samedi 25 décembre 2021

This is so not what i wanted

Quelque jour après avoir rêvé de la reformation d'Herman Düne, voici que mon cerveau se met à jouer de lui-même cet excellent morceau, extrait de Mas Cambios. Allez zou, c'est décidé, dès que je rentre, je me refais l'intégrale du groupe (jusqu'à Not on Top, et tiens, je suis prêt à redonner sa chance à Giant)

I do not believe we met before
Or maybe in a darker place

There's many people singing good songs
So many people singing true songs

This is so not what i wanted
Not what i wanted
So not what i wanted

This is what i have been waiting for
With my hand on my face

People take the time to
Look back and forth

This is so not what i wanted
Not what i wanted
So not what i wanted

Herman Düne - So Not What I Wanted
Mas Cambios (2002)

lundi 20 décembre 2021

Apprendre à regarder

Sélection d'oeuvres de Anni et Josef Albers, vues au Musée d'Art Moderne dans le cadre de l'exposition consacrée à ce couple "formé" au Bauhaus (au deux sens du terme).

Josef Albers - Homage to the square / Dense soft (1969)

Anni Albers - Red Meander (1970)

Josef Albers - Structural Constellation M-5 (1954)

lundi 13 décembre 2021

Bel art

Préalable incontournable pour moi à la lecture d'une BD : être séduit par ses qualités graphiques / picturales. Autant dire que cet ouvrage aperçu en bibliothèque m'a fortement attiré. Tout simpement magnifique !




Barbara Baldi, Ada (2018)

vendredi 10 décembre 2021

Les pensées grippées

Ultime extrait du premier roman (fort bien documenté) de Florent Marchet.

Depuis lundi, Jérôme a passé une trentaine d'heures sur la moissonneuse. Ce matin, il y était encore, avec ce siège qui est un supplice pour les fesses et le dos. La sueur qui pique les yeux, les oreilles qui réclament le silence absolu, ne serait-ce que quelques minutes. Les vibrations de la machine, même si elles sont faibles sur un modèle aussi performant, parcourent ses os longtemps après qu'il est descendu de la cabine vitrée, comme un mal de moisson. Le lendemain du drame, il a bien fallu reprendre le travail. [...] Jérôme n'a pas gobé les anxiolytiques de Faugère. Trop peur d'être amorphe le matin, trop peur de s'endormir sur la machine. Tant pis pour les démons, les taches d'encre, les pensées grippées. Jérôme le sait bien, l'habitacle de la moissonneuse est le terrain idéal pour se créer des noeuds au cerveau. Surtout si, par lassitude, on coupe la radio. L'encéphale rabâche, fait des boucles, creuse, déterre les dossiers qui fâchent, exhume dans les moindres recoins les idées anciennes, les projets abandonnés. Il revisite chaque décision importante de l'existence, chaque événement déterminant sous un angle retors et corrompu. Il condamne, souligne, culpabilise. 

Florent Marchet, Le Monde du vivant (2020)

mercredi 1 décembre 2021

2021, un palmarès

Avec un poil d'avance, je livre ici mon bilan musical (mais pas que) pour cette année qui s'achève.
Playlist spotify à suivre d'ici les fêtes... possiblement avec quelques ajustements du présent article. N'hésitez pas à partager vos albums pref' en commentaire !


Les Albums
Mendelson - Le dernier album
Arab Strap - As Days Get Dark
Rhume - Vigilance rose
Ducks Ltd. - Modern Fiction / Get Bleak
Crumb - Ice Melt

Dean Blunt - Black Metal 2
Dry Cleaning - New Long Leg
Liars - The Apple Drop
Bonnie 'Prince' Billy + Matt Sweeney - Superwolves
Squid - Bright Green Field


Mais aussi
Andy Shauf - Wilds
Anna Leone - I've Felt All These Things
Bertrand Betsch - Demande à la poussière
Bill Callahan And Bonnie 'Prince' Billy - Blind Date Party
Damien Jurado - The Monster Who Hated Pennsylvania
Darkside - Spiral
Floatie - Voyage Out
Fontaine Wallace - Le projet
Islands - Islomania
Kiwi Jr. - Cooler Returns
Mansfield TYA - monument ordinaire
Maple Glider - To Enjoy is the Only Thing
Midnight Sister - Painting The Roses
the Notwist - Vertigo Days
Painted Shrines - Heaven and Holy
Solemn Brigham - South Sinner Street
Troy Von Balthazar - Courage, Mon Amour !

Et sans doute (puisque pas réellement écoutés)
Low - HEY WHAT
Sufjan Stevens + Angelo De Augustine - A Beginner's Mind


Les morceaux
(en plus de tous ceux figurant dans les albums ci-dessus) :
Amyl and The Sniffers - HertzBillie Eilish - Therefore i amBlack Country, New Road - Athens, FranceClap Your Hands Say Yeah - New Fragility ; Dean Wareham - The Past Is Our PlaythingGontard - les loups ; Damon Albarn - The Nearer the Fountain, More Pure the Stream Flows ; Django Django - Spirals ; HovvdyTrue LoveIceage - VendettaLisa Li-Lund - JanetSilicone Values - Nothing Wrong With Me ; Sophia - Strange Attractor ; Stranded horse - towards a waning glow ; WoodsNickels and Dimes


Des concerts
11/11 Mendelson @ Petit Bain
16/09 the Notwist @ Trabendo
10/09 Arab Strap @ Barrowland Ballroom / Glasgow


Des séries
Mare of Easttown / Scènes de la vie conjugale / Successions


Des films
Drive my car (Ryusuke Hamaguchi),


Jeux-vidéo
Blasphemous

mardi 30 novembre 2021

Anything can hurt you

Quelque temps après avoir évoqué en interview le "Scènes de la vie conjugale" de Bergman, Hagai Levi, créateur / producteur / réalisateur israélien derrière "BeTipul" ("En traitement") se voyait contacté par un certain Daniel Bergman, fils du réalisateur suédois... qui souhaitait lui soumettre l'idée d'adapter la fameuse série (devenue film).

