mardi 24 avril 2018

La mer à boire

Nous avions laissé dans un précédent article le dessinateur Florent Chavouet à Tokyo... Nous le retrouvons cette fois dans une toute petite île du Japon (Manabé Shima) dans laquelle il a longuement séjourné, en immersion. Comme je l'annonçais, tous les défauts du premier volume ont été gommés. Cette fois, toutes les pages sont éclatantes de couleur et l'album est mieux structuré : on prend plaisir à suivre les aventures de l'auteur, à faire connaissance avec les autochtones, et on salive en imaginant les plats qu'il a mangés.

Extraits :
Florent Chavouet, Manabé Shima (2010)

lundi 23 avril 2018

Le saviez-vous? (manchester edition)

J'avais été étonné de voir Dean et Britta dans le film Frances Ha ou Will Odlham dans A Ghost Story... Bien plus improbable encore fût de tomber sur Tim Booth, chanteur de James, dans Batman Begins ! (oui, il n'a pas la même frimousse qu'aux débuts de James)


Une question qui pourrait rejoindre toute celles compilées par Disco-Babel dans son Indie Quizz (paru en 2006)

Christopher Nolan, Batman Begins (2005)

mercredi 18 avril 2018

What if there's no hidden track ?


What if there's no hidden track
No journey there, no journey back
The rain falls down upon the same old grass
The rain falls down
The rain falls down
The rain falls down

What if there's no secret word
No matter what you thought you heard
I asked the other son and he averred
No secret word
No secret word
No hidden track

But my words left me
And my heart it just went slack
Just went slack
When I saw it passing
'Cause what if it can't come back
It can't come back
There's no hidden track

What if there's no trapdoor down
The cold hard floor, the cold hard ground
The cold hard car commute back into town
No trapdoor down
No trapdoor down
No hidden track

My words left
And my heart it just went slack
Just went slack
When I saw it passing
'Cause what if they can't come back
They can't come back
There's no hidden track
No hidden track

But for all of us and all of you
There's some things we can't see into
'Cause from the other side no light shows through
I hope that there's a hidden track
It feels like there's a hidden track

Okkervil River - No Hidden Track
Sleep and Wake-Up Songs (Jagjaguwar, 2004)

lundi 16 avril 2018

La vie au paradis

Au vu des événements qui alimentaient la rubrique faits divers, la région semblait des plus paisibles : accidents de voiture (essentiellement des jeunes qui n'auront profité que quelques mois de leur permis tout neuf), un vol de lavabo chez une veuve, une querelle de coqs et de clocher. Rien que du rien. Des nouvelles du paradis, en quelque sorte.
Le pain était aussi mauvais que dans n'importe quel supermarché mais le café avait le mérite d'être chaud. Sporadiquement, d'autres clients faisaient tinter les clochettes de l'entrée, des grands, des gros, des petits, des maigres, des jeunes, des vieux, achetant des cigarettes, un magazine, du pain, échangeant avec Tinette des banalités sur le temps, sur la santé d'Untel ou d'Unetelle. La vie au paradis. C'était exactement l'idée que Marc s'en faisait, l'insignifiance poussée jusqu'à la perfection. Personne ne faisait attention à lui, comme s'il était invisible. À mesure qu'il se solubilisait dans cette chaude atmosphère d'étable, ses yeux les épluchaient, un par un, pelure après pelure, jusqu'à les dénuder des pieds à la tête, les découvrant tels que Dieu les avait faits, avec leurs jambes torses, velues ou variqueuses, leurs bourrelets de chairs blêmes accumulés sur des bas-ventres improbables, leurs veines grouillantes et bleues serpentant sur des bras, des mollets recouverts de peau racornie ou tendues à craquer, du flasque, du dur, des os, du gras, des boutons, des cicatrices de vaccin, de guerre, des grains de beauté, des verrues, des poitrines creuses, comme privées du moindre souffle, d'autres gonflées d'un cri qui ne jaillirait jamais, des tétons en érection, ou pendant lamentablement au bout de besaces vides et fripées, des doigts de pied en éventail, presque palmés, ou bien se chevauchant à cause d'escarpins trop étroits, des mains d'étrangleurs aux doigts noueux, durs comme des outils, des doigts de saints d'église aussi longs et pâles que des cierges. Un strip-tease intégral, vertigineux !

Pascal Garnier, Le Grand Loin (2009)

- - -
Avec ce texte se conclut la série d'extraits de ce roman de Pascal Garnier. Je songe à relire "la théorie du panda". Peut-être donc retrouverez-vous cet auteur dans ces colonnes dans un futur proche.

lundi 9 avril 2018

Qu'es-tu devenue maintenant, Barbara ?

Lundi, c'est poésie.
#IcicestBrest #Barbara

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais 
Et moi je souriais de même 
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas 
Toi qui ne me connaissais pas 
Rappelle-toi 
Rappelle toi quand même ce jour-là
N'oublie pas 
Un homme sous un porche s'abritait 
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse

Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.

