple.

Scènes de la vie conjugale, Ingmar Bergman (1974)

vendredi 11 septembre 2020

10 ans, 40 albums (Part.1)

Allez, c'est parti pour ma sélection d'albums des 10's (2010 - 2019). "Sélection", et pas "classement". Je l'ai construite comme si je devais emporter ces disques et n'écouter plus qu'eux, c'est-à-dire que j'ai eu le souci de ménager une certaine variété. Aussi les tranches annoncées plus haut renferment-elles des groupes ou artistes "proches" (par le genre musical... ou par un lien subjectif plus ténu).

J'entame cette série d'articles par un quintuplet d'artistes qui donnent de leur personne... et surtout de leur voix. 


Les Mancunéens de Wu Lyf ne qualifiaient-ils pas leur musique de "Heavy pop" ? La comète Wu Lyf est apparue de nulle part, avant d'exploser en vol (Luh, Francis Lung...). Je me souviens n'avoir pas pu entrer dans une Mécanique Ondulatoire, forcément trop petite, les accueillant un soir de juin 2011. Restent leur engagement artistique, musical et le chant rauque d'Ellery Roberts. Pas vraiment disposés à ménager leurs cordes vocales non plus, Deafheaven et La Dispute : "Post-métal" pour l'un, "post-hardcore" pour l'autre. J'aurais pu choisir à peu près n'importe quel album de La Dispute (MI, US), mais pour Deafheaven, je tiens vraiment à "Sunbather", musicalement si abouti. Spencer Krug ensuite, l'un de mes chouchous, que ce soit en solo dans Moonface ou au sein de Sunset Rubdown, Swan Lake ou encore Wolf Parade, son projet finalement le plus facile d'accès. Gros souvenirs en live pour ces trois groupes, mais, avouons-le, Samuel T. Herring (Future Islands) est imbattable, tant il incarne sa musique sur scène. Vu sur la plage du Glaz'art en 2012, il publiera deux ans plus tard "Singles", qui marquera le début de succès et de la reconnaissance.

Future Islands – Singles (2014)
Wolf Parade – Cry Cry Cry (2017)
La Dispute – the Rooms of the House (2014)
Deafheaven – Sunbather (2013)
Wu Lyf – Go tell fire to the mountain (2011)

(à suivre)

"Bonus Tracks"
Finalement écarté dans ce groupe :
Black Midi  Schlagenheim (2019)

mercredi 9 septembre 2020

Que dire de plus ?

Bergman, c'est la réalité nue, crue, sans fard... comme dans ces "Scènes de la vie conjugale", série tv de six épisodes, remontée en film un an plus tard (donc en 1974). Au cours du premier épisode, nous faisons la connaissance de Johan et Marianne, dix ans de mariage, interviewés par une journaliste qui souhaite en dresser le portrait.

Journaliste: Comment vous décririez-vous en quelques mots ?

Johan : Ce n'est pas facile, ça. J'ai peur qu'on se méprenne sur ce que je dis... Je risque de passer pour un vantard si je me définis comme un homme intelligent, jeune, équilibré, brillant, belle situation et sexy. J'ai une conscience politique. Je suis cultivé, sociable. Que dire de plus ? Je suis amical, même avec les gens simples. Je suis sportif. Bon père de famille et bon fils. Je n'ai pas de dettes. Je paie mes impôts. Je respecte notre gouvernement quelles que soient ses options. J'adore la famille royale. Je ne suis plus croyant. Vous faut-il d'autres détails ? Je suis un amant fabuleux, n'est-ce pas ?


Journaliste: Laissons celà... Toi, Marianne, qu'as-tu à dire ?

Marianne: Que dire ? Je suis la femme de Johan et j'ai deux filles. Je ne vois rien d'autre.

Johan : Mais si. Réfléchis. 

Marianne: Johan est très agréable à vivre.

Johan : Merci, c'est gentil. [...]

Marianne: Je n'ai pas une aussi haute opinion de moi que Johan. Mais pour être honnête, mon existence me convient. J'ai une bonne vie, si vous voyez ce que je veux dire. Que dire de plus ? Ce que c'est difficile !

Johan : Elle est très bien faite.

Marianne: Tu plaisantes, alors que moi, j'essaie d'être sérieuse. J'ai deux filles : Karin et Eva.

Johan : Tu te répètes.