C'était il y a 8 ans... et "Scenes from a Marriage" existe désormais en tant que mini-série de cinq épisodes, avec pour acteurs principaux Jessica Chastain et Oscar Isaac (déjà vus ensemble dans "A Most Violent Year").

Si l'adaptation reprend quelques scènes ou dispositifs de l'original, c'est pour mieux les transposer puis s'en affranchir. On ne pourra, hélas, en dire guère plus sans dévoiler l'intrigue. Ne reste alors qu'à vanter le talent du réalisateur et surtout les performances des acteurs, dont le langage corporel  exprime à merveille petites gênes, désaccords ou vexations ; Sourire qui se fige, regard qui s'éteint, changement de posture, autant de signes montrant que l'ambiance a vrillé.


Le premier épisode reprend le principe de l'entretien avec le couple (souvenez-vous)... Alors que Jonathan quitte la pièce l'espace d'un instant, Mira, un tantinet gênée par l'exercice, se voit bien obligée de donner à son tour la recette d'un mariage réussi.

- Well, um... I think about it in terms of... an equilibrium. I think that in marriage, there is this very delicate equilibrium and that, um, you have to maintain it together.

- And what do you mean by equilibrium?

- Well, you know, at the beginning of a relationship, everything's thrilling and it's new and you feel as a couple that nothing can hurt you. Right. And then you gradually start to realize that actually, anything can hurt you.


Hagai Levi, Scenes from a marriage (2021)

jeudi 25 novembre 2021

Mourir un peu

Ca y est... le "dernier" concert de Mendelson est derrière moi. Enfin peut-être pas tout à fait, puisque je m'imagine parfois rallier Rouen le 27 janvier prochain. Un luxe. Alors que d'autres, tout aussi fans que moi, n'auront pas cette chance. Pour eux, je me dois donc d'écrire quelques mots sur cette soirée importante. 

A l'affiche ce soir-là, Pascal Bouaziz suivi de Mendelson. Aucun morceau de "Haïkus" cependant en première partie, si bien qu'il eût été plus exact d'annoncer une double ration de Mendelson. 

Ou alors communiquer sur un stand-up d'ouverture.
Avec les années, Pascal Bouaziz a en effet réussi à développer son humour pince-sans-rire et sa verve, au point qu'il peut passer de longues minutes à discourir et à faire pouffer son auditoire. Ca fonctionne, puisque réalisé avec force intelligence et auto-dérision : de quoi fédérer son public de dépressifs.


Pinto
L'Ardèche
Le Sens commun
Le Soulèvement

Quel plaisir de réentendre "Pinto", tout de même, on replonge ainsi dans l'indépassable entame d'album de "Quelque Part".


Pascal Bouaziz quitte la scène, il reviendra avec ses musiciens et complices qu'il aime tant (citons Pierre-Yves Louis, Sylvain Joasson et Jean-Michel Pires dont l'épaisseur n'est plus à démontrer. Avec ces cinq là et la profondeur des morceaux qu'ils délivrent, on peut bien s'abîmer dans les eaux de la Seine. 


La Force quotidienne du mal
Algérie
Les Chanteurs
Ville nouvelle
Héritage
1983 (Barbara)
La Dernière Chanson
-
Il n'y a pas d'autre rêve

Quelques commentaires tout de même sur la setlist :

- Algérie en fût bien entendu le moment le plus intense (un "moment" d'une vingtaine de minutes)

- 1983 (Barbara) aura un poil perdu de sa superbe, desservie par le mix...

- et... Pourquoi, COMMENT manquer l'occasion de refermer le concert par "La dernière chanson" ? Je comprends l'idée ("il n'y aura pas d'autres histoires à raconter")... mais je ne m'en remets pas! D'autant qu'une fois le morceau achevé, j'ai totalement lu dans l'attitude et le visage de Pascal Bouaziz le sentiment mêlé qu'il évoquait en interview :

"Je crois qu’après le dernier concert de Mendelson, je vais avoir comme un sentiment de soulagement, comme un manteau trop lourd, trop vieux et un matin vous vous levez en te disant « Ah, ce matin, je ne suis plus obligé de porter ce vieux manteau. Ah dis, donc je me sens vachement léger ». Peut-être que dès le dernier concert, je vais me rendre compte de la connerie que j'ai faite. Pourquoi avoir construit toutes ces années un truc et le suicider soi-même ? On verra…"

dimanche 21 novembre 2021

La paix

Je ne suis ni expert ni particulièrement amateur des films de Xavier Dolan (seulement trois sur huit à mon propre compteur). Je me souviens dans "Mommy" de ce plan au cours duquel le format d'image ainsi sans doute que les perspectives d'avenir du personnage s'agrandissent... et dans "Juste la fin du monde" de cette scène finale chargée d'émotion baignant dans une lumière jaune.

Il y a aussi cette tirade, prononcée par Antoine (Vincent Cassel) :

Je veux pas être là. J'ai pas envie que tu me parles, j'ai pas envie de t'écouter. [...] Toujours, il faut que vous me racontiez tout, tout le temps. Depuis toujours. Et moi, faut toujours que je vous écoute... Moi, j'aime pas écouter, j'aime pas parler. Les gens qui disent rien, on pense qu'ils sont bons pour écouter. Moi, quand je ferme ma gueule, c'est pour donner l'exemple, pour qu'on me foute la paix. Tu comprends?


