mercredi 30 mai 2012

Il ne faut pas confondre

Thomas Belhom (issu de la filière "France - Tucson (AZ)", ex-Amor Belhom Duo, en solo désormais, et signé sur Ici d'Ailleurs)

Thomas Mery (issu de la filière "Post-Rock made in France", ex-Purr, lui aussi en solo)

et Thomas Poli (du groupe Montgomery), musicien actuellement sur scène aux côtés de Dominique A.

J'ai beau le savoir, je me suis encore fait avoir récemment en écoutant le dernier Thomas Belhom. J'étais persuadé que l'album qu'on m'avait filé était celui de Thomas Mery, jusqu'à tant qu'au fil des écoutes, je formule dans ma tête la pensée "c'est curieux, ça me rappelle Amor Belhom Duo".

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Je saisis l'occasion pour signaler que les articles de cette rubrique sont désormais centralisés dans une page dédiée (cf. onglets ci-dessus, ou http://arise-therefore.blogspot.fr/p/il-ne-faut-pas-confondre.html)

samedi 26 mai 2012

Good night unto you all

Ombres que nous sommes, si nous avons déplu,
figurez-vous seulement (et tout sera réparé)
que vous n’avez fait qu’un somme,
pendant que ces visions vous apparaissaient

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Dernier extrait du "Songe d'une nuit d'été". J'aurais voulu vous restituer des passages de "la pièce dans la pièce" qui se déroule dans la dernière scène, mais je vous laisse le plaisir de sa lecture intégrale.

Le procédé est connu chez Shakespeare : Mais ici, le registre est tout autre que dans Hamlet (où la représentation revêtait une importance capitale pour l'intrigue), puisque le ton est léger et l'ensemble très drôle (tant les textes et comédiens sont médiocres)


Au moment de refermer la pièce (la vraie), Puck s'adressera une dernière fois au public dans cet aparté (dont sont extraits les quatre vers traduits en français en début d'article) :

If we shadows have offended,
Think but this, and all is mended,
That you have but slumber'd here
While these visions did appear.
And this weak and idle theme,
No more yielding but a dream,
Gentles, do not reprehend:
if you pardon, we will mend:
And, as I am an honest Puck,
If we have unearned luck
Now to 'scape the serpent's tongue,
We will make amends ere long;
Else the Puck a liar call;
So, good night unto you all.
Give me your hands, if we be friends,
And Robin shall restore amends.

William Shakespeare, Le songe d'une nuit d'été (1600)

jeudi 24 mai 2012

The tender boughs of innocence

When this fire starts, it is very hard to put out. The tender boughs of innocence burn first, and the wind rises... And then all goodness is in jeopardy.

David Lynch, Twin Peaks - Fire Walk with me (1992)

mercredi 23 mai 2012

Aujourd'hui...

Aujourd'hui, j'ai mangé deux fois au restaurant dont une fois de trop, mais le midi, c'était bon avec notamment un poisson accompagné d'un pesto de roquette - et c'est quelqu'un qui s'est déjà essayé au pesto à la menthe qui vous dit ça. Quand j'y repense, à ce poulet basquaise servi au dîner, c'est exactement l'image que je me fais d'un poulet basquaise en conserve, asubtil et bien trop salé. En même temps que moi dînait une soixantaine de retraités italiens, je les ai regardés se placer par affinités, je me suis demandé si à leur âge, j'aurais envie, moi, de faire des sorties en groupe comme ça, mais je ne crois pas. A la fin, la serveuse a dit que mes tickets restaurants étaient jolis. Je ne crois pas non plus qu'un jour je pourrais dire ça. Au métier, malgré l'ambiance détendue et sans faux-semblant, les clients que je formais n'arrivaient pas à me dire "tu". Ca fait 2-3 fois récemment que ça m'arrive, peut-être que j'en impose un max, ou alors juste que je fais plus âgé. Perso, j'ai toujours dit "vous" aux gens qui me paraissent sensiblement plus âgées que moi. "Vous", j'apprécie modérément, sauf la façon avec laquelle Jean-Louis Murat vouvoie les femmes aimées dans ses chansons. Dans la voiture, j'ai d'abord écouté un morceau de la compilation d'Eps (1988-1991) de My bloody valentine, puis Uptight de the Cribs, et enfin le début de Top Tape Vol.5 (S4), parce qu'il n'y avait rien d'autre sur la clef USB que j'avais branchée à l'autoradio. En fin d'après-midi, j'ai couru, j'ai fait 3 fois le tour de l'étang de St Ferréol. Pendant le dernier tour, me sont revenues à l'esprit les intonations de Bernard Faure lorsqu'il commente le marathon, et décrit avec enthousiasme et admiration les coureurs qui en fin de course ne foulent le sol plus que mécaniquement. C'était moi. Avec mon short, on voyait la teinte violacée de mon genou gauche et les éraflures du droite, tout ça parce que je suis tombé, dimanche, comme quand on était gamin et qu'on se faisait des bleus, des croûtes et des bobos. J'ai caressé un chien qui n'avait que trois pattes et s'en accommodait très bien (le savait-il seulement?), ça m'a renvoyé à Mike, le mystérieux manchot dans Twin Peaks. Après j'ai réservé un bungali pour Samedi, oui, un bungali. J'ai appris ce mot, aussi, du coup. En revenant du restaurant, j'ai fait une partie du tour de l'étang, mais dans l'autre sens cette fois. Et très lentement. J'ai écouté un peu du nouvel album de Capitol K, ça passait bien, mieux qu'hier en tout cas, mais évidemment sans comparaison avec "Clear Moon" de Mount Eerie. Cette nuit, à l'hôtel, juste avant que je mette la tête au-dessus de la cuvette, poulet basquaise oblige, Solange m'a parlé, elle m'a parlé WC justement, et c'était fascinant. 