Jacques Prévert, Barbara
(Paroles, 1946)

vendredi 6 avril 2018

Everything is fleeting

Cet article prolonge le précédent. Nous y parlions d'un morceau de Mt Eerie dans lequel Phil Elverum se réfère à deux peintures de Nikolai Astrup.
La seconde est "Foxgloves" (il s'agit de fleurs, en français dans le texte, des "digitales")



There’s another Nikolai Astrup painting from 1920 called Foxgloves that hangs on the fridge and I look at it every morning and every night before bed. 

Some trees have been cut down next to a stream flowing through a birch grove in late spring and two girls that look like you gather berries in baskets, hunched over like young animals grazing with their red dresses against the white birch tree trunks, interweaving, beneath the clattering leaves. The two stumps in the foreground remind me that everything is fleeting (as if reminding is what I need.) 

But then the foxgloves grow. I read they’re the first flowers that return to disturbed ground like where logging took place, or where someone like me rolled around wailing in a clearing. 

Now I don’t wonder anymore if it’s significant that all these foxgloves spring up on the place where I’m about to build our house and go to live and let you fade in the night air, surviving with what dust is left of you here. Now you will recede into the paintings.

Mount Eerie, Two Paintings By Nikolai Astrup
Now Only (P.W. Elverum and Sun., 2018)

Nikolai Astrup, Foxgloves (1925)

mercredi 4 avril 2018

Live your life

Déjà un nouvel album de Mt Eerie. Phil Elverum avait visiblement encore pas mal de choses à chanter après le décès prématuré de son épouse Genevieve.

Musicalement peut-être un poil plus varié que le précédent, Now Only est toujours emprunt de l'infinie tristesse de son auteur, qui s'interroge désormais sur lui, son existence et son devenir. L'auteur semble recourir à l'écriture libre, de telle sorte qu'on suit son esprit vagabonder d'idées en considérations, et vice versa.

Dans "Two Paintings By Nikolai Astrup", il fait ainsi référence à deux peintures de cet artiste norvégien du début du XXème. Il m'a ici paru intéressant de les mettre en regard avec les paroles de ce morceau.

On commence par "Midsummer Eve Bonfire"

[cliquez pour agrandir]
[...] I sit and notice the painting of bonfires on the hillside and hanging smoke in the valleys wrapping back up through the fjord at dusk, hovering like scarves of mist draped along the ridges above couples dancing in the green twilight around fires, and in the water below the reflections of other fires from other parties illuminates the depths and glitters shining and alone.

Everyone is dancing and there’s music and a man climbs up the hill pulling a juniper bough to throw into the fire to make some sparks rise up to join the stars. These people in the painting believed in magic and earth and they all knew loss, and they all came to the fire. 

I saw myself in this one young woman in the foreground with a look of desolation and a body that looked pregnant as she leaned against the moss covered rocks off to the side, apart from all the people celebrating Midsummer. I knew her person was gone just like me. And, just like me, she looked across at the fires from far away and wanted something in their light to say 

“Live your life, and if you don’t the ground is definitely ready at any moment to open up again 
to swallow you back in, to digest you back into something useful for somebody". 

Meanwhile above all these Norwegians dancing in the twilight, the permanent white snow gleamed. [...] The man who painted this girl's big black eyes gazing, drawing the fire into herself, standing alone, Nikolai Astrup, he also died young, at forty seven, right after finishing building his studio at home where he probably intended to keep on painting his resonant life into old age but sometimes people get killed before they get to finish all the things they were going to do. 

That’s why I’m not waiting around anymore. 
That’s why I tell you that I love you. 
Does it even matter what we leave behind?

(à suivre...)

Mount Eerie, Two Paintings By Nikolai Astrup
Now Only (P.W. Elverum and Sun., 2018)

Nikolai Astrup, Midsummer Eve Bonfire (1915)

[détail]

mardi 3 avril 2018

It only gets stranger

Les posters annonçant la saison 2 de Stranger Things m'avaient échappé. Les plus réussis sont ceux sous forme de portrait des protagonistes principaux. Parmi les 12 déclinaisons, voici mes préférées (toujours dans cet esprit délicieusement rétro... il y a même les "plis" du poster).


Une saison 2 au final pas si mauvaise, comme j'avais pu le lire. Si elle est en deçà de la première, c'est avant tout que celle-ci avait l'avantage d'introduire le décor, l'ambiance, les personnages, l'intrigue.

dimanche 1 avril 2018

Des visages, des figures

Connu et reconnu pour ses paysages, Corot s'est également livré à la peinture de figures (certains portraits sont d'ailleurs restés dans son atelier jusqu'à sa mort). L'exposition actuelle à Marmottant entend mettre en lumière cette partie de son oeuvre (qui reste tout de même secondaire, avouons-le).

Sélection resserrée.


La dame en bleu (1874)
Moine blanc, assis, lisant (~1855)
La mélancolie (~1860)