Xavier Dolan, Juste la fin du monde (2016)

dimanche 14 novembre 2021

Un poids, une erreur

Les relations entre Solène et son frère ont toujours été compliquées. Dès la naissance de Gabin, une culpabilité sourde s'est infiltrée dans le couple et les jeunes parents ont surprotégé leur fille. Pour Solène, le déménagement est définitivement associé à l'arrivée de son frère. C'est à cause de lui qu'ils sont venus vivre ici. À cause de lui qu'elle doit partager, faire une place. Solène le voit comme un poids, une erreur, un papillon ridicule qu'on se ferait bêtement tatouer sur la cheville le jour de ses dix-huit ans. D'ailleurs, on ne compte plus les Playmobil Country ou les Petshop venus monnayer les jalousies, le Rubik's Cube ou les Kapla récompensant un geste aimant envers le petit frère, et même, plus récemment, des tops à bretelles ou des bracelets. Gabin reste ce grain de hasard qui enraye la machine. Elle se dit que sans lui sa vie n'aurait connu que des moments de bonheur. Souvent, elle imagine une route dans les Alpes, son frère en voyage avec l'école, la plaque de verglas, l'embardée, la barrière de sécurité qui ploie et stoppe violemment le véhicule, le pare-brise soufflé, en mille morceaux. À la fin, seul Gabin passe à travers. Son corps est éjecté, mais avant de s'écraser sur la roche glacée il flotte dans les airs quelques secondes au-dessus des conifères, dans un silence sentencieux.

Florent Marchet, Le Monde du vivant (2020)

vendredi 12 novembre 2021

The world seems to be falling apart

Vue (ou plutôt "lue") au GoMa à Glasgow, cette oeuvre de Sharon Hayes.


"‘May 1st’ extends Hayes’ interest in the intersections between private and public, personal and political, life. These five letterpress prints together compose an address to an unnamed lover - about and around the potent pleasure and despair of political desire."


Extrait n°3 :

When did we steer so far apart? We used to stand on such common ground. We were in a quandary about the present, it is true, but I thought we were on our way to something new. You said you could see it coming into form. What was it in my last communication that forced you to vanish? I know the world seems to be falling apart but you were the one who told me that change is painful. You said we have to give up everything we know in order to move forward. Did you expect something different? I might be infected by the tide of the country, but I feel as if we're at opposites ends of the earth and I can't see the route to lead us back together. 

Sharon HayesMay 1st (2012)

dimanche 7 novembre 2021

Etre fidèle à son parcours

On ne compte plus les posts sur ce blog en lien avec Mendelson. Vingt-quatre années "au sommet" (non pas des charts, mais de l'art), sept albums, de "l'avenir est devant" jusque... "le dernier album", qui se referme sur "la dernière chanson".

Mais est-ce vraiment la fin? Est-ce vraiment la dernière tournée? Connaissant l'humour pince sans-rire de Pascal Bouaziz, le doute était permis. Malheureusement, il douche nos espoirs dans une profonde interview donnée à Benzine, dont voici quelques courts extraits. Ils confirment la fin de Mendelson, et les raisons tant artistiques et pratiques qui l'ont provoquée.

Ne vous arrêtez pas à ces lignes, allez la lire en intégralité[Part. 1 ; Part.2]
Ceci vous mettra en condition pour son concert du jeudi 11 novembre à Petit Bain.


Je sais bien qu’après Mendelson, il y aura d’autres aventures humaines qui vont se poursuivre mais Mendelson c’est la fin, c’est sûr. Je suis très heureux que cela soit cet album qui vienne conclure cette aventure. Je suis très heureux de l’avoir réussi car je trouve que c'est un très beau dernier chapitre. C’est bien sûr un pincement au cœur que cela soit la fin mais en même temps c'est moi qui l'ai voulu et en même temps, je suis très heureux d’avoir réussi à ne pas salir le truc, à ne pas devenir Robert Smith à ma petite échelle, le groupe qui ne sait jamais finir.

*
*     *

Continuer la musique, certainement ! En quoi, cela va-t-il différer de ce que proposait Mendelson ? En premier lieu, cela ne sera plus un groupe. Même si c’est un peu un groupe étrange, même si je suis le seul membre originel. Si je fais des disques sous mon seul nom, ce sera totalement différent et même si je rejoue avec les mêmes personnes, ce sera de toute façon totalement différent car l'histoire même de Mendelson, l'héritage de Mendelson conditionne également une manière de raconter les histoires, de se tenir et d’être fidèle à son parcours, aux personnages et aux chansons. C'est incroyable de parvenir à créer un personnage de groupe que vous avez tenté d’élever à une certaine éthique, une rigueur, mais cela peut aussi être une prison.

Je crois que c’est pour ça que je ne réussissais plus à écrire pour Mendelson : je ne parvenais plus à me replonger dans cet état d’esprit. J’espère que je réussirai à continuer à faire de la musique, j'en ai envie mais il me fallait avant me libérer de ces 25 ans d’histoire, c’est lourd parfois à assumer. Il faut porter le groupe, porter son projet, il faut se battre contre vents et marées pour le faire exister, se battre pour trouver des dates. Tenter de faire le mieux qu’on peut avec des bouts de ficelles parfois. Chaque tournée se transformait en galère pour notre tourneur, Soyouz. On fait 800 kilomètres et il y a 25 personnes dans la salle, le programmateur est complètement déprimé et les gens dans la salle, ils ne sont que 25 et se regardent en chiens de fusil et puis on refait encore 800 kilomètres le lendemain. A un moment, vous vous dîtes « C'est mignon mais c’est de l'acharnement thérapeutique. » Un projet plus léger en solo ou en duo, ce sera plus facile à défendre.