Demain, je rentre.

lundi 21 mai 2012

PS I love you

Déjà l'avant-dernière mixtape de la saison ! feat. que des morceaux trop bien, par Sigur Ros, Lost in the Trees, Monogrenade, Spain, Felix, Mount Eerie, Labradford, Dominique A, Hannah, Ramona Falls, the Cribs, Built to Spill et PS I love you.

En écoute sur le site de Radio Campus Paris, ou via le player suivant
[ Accès Rapide .]


Des exemplaires de l'album de Monogrenade sont à gagner !



Prochaine et dernière émission de la saison : Dimanche 10 juin à 19h (93.9 FM)

dimanche 20 mai 2012

De la BFMisation de la télévision

Et dire que j'ai loupé le duplex-qui-ne-sert-à-rien-devant-la porte-fermée-du-bureau-de-François Hollande-à-Tulle...

Live, live, live. Duplex, duplex, duplex. Poursuite, poursuite, poursuite. Rien à dire, rien à voir, rien à entendre. Mais ça dure, dure, dure. Sept heures de direct pour suivre l’investiture de François Hollande. Sept heures, les gars ! En sept heures, Usain Bolt vous fait comme qui rigole les 252 kilomètres entre Paris et Couzon (Pour quoi faire ? Y visiter la maison où Jeanne d’Arc aurait séjourné, voyons, il est comme ça, Usain). Mais on s’égare, pouf, pouf : sept heures de direct, donc, passées à scruter le nouveau président de la République, à guetter un signe, à espérer un mot. A remplir des vides béants de paroles creuses. Là, vous nous apostrophez : «Hé, Docteur, tu serais pas en train de nous inventer la chaîne info, là ?» Déjà, on pourrait céder au plaisir d’un bon mot en vous rétorquant que, vu comment elles ont couvé Hollande de leur amour mardi, on devrait plutôt parler de chaînes nymphos. Déjà. Ensuite, combien de fois on vous a dit que c’était pas poli d’intervenir dans les articles des gens, combien de fois, hein ? Et pis surtout, figurez-vous qu’on ne parle pas des chaînes info mais de TF1 et France 2. Ah, on la ramène, moins, là. Oui, sept heures de direct mardi sur TF1, presque autant sur France 2. Ce qui, outre les dommages collatéraux pour les fans des Feux de l’amour qui ne sauront jamais qu’Amber-Rose est en réalité le père de Brandon John III Jr , nous amène à ce constat définitif. Il y avait la cristallisation, comme dit Stendhal ; il y a désormais la BFMisation, comme on dit nous.