Scènes de la vie conjugale, Ingmar Bergman (1974)

Ce que m'inspire ce dialogue : Elevons nos filles pour qu'elles s'expriment haut et fort, éduquons nos garçons pour qu'ils écoutent la parole des femmes (et - pour le dire de façon non polémique - qu'ils soient sensibles à la notion de consentement).

mardi 8 septembre 2020

J’ai grandi dans une illusion

Intéressante lecture sur Urbania.fr relayée par Titiou Lecoq dans sa dernière newsletter. L'autrice de l'article expose avec lucidité les contradictions de son éducation bourgeoise, et ce qui aurait pu mener au recul de son niveau de vie (sauf que non, vu qu'elle est mariée... constant évidemment non satisfaisant)
Que met l'autrice dans dans le terme bourgeoisie ? Le confort matériel, bien sûr... mais pas que :

Au-delà de [ça], on m’a élevée avec en tête cette idée rapidement tenue pour acquise que je ferai des études supérieures comme mes parents avant moi et que, de fait, tout irait bien dans le meilleur des mondes possibles. Pour m’aider à devenir qui j’allais être, on m’a choisi un prénom qui jamais ne serait un obstacle à ma réussite sociale mais qui, à l’inverse, constituerait même un discret indicateur de la classe au parfum suranné à laquelle j’appartiens.

[...]
Son milieu ?

La gauche tarama, cette gauche insouciante, qui promeut de belles valeurs humanistes comme l'égalité des chances, mais sans pour autant se plier à la carte scolaire [...]

On parle bien de cette génération de soixante-huitards, légèrement écervelée et franchement idéaliste, engraissée à l'opulence de l’après-guerre, et qui n'encourage sa progéniture ni à être pragmatique, ni à valoriser le nécessaire au détriment du superflu.

Celle qui porte aux nues le féminisme et ses combats mais qui élèvent ses filles afin, surtout, qu’elles soient les plus gracieuses et aimables possibles. Que leur intelligence soit mise au service du beau plutôt que de l’utile.

Il est question ici de ces matriarches qui prônent l’indépendance financière et économique des femmes, mais les conduisent subtilement, sans même le vouloir, à choisir les bons partis plutôt que les bonnes carrières, au nom du respect des inclinations naturelles

[...]

Devenue adulte, j’ai compris que j’avais grandi dans une illusion, une de celles qui font péter au-dessus de son cul. Que, contrairement à mes petits camarades également bourgeois, je n’hériterai de rien à part de ma capacité à systématiquement choisir ce qu'il y a de plus cher dans le magasin, quand bien même je vivrais dans 20m² à 30 ans.

"j'ai le pedigree d'une bourge mais pas le compte en banque"
Lysis Himmelsterne sur Urbania FR
[lien]

lundi 7 septembre 2020

10 ans, 40 albums (part. 0)

 La diligence avec laquelle la presse, les blogs ou les amateurs de musique ont publié dès la fin 2019 leur top décennal m'a surpris. De mon côté, je savais ne pas être prêt, car devant réfléchir, maturer et éprouver mes choix. Voire en premier lieu procéder à un recensement. Bien sûr, le fait de consigner ici même chaque année une sélection d'albums m'y aura bien aidé... mais j'ai été étonné d'y (re)trouver des disques me semblant désormais un poil passés (comme l'on dit d'une couleur).

Je dois en outre constater avoir découvert au cours de cette décennie moins de groupes ou artistes essentiels et constitutifs de mon identité (comme le sont Arab Strap, Blonde Redhead, Diabologum, Godspeed, Grandaddy, Hood, Labradford, Mendelson, Notwist, Silver Jews, Smog, Songs Ohia, Phil Elvrum, the Unicorns, Will Oldham...) qu'au cours des 90s + 00s. Serais-je atteint du fameux syndrome de "paralysie musicale" ?

Disons le tout de suite : je ne me suis en effet pas mis au R'n'B, ni à la pop 'mainstream'. Vous le vérifierez bientôt, si vous revenez sur ce blog. Car, oui, à quelques ajustements près, je pense bien avoir arrêté une sélection d'une quarantaine d'albums. Que je m'apprête à publier par tranche thématique de cinq albums d'ici peu. 

A suivre...

mercredi 2 septembre 2020

Une beauté gratuite et non corrompue

Pendant nos balades, nous nous racontons l'érosion de nos certitudes, nous désolons de la dégringolade du cours des valeurs qu'on nous a transmises, celles sur lesquelles nous nous sommes construits. A bout de course et pas à coup de bourse. Bancals mais pas bancables. On ausculte le monde et finalement on retrouve quelque fierté à en être des anomalies, aussi atomisées et dérisoires soient-elles. Et au détour d'un chemin, c'est une biche et son faon, figés quelques secondes, avant de disparaître dans un bosquet aussi vite qu'ils ont surgi, ou un essaim de papillons butinant d'impérieux chardons dans la lumière du couchant qui nous rappellent furtivement la possibilité d'une beauté gratuite et non corrompue. Sauvés de justesse par un cliché de carte postale, par une impromptue joliesse, une joliesse consensuelle, unanime, dépourvue de cynisme. 

Frank Beauvais, Ne croyez surtout pas que je hurle (2020)