*
*     *

Je me rends compte en vieillissant que l’on fait vraiment quelque chose de difficile, d’exigeant et en plus quelque chose qui n’est pas identique à chaque fois. Il n’y a pas le côté « Doudou » chez Mendelson où d’album en album, vous retrouvez à chaque fois la même chose. Il n’y a pas la ritournelle, les refrains, le feel good. Il n’y a pas tous ces petits trucs qui font que les choses fonctionnent. 

*
*     *

Vous savez, vous passez une grande partie du début de votre vie à réfléchir à comment devenir quelqu’un et l’autre partie de votre vie à savoir comment arrêter de devenir cette personne. (Rires)  Et puis penser à la mort m'est assez naturel. Il faut penser à comment commencer quelque chose, il me semble normal aussi de penser à comment le finir. Finir pour probablement se réinventer, se donner une autre vie. Je suis assez impatient d'à la fois les prochains concerts de Mendelson mais aussi de la vie après Mendelson tellement cela a été important pour moi. Je crois qu’après le dernier concert de Mendelson, je vais avoir comme un sentiment de soulagement, comme un manteau trop lourd, trop vieux et un matin vous vous levez en te disant « Ah, ce matin, je ne suis plus obligé de porter ce vieux manteau. Ah dis, donc je me sens vachement léger ». Peut-être que dès le dernier concert, je vais me rendre compte de la connerie que j'ai faite. Pourquoi avoir construit toutes ces années un truc et le suicider soi-même ? On verra…

Mendelson, le dernier album (2021)

samedi 6 novembre 2021

La colère monte

A lire "Le monde du vivant", premier roman de Florent Marchet, on ne peut que compatir à la souffrance rentrée de Jérôme, et lui souhaiter de ne pas attraper un ulcère.

Jérôme ne voit pas d'issue. Il pense à la banque, aux panneaux photovoltaïques qu'il comptait acheter après la moisson, à Solène qui en septembre entrera au lycée, à sa toiture qui va s'effondrer s'il ne fait rien. Il se répète qu'il est maudit, qu'on lui met des bâtons dans les roues. La colère monte autant que son estomac se noue, sa main écrase le gobelet, le réduit en lambeaux, des gouttelettes d'eau jaillissent sur son visage crispé, il aimerait hurler, prendre une chaise et la fracasser sur le guichet d'accueil, tordre violemment les ficus et les réduire en bonsaïs.
Florent Marchet, Le Monde du vivant (2020)

jeudi 4 novembre 2021

Old

Je ne sais pas ce que vaut son adaptation cinématographique par Michael Night Shyamalan (passée inaperçue cet été pour cause d'embouteillage post-covid de nouveaux films), mais ce qui est sûr, c'est que la bande-dessinée originale ("Château de Sable") comporte son lot de moments marquants. A lire, sans n'en rien savoir.
 


Château de sable, Frederik Peeters et Pierre-Oscar Lévy (2010)
Old, M. Night Shyamalan (2021)

mardi 2 novembre 2021

L'injonction de trop

Intéressante interview de Josselin / Taulard, parue dans le fanzine Groupie, et retranscrite sur le blog du groupe. J'en extrais une unique question/réponse.


Tu as raconté que tu étais destiné à être prof ou instit, mais que l’appel du large a été plus fort, le large de la société. Comment te sens tu dans notre société actuelle ? Il y a quelque chose de politique chez toi, mais plutôt dans le non-dit, dans l’implicite plutôt que l’explicite, est-ce que l’engagement est important pour toi ?

Je trouve la société actuelle merdique et la période actuelle particulièrement anxiogène. L'hypocrisie de ceux qui dirigent est répugnante, les gens se font traiter de collabos après avoir participé à une manifestation antiraciste contre l'islamophobie, la liberté d'expression est à géométrie variable, adulée pour justifier le racisme mais réprimée quand elle dénonce Macron et les violences policières. Rajouté à ça le Covid qui nous a isolés, c'est difficile de ne pas déprimer. Plus personnellement, et comme je le dis dans une chanson, j'ai le sentiment d'avoir été formaté, par mon éducation, par l'école ; et malgré l'envie de vivre en dehors de la société actuelle marchande et mes quelques tentatives, il m'est difficile de sortir de ce formatage et de cette injonction à réussir, à trouver un taf et à faire quelque chose de ma vie. C'est ce qui me pousse à m'inscrire à des formations dans lesquelles je me sens moyennement à l'aise, mais c'est aussi ce qui me fait détester les lundis quand je suis au chômage à la maison et que j'ai l'impression de tourner en rond. C'est un équilibre qui est difficile à trouver et j'ai encore deux, trois trucs à cerner pour l'obtenir. J'ai démissionné il y a quelques années de l'éducation nationale parce que d'une part je n'étais pas convaincu parce que je faisais, d'autre part, on me demandait de déménager en Essonne et c'était l'injonction de trop qui ne faisait aucun sens, celle de privilégier le boulot à la santé mentale, à la vie sociale, aux efforts fournis à se construire quelque part.

dimanche 31 octobre 2021

vendredi 29 octobre 2021

The young girls

Tant qu'à se rendre à Glasgow, autant visiter. Petite sélection de toiles vues dans ce grand fourre-tout qu'est le musée Kelvingrove. Il faut dire qu'on y voit de tout, et qu'on peut trouver dans la même vitrine une armure de samouraï, un animal naturalisé, un maillot de foot, et du mobilier. La collection est accessible gratuitement, ce qu'il faut saluer.

On commence par Mary Cassatte et un représentant des "Glasgow boys", et on finira par la très belle palette de couleurs utilisée par Marquet pour sa vue du port d'Alger.

