mercredi 28 mai 2014

What a beautiful face I have found in this place

Avant qu'internet soit meme, lol et réseaux sociaux, pré-existait cette image (factice) de Paris Hilton révélant son album préféré.


L'album en question : "In the Aeroplane Over the Sea", par Neutral Milk Hotel, considéré par quelques uns comme LE classique indé culte des années 90.

S'il a paru en 1998, je n'en ai entendu parler qu'au début des années 2000, par le biais de Will Sheff (Okkervil River), qui citait le groupe dans de nombreuses interviews. Trop tard : Jeff Mangum devait dissoudre Neutral Milk Hotek en 1999.

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Du temps a passé, certains membres ont suivi leur propre voie : Jeremy Barns (batterie, accordéon) avec a Hawk and a Hacksaw (vu en 2009 au New Morning), et Julian Koster (guitare, banjo, scie musicale, accordéon) sorte de grand enfant dans un corps d'adulte, avec son projet Music Tapes (vu à l'Espace B le 4 juillet dernier... le concert était mémorable)

Depuis, Neutral Milk Hotel s'est reformé, et se produit à nouveau sur scène.
Dimanche, j'ai eu grand plaisir à retrouver ces individualités artistiques fortes, et à découvrir Jeff Mangum (tout en barbe, cheveu et casquette) aux côtés d'autres musiciens de talents (aux cuivres notamment).

Quel démarrage que l'enchaînement Two-headed boy / The fool, c'est-à-dire Jeff Mangum seul, ensuite accompagné par la pleine densité sonore du groupe.
Vinrent ensuite des morceaux plus rythmés qui auront animé jusqu'aux derniers rangs du par-terre du Trianon.

Le mois de Mai aura été riche de très bon concerts (La Dispute, Future Islands, Hamilton Leithauser), celui-ci remporte la Palme d'Or !



What a beautiful face
I have found in this place
That is circling all round the sun
What a beautiful dream
That could flash on the screen
In a blink of an eye and be gone from me
Soft and sweet
Let me hold it close and keep it here with me, me

And one day we will die
And our ashes will fly from the aeroplane over the sea
But for now we are young
Let us lay in the sun
And count every beautiful thing we can see
Love to be
In the arms of all I'm keeping here with me, me

What a curious life we have found here tonight
There is music that sounds from the street
There are lights in the clouds
Anna's ghost all around
Hear her voice as it's rolling and ringing through me
Soft and sweet
How the notes all bend and reach above the trees, trees

Now how I remember you
How I would push my fingers through
Your mouth to make those muscles move
That made your voice so smooth and sweet
Now we keep where we don't know
All secrets sleep in winter clothes
With one you loved so long ago
Now he don't even know his name

What a beautiful face
I have found in this place
That is circling all round' the sun
And when we meet on a cloud
I'll be laughing out loud
I'll be laughing with everyone I see
Can't believe how strange it is to be anything at all


Neutral Milk Hotel, In the Aeroplane Over the Sea
In the Aeroplane Over the Sea (Merge, 1998)

samedi 24 mai 2014

La propriété, c'est le vol

Si j’avais à répondre à la question suivante : Qu’est-ce que l'esclavage ? et que d’un seul mot je répondisse : c'est l’assassinat, ma pensée serait d’abord comprise. Je n’aurais pas besoin d’un long discours pour montrer que le pouvoir d'ôter à l’homme la pensée, la volonté, la personnalité, est un pouvoir de vie et de mort, et que faire un homme esclave, c’est l’assassinat. Pourquoi donc à cette autre demande : Qu'est-ce que la propriété ? ne puis-je répondre de même : c’est le vol, sans avoir la certitude de n'être pas entendu, bien que cette seconde proposition ne soit que la première transformée ?

Lorsqu'on s'interroge sur la société actuelle et la religion de la Croissance, on en vient naturellement à questionner le Capitalisme, puis les notions de "Capital" et enfin de "Propriété".
Dès lors, quoi de plus attirant que la lecture de l'ouvrage "Qu'est-ce que la propriété ?" par le 
polémiste/journaliste/économiste/philosophe/sociologue bisontin Pierre-Joseph Proudhon.

La formule qui reste est effectivement celle citée en exergue :
"La propriété, c'est le vol" (*)

Remettant d'abord en cause celle de la terre ("on veut savoir en vertu de
quel droit l'homme s'est approprié cette richesse qu'il n'a point créée, et que la nature lui
donne gratuitement"), il en vient naturellement à celle des moyens de production, puis en vient à la notion de travail, le capitalisme étant l'apothéose d'une extorsion invisible. 


Quiconque travaille devient propriétaire : ce fait ne peut être nié dans les principes actuels de l'économie politique et du droit. Et quand je dis propriétaire, je n'entends pas seulement, comme nos économistes hypocrites, propriétaire de ses appointements, de son salaire, de ses gages ; je veux dire propriétaire de la valeur qu'il crée, et dont le maître seul tire le bénéfice.

