vendredi 28 avril 2017

All men are brothers - That's the bottom line

Le docu - ce terme est réducteur, s'agissant ici d'un véritable objet cinématographique - à voir du moment, c'est "I am not your negro" ("Je ne suis pas votre nègre", en VF). Le réalisateur Raoul Peck nous donne à voir et comprendre la longue lutte pour les droits civiques des noirs américains, sur la base des écrits et d'un projet littéraire inachevé du brillant écrivain James Baldwin (1924-1987).

L'Histoire est connue (tout du moins dans ses grandes lignes), mais c'est sa réalité tangible dont le spectateur prend ici conscience. Sans concession, mais en toute intelligence. (Ai-je déjà écrit que ce James Baldwin était brillant?)

Plus largement, est-ici posée la problématique d'une Nation qui n'accepte pas tous ses enfants...


I can't be a pessimist because I'm alive. To be a pessimist means that you have agreed that human life is an academic matter, so I'm forced to be an optimist. I'm forced to believe that we can survive whatever we must survive. But the future of the Negro in this country is precisely as bright or as dark as the future of the country. It is entirely up to the American people and our representatives -- it is entirely up to the American people whether or not they are going to face, and deal with, and embrace this stranger whom they maligned so long.
What white people have to do, is try and find out in their own hearts why it was necessary to have a nigger in the first place, because I'm not a nigger, I'm a man, but if you think I'm a nigger, it means you need it and you got to find out why. And the future of the country depends on that.

Raoul Peck, I am not your negro (2017)
au cinéma à partir du 20 mai, sur arte+7 pendant 4 jours encore


mercredi 26 avril 2017

Et le fascisme périra...

Sur un sujet moins léger qu'hier... (le fascisme)
Extrait de Vie et Destin, "le 'guerre et paix' du XXème siècle", dit-on.

Le siècle d'Einstein et de Planck était aussi le siècle de Hitler. La Gestapo et la renaissance scientifique étaient les enfants d'un même siècle. Que le XIXe siècle, le siècle de la physique naïve, était humain en comparaison du XXe ! Le XXe avait tué sa mère. Il y a une ressemblance hideuse entre les principes du fascisme et les principes de la physique moderne.
Le fascisme a rejeté le concept d'individu, le concept d'homme et il opère par masses énormes. La physique moderne parle d'une plus ou moins grande probabilité des phénomènes dans tel ou tel ensemble d'individus physiques. Le fascisme ne se fonde-t-il pas, dans sa terrifiante mécanique, sur les lois d'une politique quantique, sur une théorie des probabilités politiques ?

Le fascisme a décidé d'exterminer des couches entières de la population, d'ensembles nationaux ou raciaux, en partant de l'idée que la probabilité de conflits ouverts ou cachés était plus grande dans ces ensembles que dans d'autres ensembles humains. La mécanique des probabilités et des ensembles humains.
Mais non, bien sûr ! Et le fascisme périra justement parce qu'il a cru pouvoir appliquer à l'homme les lois des atomes et des pavés.
Le fascisme et l'homme ne peuvent coexister. Quand le fascisme est vainqueur, l'homme cesse d'exister, seuls subsistent des humanoïdes, extérieurement semblables a l'homme mais complètement modifiés à l'intérieur. Mais quand l'homme doué de raison et de bonté est vainqueur, le fascisme périt et les êtres qui s'y sont soumis redeviennent des hommes.

Vassili Grossman, Vie et destin (1962/1980)

mardi 25 avril 2017

Une idée du vide

Il resta assis en compagnie de Gage et de Bryam et s'appliqua à regarder la télévision. En quelques minutes il avait complètement perdu le fil du programme - une histoire d'amour, il présumait - confusément entrelardé toutes les deux minutes d'annonces publicitaires. Plus troublant encore, les mêmes personnes - ou d'étonnants sosies - paraissaient interpréter le tout. Savons en paillettes, shampooing, nourriture pour chien, puis le jeune couple se rencontrait dans un bar, ils paraissaient heureux. Ils étaient rejoints par de jeunes amis heureux... mais ceci se révélait une réclame prolongée pour de la bière. Henderson se demanda éperdument si la jeune femme et le chien avaient aussi fait partie d'une pub. Il essaya de se rappeler le résultat de l'épisode dont il avait été témoin : était-elle heureuse ou triste pendant sa promenade dans les bois avec son ami canin ? Soudain, un gros type assis sur le capot d'une voiture se mit a énumérer de fantastiques garanties. Henderson fut pris de tournis. Il crut réapercevoir les jeunes amoureux mais ils vendaient toujours de la bière. Finalement il vit le générique se dérouler et il comprit que, quoi que cela eût été. c'était terminé. Il espéra qu'ils étaient heureux. Épuisé, il se renfonça sur son siège, le front vaguement douloureux d'avoir tant froncé les sourcils.

William Boyd, La croix et la bannière (1984)

mardi 18 avril 2017

Album Cover of the Week


Avec le soleil sortant de sa bouche, Pas pire pop, I Love You So Much
(Constellation, 2017)


jeudi 13 avril 2017

Mech on the fields

Jakub Różalski est un artiste polonais, dont vous avez peut-être déjà croisé les oeuvres sur l'internet. Il est le créateur d'un univers uchronique baptisé "1920+", dans lequel il imagine une époque après-guerre où existeraient déjà des armures robotisées géantes (càd des mechas, pour ceux d'entre vous familiers avec cette terminologie).

Ses illustrations numériques s'inspirent de la peinture réaliste russe fin XIXèeme, et montrent souvent des scènes rurales. L'univers qu'il a créé est à ce point remarquable qu'il a été repris pour un jeu de société, et bientôt un jeu vidéo.


mardi 4 avril 2017

I want to return to that time of no fear

Comme l'écrit un commentateur sur youtube à propos de cette chanson :
"Tell me this isn't one of the best pop songs ever written"


We all need to feel safe, then that's taken away
Sometimes I want to return to before the trouble began
That time of no fear

By showing you I'm sensitive, you do risk being crucified
Crucified by those you are unlike

My feelings are hurt so easily
That is the price that I pay
The price that I do pay
To appreciate
The beauty they're killing
The beauty they're busy killing

If the sun going down can make me cry
Why should I
Why should I
Why should I not
Like the way I am?

My feelings are hurt so easily
That is the price that I pay
The price that I do pay
To appreciate
The beauty they're killing
The beauty they're busy killing

the Field Mice, Sensitive 7''
(Sarah Records, 1989)