The Young Girls, Mary Cassatt (1885)

River Ouse, Alexander Roche (1918)

Les bords de marne, Camille Pissaro (1864)

Vue de Vintimille, Claude Monet (1884)

Le moulin de la galette, Montmartre, Vincent Van Gogh (1886)

Le port d'Alger, Gustave Marquet (1922)

mardi 26 octobre 2021

Le bruit de ma déconvenue

Toi que je n’ai jamais aimée
Pas faute d’avoir essayé
Paupières lourdes grande fatigue
Et larmes sourdes que rien n’endigue

Toi que je n’ai jamais connue
Dont je n’ai jamais franchi le seuil
Telle une mariée mise à nue
Qu’aucun désir jamais ne cueille

La vie est un poème
Qui ne dit jamais je t’aime

Toi que je n’ai jamais comblée
Et cet enfant que je ne t’ai pas donné
Entends-tu ce tohu-bohu
C’est le bruit de ma déconvenue

Toi à qui je n’ai donné
Que le fruit de mon amertume
Dans le fossé git le passé
Dans le lit rien que l’écume

La vie est un poème
Qui ne dit jamais je t’aime

Toi l’avenir va je t’oublie
Toi le présent je t’injurie
Je dis tant tard je dis tant pis
Tout maintenant s’évanouit

Toi que je n’ai jamais croisé
Pas même au détour d’un escalier
Au fond je l’ai toujours su
L’amour est un pari perdu

La vie est un poème
Qui ne dit jamais je t’aime

Bertrand Betsch, Tant tard
J'ai horreur de l'amour (2022)

Bertrand Betsch, plus prolifique depuis qu'il est passé à l'auto-production et au financement participatif, s'apprête à sortir un nouvel album, dont est extrait le titre ci-dessus.

Il en parle mieux que moi sur cette page, depuis laquelle vous pouvez déjà précommander votre exemplaire. Est prévu également un album de reprises, ce qui m'enthousiasme moins... quoique je suis hypé à l'idée d'y entendre un morceau de Herman Düne !

dimanche 24 octobre 2021

The second life is calling

[Photo : JMA]

Entre deux vagues de COVID, un élan d'optimisme me poussa à  prendre des billets pour assister au retour d'Arab Strap sur ses terres, à savoir à Glasgow ! Ma cote d'amour du groupe étant ce qu'elle est, et leur album étant une telle réussite, ça ne pouvait être que formidable !



Comme on pouvait s'y attendre, Aidan Moffat a fait son entrée sur scène sur le beat du sompteux "the turning of our bones"


I don't give a fuck about the past, our glory days gone by
All I care about right now is that wee mole inside your thigh
And my confidence might crumble but my brio is unbroken
Let me loosen all your knots
Let our bodies be awoken
It's been another seven years
It's showing round the eyes
Another seven years entombed in lethargy and lies
But let's dig out our old clothes and prepare for celebration
I am The Son of Sleep
All I need's an invitation

The heart began to putrify and then the body bloated
As our hair and teeth fell out, we did our best to be devoted
But let's squeeze the maggots from our flesh like tiny poison pustules
Abandon all decorum
Boil us down to our essentials
We're all just carbon, water, starlight, oxygen and dreams
And the sun, the moon, the earth, the neighbours long to hear our screams
So if Bacchus is a friend to Love, then take this cup of kindness
Just one sip, one chug, one kiss could cure us of our blindness
Hear my wanton whispers
My loud, intemperate plea
We've been down among the dead men,
now you're coming up with me

Dig us up and hold us high
Raise our carcass to the sky
Wrap us up in sequin skin
And we can dance again in sin
Just take my hand and be brave
We'll say goodbye to this grave
Tonight we salsa, we rave
We are upcycled and saved
We've got the hay so let's roll
Surrender all self control
Quick now before the bell tolls
Let's sing the sighs from our souls

In the long grass, underneath the sun I saw you
In Tesco with your buttons undone I saw you
Hand in hand as we do the school run I saw you
In a mask with a secret someone I saw you

Let's not be bashful
Don't be oblique
The flesh is willing but the spirit is weak
The second life is calling
Feel its pull, feel its tow!
So let's live now before we're back below

Arab Strap - The Turning of Our Bones
As Days Get Dark (2021)

lundi 19 juillet 2021

Les pétzouilles

Suite des aventures de Jérôme Wengler, ancien citadin devenu agriculteur bio (et protagoniste principal du premier roman de Florent Marchet)

Il y a aussi les séances de mécanique, à l'aube, où il faut partager un café soluble Maxwell et des tartines de rillettes avec un petzouille, comme Jérôme les appelle, à savoir un agriculteur conventionnel qui ne jure que par la FNSEA, le boursicotage du blé, le glyphosate et le salon au Parc des Expositions, porte de Versailles. Le petzouille méprise toute démarche écolo, vénère le Crédit Agricole et confond le terroir avec le territoire. Il prend les Wengler pour des illuminés, des citadins qui veulent jouer aux paysans, pire, à Marie-Antoinette dans sa ferme en torchis, avec ses quatre moutons et ses trois vaches. Le petzouille n'accepte pas qu'on le traite d'empoisonneur. il pense que la biodynamie n'est qu'une instrumentalisation complotiste, une idée de bobos déconnectés de la réalité. Jérôme affronte tout ça sans broncher, il a un business à faire tourner. 

Florent Marchet, Le Monde du vivant (2020)

jeudi 1 juillet 2021

Une vie

"L'enfer tiède", c'était le deuxième album de Programme (=Arnaud Michniak de Diabologum), et ça commençait fort.