Isabelle Roberts, Raphaël Garrigos dans Libération du 18/05/2012

jeudi 17 mai 2012

Falling

Donna: Do you think if you were falling in space you would slow down after a while, or go faster and faster ?
Laura: Faster and faster. And for a long time you wouldn't feel anything... Then you'd burst into fire. Forever. And the angels wouldn't help you, because they've all gone away.
David Lynch, Twin Peaks - Fire Walk with me (1992)

mercredi 16 mai 2012

a death-counterfeiting sleep

Qui se souvient de Maximilan Hecker? A part ceux qui étaient "dans la place" en 2001, pas grand monde, j'en ai peur... Néanmoins, la série de pochettes qui illustraient son album et ses singles d'alors me permettent d'écrire ce nouveau chapitre de Crossed Covers. Je rappelle à tous mes lecteurs (et l'enseigne aux nouveaux) qu'il s'agit d'une rubrique participative. Tout complément est donc bienvenu.

Un Single, avant de revenir (une fois de plus aux Smiths) :
J'en profite pour publier à nouveau le tirage entier, extrait du film de Cocteau :
"A nouveau", puisque j'avais passé en revue durant l'été 2010 la totalité des disques de the Smiths [cf. Page Sagas]. Mais je n'avais alors pas trouvé ce plan d'Alain Delon (dans l'Insoumis), plus large que sur la pochette de the Queen is Dead


A mesure que cet article progresse, on voit bien que ca tourne mal, jusqu'à devenir carrément sanglant :
 

Maximilian Hecker - Infinite Love Songs (Kitty-Yo, 2001)
Maximilian Hecker - Infinite Love Song (Kitty-Yo, 2001)
the Smiths - this charming man (Rough Trade, 1983)
Jean Cocteau, Orphée (1960)
Alain Cavalier, L'insoumis (1964)
the Smiths, the Queen is Dead (Rough Trade, 1986)
Robert Le Magnifique, Tepr, My Dog is Gay - Hamlet (Idwet, 2004)
Boris - Feedbacker LP (Diwphalanx, 2003)
Maximilian Hecker - Polyester (Kitty-Yo, 2001)
Boris - Feedbacker CD (Diwphalanx, 2003)


[Edit]
Our broken garden - when your blackening shows (Bella Union, 2008)

mardi 15 mai 2012

Mon ineffable joie


Come, sit thee down upon this flowery bed,
While I thy amiable cheeks do coy,
And stick musk roses in thy sleek smooth head,
And kiss thy fair large ears, my gentle joy.

Henry Fuseli, Titania and Bottom (1790)
William Shakespeare, Le songe d'une nuit d'été (1600)

Cette peinture est visible à la Tate Gallery à Londres !
(je l'y ai vue l'an passé...)


samedi 12 mai 2012

Les rapides dragons de la nuit

Nouvel extrait du songe d'une nuit d'été, cette fois moins pour le sens que pour la beauté de la langue (ici dans la traduction de François-Victor Hugo).
Ou comment dire que "la nuit touche à sa fin" et 'le jour se lève", en mieux.

OBERON.— Tu vois que ces amoureux cherchent un lieu pour se battre : dépêche-toi donc, Robin, assombris la nuit ; Couvre sur le champ la voûte étoilée d'un brouillard accablant, aussi noir que l'Achéron, et égare si bien ces rivaux acharnés, que l'un ne puisse rencontrer l'autre. Tantôt contrefais la voix de Lysandre, en provoquant Démétrius par des injures amères ; et tantôt raille Lysandre avec l'accent de Démétrius. Va, écarte-les ainsi l'un de l'autre, jusqu'à ce que sur leur front le sommeil imitant la mort glisse avec ses pieds de plomb et ses ailes de chauve-souris. Alors tu écraseras sur les yeux de Lysandre cette herbe, dont la liqueur a la salutaire vertu d'en enlever toute illusion, et de rendre aux prunelles leur vue accoutumée. [...]

PUCK.— Souverain des fées, ceci doit être fait en hâte ; car les rapides dragons de la nuit fendent les nuages à plein vol, et là-bas brille l'avant-coureur de l'aurore. À son approche, les spectres errant çà et là regagnent en troupe leurs cimetières : tous les esprits damnées, qui ont leur sépulture dans les carrefours et dans les flots, sont déjà retournées à leur lit véreux. Car, de crainte que le jour ne luise sur leurs fautes, ils s'exilent volontairement de la lumière et sont à jamais fiancés à la nuit au front noir.

OBERON.—Mais nous, nous sommes des esprits d'un autre ordre : souvent j'ai fait une partie de chasse avec l'amant de la matinée, et, comme un garde forestier, je puis marcher dans les halliers même jusqu'à l'instant où la porte de l'Orient, toute flamboyante, s'ouvrant sur Neptune avec de divins et splendides rayons, change en or jaune le sel vert de ses eaux. Mais, pourtant, hâte-toi ; Ne perds pas un instant ; nous pouvons encore achever cette affaire avant le jour.