Comme tout ceci touche à la théorie des salaires et de la distribution des produits, et que cette matière n'a point encore été raisonnablement éclaircie, je demande permission d'y insister ; cette discussion ne sera pas inutile à la cause. Beaucoup de gens parlent d'admettre les ouvriers en participation des produits et des bénéfices ; mais cette participation que l'on demande pour eux est de pure bienfaisance ; on n'a jamais démontré, ni peut-être soupçonné, qu'elle fût un droit naturel, nécessaire, inhérent au travail, inséparable de la qualité de producteur jusque dans le dernier des manœuvres.

Voici ma proposition : Le travailleur conserve, même après avoir reçu son salaire, un droit naturel de propriété sur la chose qu'il a produite.

Je continue à citer M. Ch. Comte
« Des ouvriers sont employés à dessécher ce marais, à en arracher les arbres et les broussailles, en un mot à nettoyer le sol : ils en accroissent la valeur, ils en font une propriété plus considérable ; la valeur qu'ils y ajoutent leur est payée par les aliments qui leur sont donnés et par le prix de leurs journées : elle devient la propriété du capitaliste. »

Ce prix ne suffit pas : le travail des ouvriers a créé une valeur ; or, cette valeur est leur propriété. Mais ils ne l'ont ni vendue, ni échangée ; et vous, capitaliste, vous ne l'avez point acquise. Que vous ayez un droit partiel sur le tout pour les fournitures que vous avez faites et les subsistances que vous avez procurées, rien n'est plus juste : vous avez contribué à la production, vous devez avoir part à la jouissance. Mais votre droit n'annihile pas celui des ouvriers, qui, malgré vous, ont été vos collègues dans l'œuvre de produire. Que parlez-vous de salaires ? L'argent dont vous payez les journées des travailleurs solderait à peine quelques années de la possession perpétuelle qu'ils vous abandonnent. Le salaire est la dépense qu'exigent l'entretien et la réparation journalière du travailleur ; vous avez tort d'y voir le prix d'une vente. L'ouvrier n'a rien vendu : il ne connaît ni son droit, ni l'étendue de la cession qu'il vous a faite, ni le sens du contrat que vous prétendez avoir passé avec lui. De sa part, ignorance complète ; de la vôtre, erreur et surprise, si même on ne doit dire dol et fraude.

Proudhon, Qu'est-ce que la propriété? (1840)

Cette lecture n'ayant pas répondu à toutes mes interrogations, j'ai l'impression que je ne vais pas pouvoir faire l'économie de la lecture de Marx.
A suivre...



(*) Proudhon distingue la propriété (de droit) de la possession (de fait)

jeudi 22 mai 2014

Still the Water [Movie Poster of the Week]

Naomi Kawase, Still the Water (2014)

Bonne nouvelle, le nouveau film de Naomi Kawase a l'air d'avoir récolté nombre d'éloges à Cannes cette semaine. Naomi Kawase, c'est cette réalisatrice japonaise qui a également réalisé le très beau "le forêt de mogari" (2007)...
ainsi que Shara (2001).
Et comme vous pouvez le voir, les affiches de ses films sont souvent très réussies

samedi 17 mai 2014

L'aventura

Total hasard que celui qui place sur ce blog "L'aventura" au contact direct de "L'avventura".
Si j'évoque ici le nouvel album de Sébastien Tellier, c'est dans le cadre de la rubrique Crossed Covers.


A mesure des singles, le barbu décline ses visuels, en mode Gauguin meets Douanier Rousseau.


Sébastien Tellier, L'aventura / Calypso / L'adulte
(Record Makers, 2014)
Paul Gauguin - Arearea No Varua Ino (1864)
Henri Rousseau - Cheval attaqué par un jaguar (1910)

samedi 10 mai 2014

Moi ! faire le mal ?

Si vous êtes familiers des usages de l'internet, vous connaissez l'abréviation MRW (My Reaction When) généralement suivie d'une situation et d'un "reaction gif" décalé ou outrancier (sur la base d'un extrait de film, série, animé...).
C'est évidemment plus percutant que le même concept étendu à des citations littéraires.

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Peu à peu, ma tête s’exaltait, et des idées de plus en plus sombres me remuaient et m’épouvantaient ; une puissance irrésistible m’entraînait à descendre en moi.