Une vie à mettre certaines questions de côté
soit par manque de courage pour en accepter les réponses
soit par impossibilité d'en trouver
Une vie à revenir sur ce qu'on s'est promis
en souffrant d'être malhonnête
Une vie où le poids du temps se projette
et où on ne changera pas
Une vie où on a tout choisi sauf soi
Une vie à à masquer ce qu'on est vraiment
juste pour gagner du temps
Une vie à laisser filer
car l'apparence est plus forte
Une vie où moins on se voit et mieux on se porte
Une vie où on trouve qu'il faut du courage
pour s'avouer lâche chaque jour davantage
Une vie à mettre le masque qu'il faut pour monter plus haut
à faire des efforts
à dire oui à des gens dont on sait qu'ils ont tort
Une vie à parler de ce qui est mal et de ce qui est bien
alors qu'on a soi-même jamais fait le point
Une vie à trouver ça sans importance
Une vie à se compliquer pour rien

Une vie entre deux quais où la voie du milieu est un miroir cassé
Une vie à dix à vingt à trente ans
où on ne pardonne pas plus qu'on ne comprend
Une vie où le hasard fait le reste
Une vie à chercher partout ce qui offrirait une chance
de nier jusqu'au bout
Une vie où quand on comprend que c'est sa mémoire
cette veine géante
on a fait un pas de plus dans le ventre
Une vie où ce n'est pas parce qu'on perd quelque part
qu'on gagnera ailleurs
Une vie où le mal ne meurt pas mais se déplace
Une vie où une deuxième peau remplace la première
Une vie qu'on vide de tous ses objets
qu'on remplie de copies moulées dans une matière étrangère
Une vie où il fait froid comme dans un four éteint
où on avance un couteau à la main
Une vie où plus on réfléchit plus on se dit qu'on aurait préféré un fusil
Une vie à écouter aux portes en croyant que derrière on nous détruit
Une vie à changer de visage pour apprendre à se reconnaître
ou juste à mentir peut-être
Une vie où on ne s'attachera plus jamais à personne
Une vie à supplier pour qu'elle nous pardonne
Une vie où si on ne paie pas une fois le prix fort
on rembourse chaque jour d'un remords
Une vie qui n'est qu'un géant règlement de comptes
où seule la manière diffère
Une vie où entre celles des autres et la nôtre souvent c'est la guerre
Une vie avec le père la mère et l'enfant
et dans le futur du passé du présent
Une vie où le sang coule dans le temps
un océan
Une vie où à trop vouloir tirer dans le tas, on tire sur soi
Une vie où on n'a rien à perdre à faire en sorte que ça s'arrête
Une vie à ne rien faire pour que ça s'arrête
Une vie à chercher de l'aide pour sortir de son enfer tiède
Une vie à brûler et à regarder ses mains
Une vie sans trouver le calme
Une vie où finalement au bout du chemin on ne regrette pas
car une fois l'incendie éteint
il ne reste plus qu'un tas de cendres froides
et personne ne peut deviner ce qu'il y avait avant

Une vie pour rien

Programme - Une vie
L’Enfer tiède (2002)

mercredi 9 juin 2021

Orléans by night

Ses derniers albums m'ayant guère emballé, j'avais perdu de vue Florent Marchet... Il n'en était pas moins actif durant ces dernières années : écriture/composition pour divers interprètes, bandes-son de films, séries ou pièces de théâtre... Et écriture de son premier roman. On imagine que son ami Arnaud Cathrine l'y aura encouragé.

Un roman plaisant, centré sur une poignée de personnages bien travaillés. La psychologie du personnages principale est particulièrement approfondie. L'intrigue est simple, mais le contexte (le monde rural) très bien rendu, voire documenté lorsqu'il s'agit d'agriculture.

Très bonne lecture, donc. Et voici un premier extrait, qui parlera certainement à ceux qui connaissent intimement Orléans.

Marion s'éloigne d’un pas fluide. Jérôme se rapproche des volets mi-clos : dans le maigre espace de jour, il regarde son corps élancé qui traverse la cour, son dos droit tourné vers l’azur comme s’il allait être avalé par la lumière, et ses jambes mécaniquement souples et régulières. Même le bruit du gravier sous ses pas lui semble élégant. Jérôme n’en revient pas d’avoir su la garder. Ils se sont rencontrés en 1996 dans un bar à Orléans. Lui qui ne sortait pas souvent avait été traîné par ses colocataires jusqu’à ce pub où un groupe local massacrait les Pixies. Il avait fait la connaissance de Marion dans la file d’attente des toilettes. Les baskets s’engluaient dans un mélange de bière et d’urine. Il avait ironisé maladroitement au sujet du guitariste, elle avait souri sans peut-être même comprendre son jeu de mots. Ils avaient terminé la soirée ensemble. Elle avait vingt-et-un ans, lui vingt-deux. Jérôme s’ennuyait ferme dans son école d’ingénieurs mais il était un des meilleurs de sa promotion. Elle venait d’une famille bourgeoise orléanaise, fille d’un directeur de banque et d’une mère au foyer. Son père était mort d’un cancer du pancréas à l’âge de cinquante ans, laissant derrière lui une assurance-vie conséquente et quelques placements, qui avaient permis à sa fille unique d'a d'acheter à vingt ans un appartement en plein centre-ville. S'il n’y avait pas eu cet héritage, ils auraient déjà coulé la ferme. À l’époque, les rues d'Orléans étaient très animées la nuit. Il y avait partout des cafés-concerts, même en périphérie. Personne ne semblait s’en plaindre, il y avait dans l’atmosphère une énergie, une envie folle de débarrasser la ville de son image de cité-dortoir. Son quartier « Les Halles Châtelet » rappelait combien Paris était complexant. Le week-end, Jérôme rentrait volontiers à Sully-sur-Loire, chez ses parents, qui travaillaient tous deux à la mairie, son père comme attaché territorial et sa mère comme secrétaire d'accueil. Il leur apportait son linge sale et en profitait pour manger autre chose que des pizzas surgelées ou des kebabs. Ses parents ne lui posaient aucune question, mais ils ne cachaient pas leur fierté. Leur fils, à force de courage, de sérieux et de ténacité, allait devenir ingénieur en agronomie. Son père répétait sur le ton de la boutade: "C'est pas rien pour un petit pays comme le nôtre."

