lundi 17 janvier 2022

La vie est une tartine de merde

voici Joseph Ponthus en prise avec les bulots. C'est plus physique.


La vie est une tartine de merde dont on mange une bouchée tous les jours
Philosophait ma grand-mère les jours d'un peu moins bien 

C'est faux
La merde est une tartine de bulots à décharger par palettes quand une pièce d'un tapis roulant est en panne sur une ligne de production 

Si ce n'est pas encore l'enfer
Qui finira bien par arriver
C'est bien un putain de purgatoire de merde

Purgatoire de douleurs du fait des positions incohérentes que j'essaie de trouver pour faire sans ce foutu tapis roulant

Le gouffre de la machine réclame son lot incessant de bulots
Je Pallie le tapis
Je suis le lien 

Il faut que la production continue 

[...] Hier tentant de trouver une solution physiquement acceptable
J'en étais à porter à bout de bras les sacs de dix kilos de bulots pour les faire passer dans un trou de la machine comme on tenterait de mettre un panier en jouant au basket
Complètement con
Mais
Dans ces moments où tu ne sais plus que faire pour soulager les autres parties de ton corps
Tu en sollicites une nouvelle te disant que la douleur ailleurs ne saurait être que moins pire 

Il faut que la production continue 

La répétition des douleurs
La vanité de l'affaire
Tout ça pour des bulots qui ne s'arrêteront jamais

Joseph Ponthus, À la ligne (2019)


samedi 15 janvier 2022

The passing of time is making me sad again

" When you're dancing and laughing and finally living
Hear my voice in your head and think of me kindly "


Paroles de the Smiths, vues et entendues dans le film "Nomadland"... car tatouées sur le biceps d'une des employées que Fern (Frances McDormand) rencontrera, au cours de sa mission dans un entrepôt Amazon. Ne nous privons pas de la chanson dans son intégralité

A sad fact widely known
The most impassionate song to a lonely soul
Is so easily outgrown
But don't forget the songs that made you smile
And the songs that made you cry
When you lay in awe on the bedroom floor
And said, "Oh, oh, smother me mother"

The passing of time and all of its crimes
Is making me sad again
The passing of time and all of its sickening crimes
Is making me sad again
But don't forget the songs that made you cry
And the songs that saved your life
Yes, you're older now and you're a clever swine
But they were the only ones who ever stood by you

The passing of time leaves empty lives waiting to be filled
I'm here with the cause, I'm holding the torch
In the corner of your room (can you hear me?)
And when you're dancing and laughing and finally living
Hear my voice in your head and think of me kindly

Do you love me like you used to?

the Smiths, Rubber ring (1986)
Chloé ZhaoNomadland  (2020)

vendredi 7 janvier 2022

Le silence sur nos vies

Originaire de Reims, puis éducateur spécialisé en proche banlieue parisienne, Joseph Ponthus suivra en 2015 sa femme pour s'installer en Bretagne. Ne trouvant pas d'emploi, il se résoudra à pousser la porte d'une agence d'interim, pour, in fine, se voir confier des missions en tant qu'ouvrier dans l'industrie agro-alimentaire. 
Sa vie intérieure, ses souvenirs littéraires, sa femme ou ses collègues l'aideront à faire face à la dureté du travail. Joseph Ponthus n'est pas un écrivain ayant quitté son confort quotidien pour écrire un roman. Mais un ouvrier intérimaire avec le goût des lettres devenu l'auteur d'un premier livre remarqué. Dans cette ouvrage, il " écri[t] comme il travaille, à la chaîne, à la ligne".

Le voici en train de constituer des couronnes de crevettes...

Quels opérateurs de production de quel pays ont fait avant nous une telle oeuvre de décortiquage
Quels ouvriers
Pour quel salaire
Quels enfants

Ces visages d'opérateurs de production sous les équipements de protection individuels
Sous les masques
Quelle est leur vie derrière les gestes automatiques les entraides ouvrières la sympathie machinale de ceux qui triment sans se plaindre
Le silence sur nos vies semble de mise
L'usine prime autant que nos revenus mensuels

Autant de crevettes
Autant de questions

Joseph Ponthus, À la ligne (2019)

mardi 4 janvier 2022

2021, une playlist

Dans ce monde de m*rde qu'est le nôtre, avec crise écologique (spéciale dédicace aux 1% les plus riches) et crise démocratique (big up aux illuminés qui se croient éclairés) à la clef, les raisons d'être inquiet et passablement énervé sont nombreuses. Puisque le salut ne viendra pas de la discussion (polarisée, et minée par les raisonnements ineptes ou fallacieux), offrons-nous d'avantage de respirations artistiques.

Voyons, écoutons, ressentons de l'Art, ceci nous fera le plus grand bien.
Arty new year, avec dans la foulée, les playlists deezer et spotify correspondant à mon bilan musical 2021.