Faire le mal ! tel était donc le rôle que la Providence m’avait imposé ! Moi, faire le mal ! moi à qui ma conscience, au milieu de mes fureurs mêmes, disait pourtant que j’étais bon ! moi qu’une destinée impitoyable entraînait sans cesse plus avant dans un abîme, et à qui en même temps une horreur secrète montrait sans cesse la profondeur de cet abîme où je tombais ! moi qui partout, malgré tout, eussé-je commis un crime et versé le sang de ces mains que voilà, me serais encore répété que mon cœur n’était pas coupable, que je me trompais, que ce n’était pas moi qui agissais ainsi, mais mon destin, mon mauvais génie, je ne sais quel être qui habitait le mien, mais n’y était pas né ! moi ! faire le mal ! Depuis six mois j’avais accompli cette tâche ; pas une journée ne s’était passée que je n’eusse travaillé à cette œuvre impie, et j’en avais en ce moment même la preuve devant les yeux. L’homme qui avait aimé Brigitte, qui l’avait offensée, puis insultée, puis délaissée, quittée pour la reprendre, remplie de craintes, assiégée de soupçons, jetée enfin sur ce lit de douleur où je la voyais étendue, c’était moi ! Je me frappais le cœur, et en la voyant, je n’y pouvais croire. Je contemplais Brigitte ; je la touchais comme pour m’assurer que je n’étais pas trompé par un songe. Mon propre visage que j’apercevais dans la glace, me regardait avec étonnement. Qu’était-ce donc que cette créature qui m’apparaissait sous mes traits ? qu’était-ce donc que cet homme sans pitié qui blasphémait avec ma bouche et torturait avec mes mains ? Était-ce lui que ma mère appelait Octave ? était-ce lui qu’autrefois, à quinze ans, parmi les bois et les prairies, j’avais vu dans les claires fontaines où je me penchais avec un cœur pur comme le cristal de leurs eaux ?

Je fermais les yeux, et je pensais aux jours de mon enfance. [...] Puis, tout à coup, je rouvrais les yeux, et je retrouvais, à la lueur de la lampe, la réalité devant moi.

« Et tu ne te crois pas coupable ? me demandai-je avec horreur. Ô apprenti corrompu d’hier ! parce que tu pleures, tu te crois innocent ? Ce que tu prends pour le témoignage de ta conscience, ce n’est peut-être que du remords ? et quel meurtrier n’en éprouve pas ? Si ta vertu te crie qu’elle souffre, qui te dit que ce n’est pas parce qu’elle se sent mourir ? Ô misérables ! ces voix lointaines que tu entends gémir dans ton cœur, tu crois que ce sont des sanglots ; ce n’est peut-être que le cri de la mouette, l’oiseau funèbre des tempêtes, que le naufrage appelle à lui. Qui t’a jamais raconté l’enfance de ceux qui meurent couverts de sang ? Ils ont aussi été bons à leurs jours ; ils posent aussi leurs mains sur leur visage pour s’en souvenir quelquefois. Tu fais le mal et tu te repens ? Néron aussi, quand il tua sa mère. Qui donc t’a dit que les pleurs nous lavaient ?

Alfred de Musset, La Confession d'un Amant du Siècle (1836)

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(ma réaction lorsque [je] réalise avoir mal aimé)

mardi 6 mai 2014

With Light And With Love [Top Tape]


Top Tape Vol.7 (S6) est en ligne !
Ca pourraît bien être l'avant-dernière mixtape de la saison.

Au générique :
Woods, Full Ugly, Dean Wareham (bientôt à l'Espace B), Coming Soon, Ramesh Srivastava (ex-Voxtrot), Voxtrot (logique), Hold your Horses (x2), Amen Dunes (j'y reviens plus bas), Nick Cave (circa 1985), Protomartyr (worst band name ever?), et l'ami Frànçois and the Atlas Mountains.

Vous pouvez d'ores et déjà noter la date de la prochaine soirée Radio Campus Paris. Elle aura lieu le Samedi 24 mai, à l'Espace B.
Triple plateau, puisque nous accueillerons dans le cadre de cette soirée concert Amen Dunes, qui sera précédé de Quetzal Snakes et Michelle Blades.

Des infos, du son ici :
Un webfly, là :


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Dernière chose, pour ceux d'entre vous qui sont adeptes de streaming, apprécient la programmation musicale de Radio Campus Paris (qui - de fait - couvre des horizons plus larges que ceux que vous pouvez écouter dans mon émission), notez que la playlist mensuelle, en plus d'être diffusée à l'antenne est également accessible sur spotify et deezer (en tout cas pour les titres disponibles)
Ca se passe sur cette page :

dimanche 4 mai 2014

Il ne faut pas confondre

...Thalia Zedek, guitariste, chanteuse originaire de Washington,
et ayant sorti des albums sur Matador et Thrill Jockey

et Tara Jane O'Neil
C'est surtout elle que j'aime bien, pour son album "Where Shine New Lights" (paru en 2014 sur Kranky). Du "post-rock" lent, doux et rêveur.
Elle réside aujourd'hui à Portland (OR)
La bonne nouvelle, c'est qu'elle devrait normalement jouer à Paris le 7 juin (à suivre)

En préparant cet article, m'est revenu en tête le nom de ce groupe rhônalpin appelé Tara King Th. Je les ajoute ici.

jeudi 1 mai 2014

Movie poster of the week


Roman Polanski, le couteau dans l'eau (1962)

"Le couteau dans l'eau" est le tout premier long-métrage de Roman Polanski. Il a été tourné en Pologne. Il fait parti des films du réalisateur à voir (imho), au premier rang desquels figurent
Rosemary's Baby et surtout Répulsion (tous deux déjà évoqués sur ce blog)

Jolanta Umecka (as Krystyna)