Florent Marchet, Le Monde du vivant (2020)

mardi 4 mai 2021

J'aime la découverte, mais aussi le partage

Parler de moi n'est pas ce que je fais le mieux, mais il faut savoir prendre les choses en main pour faire de belles rencontres. Je suis une femme active, je suis une jeune maman, j'ai rejoint Alstom en 2009. Le domaine de l'aéronautique est celui que je préfère.

Je suis généreuse en amour, féminine, pas compliquée, ouverte d'esprit. Positive, je prends toujours le meilleur de chacun. Je suis un pinçon, sauf en cas de mauvaise journée. Je regarde des séries, c'est le truc que je préfère. De temps en temps je vais voir les amis : on joue au laser game, on va au bowling... je me sens vivante et je profite à fond. J'aime la découverte, mais aussi le partage. J'aime parler de nombreux sujets.

J'ai deux bras, deux jambes, une tête avec des trucs dedans. Même si je ne crois pas aux rencontres virtuelles, je viens trouver ma perle rare. L'homme idéal n'existe pas, pourtant je le vois simple, humain, avec ses qualités et ses défauts.

J'ai envie de conjuguer le verbe "aimer" à l'aide de sujets, et de mots invariables comme "beaucoup", "longtemps"... Les princes existent, par paquet de seize et fourrés au chocolat. A défaut l'amitié, c'est bien aussi... Si tu allies humour et sérieux, que tu as la tête sur les épaules, alors c'est peut-être Toi

Institut - Parler de moi
Spécialiste Mondial Du Retour D'Affection (2016)

dimanche 14 février 2021

Des bourgeoises blanches bien comme il faut

Je me résous à refermer ma séquence de posts consacrés à "King Kong Théorie" par ce dernier article. Il revient sur un reportage en banlieue, qui illustre, une fois de plus un certaine "déconnexion" sociale des journalistes. Au moins, la profession semble-t-elle depuis en avoir pris conscience avec la crise des gilets jaunes. Le regard de l'homme sur la femme est quant à lui plutôt uniformément réparti. 

Reportage sur une chaîne d'infos du câble, un documentaire sur des filles de banlieues. Plus exactement : sur leur inquiétante perte de féminité. On voit trois gamines à bonnes têtes jurer comme des charretiers et l'une d'entre elles tente d'attraper je ne sais qui dans une cage d'escalier, dans l'espoir de lui mettre une trempe. Quartier désolé, jeunesse désœuvrée, des gosses qui savent qu'ils n'auront probablement pas plus de chances que leurs parents, c'est-à-dire que dalle. Ces images toujours un peu troubles, pour quelqu'un de mon âge, d'une France qui est devenue un pays du quart-monde. Une pauvreté extrême, jouxtant le luxe le plus indécent. Ce qui inquiète les commentateurs, et ils le disent sans rigoler, c'est que ces filles ne portent jamais de jupes. Et qu'elles parlent mal. Ça les surprend, ils sont sincères. Ils s'imaginent, tranquilles, que les filles naissent dans des sortes de roses virtuelles et qu'elles devraient devenir des créatures douces et paisibles. Même plongées dans un milieu hostile où il vaut mieux savoir jouer du coup de boule pour exister un minimum. Les femmes devraient s'occuper de jolies choses, en arrosant des fleurs, et en chantonnant tout doucement. C'est vraiment tout ce qui les inquiète, dans ce qu'ils ont filmé. Ces femmes ne ressemblent pas aux femmes des beaux quartiers, aux gosses des magazines, aux filles des grandes écoles. Le journaliste qui a écrit ce commentaire a l'impression que c'est naturel, d'être une femme comme celles qui l'entourent. Que cette féminité n'a pas de race, pas de classe, n'est pas construite politiquement, il croit que si on laisse les femmes être ce qu'elles doivent être, naturellement, de la manière poétique la plus admirable, elles deviennent comme les femmes qui travaillent et dînent autour de lui : des bourgeoises blanches bien comme il faut.

Virginie Despentes, King Kong Théorie (2006)

vendredi 12 février 2021

Oxenfree

Ceci n'est pas un post sponsorisé... mais que vous soyez hardgamer, casual gamer ou no gamer, impossible de passer à côté d'Oxenfree, en ce moment à 0.81€ sur Steam. Un jeu où l'on parle et marche beaucoup, le tout dans une ambiance prenante (et légèrement inquiétante).


vendredi 5 février 2021

Album covers of the week

J'avais un peu perdu de vu PJ Harvey, mais sa participation à la bande son de The Virtues, (le fait que nous ayons jouté entre amis pour déterminer sa meilleure chanson) et la récente ré-édition de ses premiers albums, l'a rappelée à mon bon souvenir. Intérêt de ces sorties ? Elle renferment les versions démos de tous les titres. Je les préfère éloignés en termes d'instrumentation que juste "similaires et moins bien" (travers bien connu des démos rendues publiques). Aussi je vous recommande particulièrement celles issues de "Dry", et dans une moindre mesure "Is this Desire?"