William Shakespeare, Le songe d'une nuit d'été (1600)

(Version originale - partielle - ci-dessous)
PUCK :
My fairy lord, this must be done with haste,
For night's swift dragons cut the clouds full fast,
And yonder shines Aurora's harbinger;
At whose approach, ghosts, wandering here and there,
Troop home to churchyards: damned spirits all,
That in crossways and floods have burial,
Already to their wormy beds are gone;
For fear lest day should look their shames upon,
They willfully themselves exile from light
And must for aye consort with black-brow'd night.

mardi 8 mai 2012

the place you were born

Faces
Faces
who can know
One day there will be traces
and no where to go
Faces
Faces
who can know
Life leaving traces in
Faces like snow
Open
Open
door to life
Tomorrow the place
you were born will be gone

Mi and l'Au - Faces
If beauty is a crime (Alter-K, 2012)

lundi 7 mai 2012

Le bonheur animal

- Eh bien, discutons, reprit le prince André. Tu dis: des écoles, l'instruction et ainsi de suite, ce qui signifie que tu veux le sortir de sa condition animale. - Il désigna un paysan qui passait devant eux en se découvrant. Tu veux lui donner des besoins moraux, or il me semble, à moi, que le seul bonheur possible est un bonheur animal, et toi, tu veux précisément l'en priver. Moi je l'envie, et toi, tu veux le faire pareil à moi, mais sans lui donner mes moyens. Tu ne peux pas ne pas penser. Je me couche vers trois heures du matin, des pensées m'assaillent et je ne puis m'endormir, je me retourne, je veille jusqu'au jour parce que je pense et ne peux pas ne pas penser.

Je reproduis ce passage d'avantage pour ce qu'il dit sur le 'bonheur' que pour les considérations d'une autre époque sur les serfs. Je ne peux néanmoins pas les passer sous silence. André Bolkonsky ira même plus loin dans l'exposé de ses convictions qui nous paraissent aujourd'hui évidemment révoltantes ([en cas de maladie], "il est beaucoup plus commode et plus simple pour lui de mourir").

Le prince André exposait ses idées de façon si claire, si précise, qu'il était évident qu'il avait plus d'une fois réfléchi à tout cela, et il parlait d'abondance et précipitamment comme un homme qui s'est tu pendant longtemps. Son regard se faisait plus vif à mesure que ses paroles devenaient plus désespérantes.

Qu'on se rassure, sa parole est contrebalancée par celle de son ami (noble également, mais progressiste et humaniste) Pierre Bezoukhov :
"Ah, c'est affreux, affreux! s'exclama Pierre. Je ne comprends pas comment on peut vivre avec des idées pareilles"

La guerre et la Paix, Léon Tolstoï (1865-1869)
[ Livre II, 2ème partie, Chapitre XI ]

Note: Le servage en Russie a été aboli en 1861.

jeudi 3 mai 2012

What difference does it make?

Je ne vais pas refaire l'histoire de cette pochette (puisque déjà exposée dans ma saga the Smiths), mais l'écoute de ce split single Parenthetical Girls / Xiu Xiu me permet de lui consacrer un épisode de ma série Crossed Covers (devenue rare, hein, vous avez remarqué)

Parenthical Girls / Xiu Xiu, Split single
(Upset The Rhythm, 2009)
the Smiths, What difference does it make? (Rough Trade, 1984)

Evidemment, on peut s'amuser à contempler l'autre face de ce split (à gauche, donc) :

Les verts ne seraient-ils pas un peu musulmans des fois?

(lu sur le live tchat de libération, concomitamment au Débat, dont j'ai attrapé la fin hier soir)

mardi 1 mai 2012

Album Cover of the Week

Je suis un peu sous le coup de la pré-écoute de "Clear Moon", le prochain album de Mt Eerie (habitué de mes classements de fin d'année voire de décennie, que ce soit sous ce nom ou celui de the Microphones)...

Puisque Phil Elverum aime les montagnes, et moi, elles et lui, voici, en guise de Pochette de la Semaine, celle de "To the Ground", 7'' à se procurer ici.
L'album sort - quant à lui - courant Mai.

Mt. Eerie, To the Ground (Atelier Ciseaux, 2012)
Mt Eerie, Clear Moon (P.W. ELVERUM & SUN, 2012)