mercredi 27 février 2019

La théâtralité du quotidien

Dans l'exposition  "Scène" au BAL, le photographe Alex Majoli poursuit sa réflexion sur la théâtralité du quotidien, déclinée en somptueux clichés d'un noir profond, pris un peu partout dans le monde. Un "quotidien", parfois anodin, mais plus souvent politique.

République du Congo, 2013, Scene #9928 © Alex Majoli / Magnum Photos
Supporters des Red Devils au stade de Brazzaville

Grèce, Lesbos© Alex Majoli / Magnum Photos
A scene from the refugee camp in Idomeni, on the Greece-Macedonia border

Chine, Shenzhen (2017), Scene #1350 © Alex Majoli / Magnum Photos
Les employés d’un institut de beauté participent à une réunion de motivation avant de commencer leur travail

Alex Majoli - Scene
jusqu'au 28 avril au BAL

mardi 26 février 2019

Ascension Day



Mark Hollis, chanteur de Talk Talk, est mort hier, à l'âge de 64 ans. Avec son groupe, et notamment leurs derniers albums Spirit of Eden (1988) Laughing Stock (1991), il est l'un des précurseurs du "post-rock" (grosse influence de Bark Psychosis par exemple). A écouter également : l'album solo de Mark Hollis (1998).


Bet I'll be damned
Built the debt, I turned twos up today
Bet I'll be damned
Gets harder to sense the sail

Farewell
Mother numb to and devout to
Reckon luck sees us the same

Weighted my hand
Kill the bet, I'll burn on judgement day
Weighted my hand
Get hard hit to sense the sail

Farewell
Mother numb to and devout to
Double deal a season wrapt too lax to lapse so soon
Reckon luck sees us the same

Bed on my back
Dealt my hell, I've dealt my months of May
Bed on my back
Get parted ascension day

Farewell
Mother numb to and devout to
Reckon luck sees us the same
Reckon love deals us the same

Talk Talk - Ascension Day
Laughing Stock (Polydor, 1991)

lundi 25 février 2019

Worst band ever?

Il m'aura fallu attendre près de sept années pour prendre connaissance au cours d'une soirée - sur un "wall IRL" - de ce savoureux message de "fan", relayé par Sonic Youth sur leur page facebook (en 2012, donc).


Sonic Youth5 avril 2012

Our fans writing:

"I'm going to be 100% honest with you.

I'm 13. I have a little band. We are so much better than you. Honestly. You are the worst band I have ever seen in [my] entire life. You are worse than Rebecca Black. The bass player just hacks the bass and plays one chord. The guitar players are playing out of tune guitars and... well not even playing actually chords. I couldn't sound worse if I tried. It actually sounds like a joke to me. The drummer is okay. But honestly the vocalist is completely out of tune. Oh and The Black keys have two people and are better than you.

From: Me, and pretty much everyone else who has accidentally stumbled upon your terrible music. "

Source :


vendredi 22 février 2019

Notre ordure lancée au visage de l'humanité

Des années que je voulais lire du Claude Lévi-Strauss, tant les propos et écrits sur l'humanité qui parvenaient jusqu'à moi semblaient profonds (exemple)... et puis un jour : je trouve Tristes Tropiques dans un vieux carton de livres abandonnés, sur le trottoir.
Premier extrait.

Aujourd'hui où des îles polynésiennes noyées de béton sont transformées en porte-avions pesamment ancrés au fond des mers du Sud, où l'Asie tout entière prend le visage d'une zone maladive, où les bidonvilles rongent l'Afrique, où l'aviation commerciale et militaire flétrit la candeur de la forêt américaine ou mélanésienne avant même d'en pouvoir détruire la virginité, comment la prétendue évasion du voyage pourrait-elle réussir autre chose que nous confronter aux formes les plus malheureuses de notre existence historique ? Cette grande civilisation occidentale, créatrice des merveilles dont nous jouissons, elle n'a certes pas réussi à les produire sans contrepartie. Comme son oeuvre la plus fameuse, pile où s'élaborent des architectures d'une complexité inconnue, l'ordre et l'harmonie de l'occident exigent l'élimination d'une masse prodigieuse de sous-produits maléfiques dont la terre est infectée. Ce que d'abord vous nous montrez, voyages, c'est notre ordure lancée au visage de l'humanité.

Je comprends alors la passion, la folie, la duperie des récits de voyage. Ils apportent l'illusion de ce qui n'existe plus et qui devrait être encore, pour que nous échappions à l'accablante évidence que vingt-mille ans d'histoire sont joués. Il n'y a plus rien à faire : la civilisation n'est plus cette fleur fragile qu'on préservait, qu'on développait à grand peine dans quelques coins abrités d'un terroir riche en espèces rustiques, menaçantes sans doute par leur diversité, mais qui permettaient aussi de varier et de revigorer les semis. L'humanité s'installe dans la monoculture, elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat.

Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques (1955)

mercredi 20 février 2019

Jusqu'à la plus fine limite

Grand film de Melville, encore, "l'armée des ombres" avec un Lino Ventura, grave et impressionnant.


Je voudrais tout de même vivre, et je vais mourir, et je n'ai pas peur. C'est impossible de ne pas avoir peur quand on va mourir. C'est parce que je suis trop borné, trop animal pour y croire. Et si je n'y crois pas jusqu'au dernier instant, jusqu'à la plus fine limite, je ne mourrai jamais. Quelle découverte ! et comme elle plairait au patron ! Il faut que je l’approfondisse. Il faut...

L'Armée des ombres, Jean-Pierre Melville (1969)

samedi 2 février 2019

Last exit to "Change your mind"


Des jeunes filles qui disparaissent, une enquête, le tout dans une ville du Sud des Etats-Unis encore fortement marquée par son passé "confédéré". Camille Preaker, journaliste et par ailleurs native de cette ville, est envoyée sur place pour réaliser la chronique des événements. Elle y retrouvera tout ce qu'elle avait fui, tout ce qui a ébranlé son être par le passé.


La scénario, la réalisation, les acteurs, décors et galerie de personnages secondaires récurrents ont fait de cette série une des toutes meilleures de 2018. Les plus attentifs et appliqués d'entre vous pourront de plus s'amuser à dénicher les mots et messages dissimulés dans un grand nombre de plans, qui constituent autant d'indice reflétant l'état d'esprit de l'héroine ou la progression de l'histoire