Quant à "Stories from the sea, stories from the city", il faudra attendre le 26 février.

jeudi 4 février 2021

In jedem Ton liegt eine Hoffnung

Il y a deux groupes germanophones que j'adore. Kante et Tocotronic. Tous deux de Hambourg (la fameuse Hamburger Schule). Si j'aime d'amour l'album "Zweilicht" (2001) des premiers, les seconds me font plus régulièrement plaisirs (leur dixième album étant paru en 2018). J'avais presque oublié ce chaleureux morceau de début de pandémie, emprunt d'une si belle mélancolie.
Allez, je guette leur prochaine tournée allemande, et je réserve mes billets de train et hôtel.


Hier ist ein Lied, das uns verbindet
Und verkündet: Bleibt nicht stumm
Ein kleines Stück, Lyrics and Music
Gegen die Vereinzelung

In jedem Ton liegt eine Hoffnung,
eine Aktion in jedem Klang
In jedem Ton liegt eine Hoffnung
Auf einen neuen Zusammenhang

Hier ist ein Lied, das uns verbindet
Und es fliegt durchs Treppenhaus
Ich hab den Boden schwarz gestrichen
Wie komm ich aus der Ecke raus?

Aus jedem Ton spricht eine Hoffnung
Transformation aus jedem Klang
Aus jedem Ton spricht eine Hoffnung
Auf einen Neuanfang

Und wenn ich dann schweigen müsste
Bei der Gefahr die mich umgibt
Und wenn ich dann schweigen müsste
Dann hätte ich umsonst gelebt

Wenn ich dich nicht bei mir wüsste
Hätte ich umsonst gelebt
Wenn ich dich nicht bei mir wüsste
Hätte ich umsonst gelebt

Tocotronic - Hoffnung (2020)

lundi 25 janvier 2021

Du triomphe à bons frais

Il faudrait décidément presque citer intégralement ce livre de Virginie Despente. Je retiens ce prochain extrait, car il résonne avec des débats affrontements d'idées récents, comme par exemple ceux qui suivirent  les agressions sexuelles du Nouvel An 2016 en Allemagne. A ma droite, on y vit la preuve de la criminalité consubstantielle à l'immigration. A ma gauche, on se refusa d'instrumentaliser ce fait alors que les agressions sexuelles sont finalement assez uniformément réparties. Le premier camp reprocha au second de rester muet face à de telles mésactions, et le second, au premier, de ne s'intéresser à l'oppression masculine que lorsqu'elle était le fait d'étrangers. 

Quand, à la télé, consternés, ils passent en boucle des images de « Happy slapping », un gamin qui met une trempe à une fille qu'il dépasse de deux bonnes têtes et de facile quinze kilos, en se faisant filmer par un pote pour ensuite frimer devant d'autres mecs, on nous montre ça comme pour dire : « Ces musulmans, fils de parents polygames, ils n'ont aucun respect de la femme, on n'en peut plus. » Sauf que c'est exactement ce que vous faites dans un tiers de la littérature masculine blanche. Raconter comment vous profitez de vos statuts de dominants pour abuser de gamines que vous choisissez parmi les plus faibles, raconter comment vous les trompez les baisez les humiliez, pour vous faire admirer par vos potes. Du triomphe à bons frais. [...] Dans un tiers de la production cinématographique blanche contemporaine, regardez ce qu'on leur fait, aux filles. Triomphes de lâches. C'est qu'il faut rassurer les hommes. Ça passe par là.

Virginie Despentes, King Kong Théorie (2006)

mardi 12 janvier 2021

Nuances de gris

On ne verra peut-être jamais l'exposition L’Âge d’or de la peinture danoise (1801-1864) au Petit Palais, profitons-en pour nous souvenir d'un autre peintre danois récemment exposé à Paris : Vilhelm Hammershøi (1864-1916). Si ses prédécesseurs excellaient dans l'art du paysage, lui s'est distingué par la représentation d'intérieurs (thème en vogue au tournant du XXème siècle, également adopté par ses proches Holsøe et Ilsted).

Intérieur avec jeune femme vue de dos (1904)

Intérieur (1899)

Repos (1905)

Intérieur avec une femme debout (1901)

lundi 11 janvier 2021

I’ve just begun

At the funeral my cousin he asked me in small talk
"Are you making the people dance?"
I said "Sure", and thought to myself
"Who does he think I am, Tame Impala?"

Le hasard m'aura fait renouer avec BC Camplight, perdu de vue depuis 2005. Ce natif du New Jersey, ayant trouvé en Manchester une terre d'adoption, poursuit son chemin, jalonné semble-t-il de troubles psychiques. Allez hop, "Back to work"


I am almost through watching Die Hard 2 for the 38th time
I would go insane on a burning plane
I gotta block out most of the pain, just like John McClane does

I wanna look myself in the eye, be a normal guy
And say some cleverish shit when I’m about to die

Back to work, back to work
I'm going back to work

I know the devil and his wife Denise
They worship me
I’m their kind of guy, I bring them peace
They both agree, I’m a monster 
Yippee ki yay, I’m a blood sucker

I hear people scream in my ear - I guess that’s a curse
But the things I say to myself are even worse

Back to work, back to work
I'm going back to work

I told my Mom I wanted to kill myself
She said "Brian, grow up"
"You're 40 years old, ain’t it time to stop that shit"
But I can’t save the world And by the way, Mom
I’m 41 and I’ve just begun

Back to work, back to work
I'm going back to work
Back to work, back to work
Everybody's going back to work

BC Camplight - Back to work 
Shortly After Take off (2020)

vendredi 1 janvier 2021

2020, une playlist

Meilleurs voeux à tous, merci de continuer à rendre visite à ce blog, actif sur maintenant 16 années. Refermons cette année 2020 par une ultime playlist, en versions spotify et deezer (en lien avec le bilan musical plublié plus haut)

Spotify :
ou

Deezer :