vendredi 30 décembre 2022

jeudi 22 décembre 2022

2022, un palmarès

Et voici mon bilan (principalement) musical de l'année écoulée.
Playlist à suivre d'ici quelques jours.




Les Albums
Daniel Rossen - You Belong There
Built to Spill - When The Wind Forgets Your Name
the Smile - A Light for Attracting Attention
Kiwi Jr. - Chopper
Birds in Row - Gris Klein

Gwendoline - Apr​è​s c'est gobelet!
the Reds, Pinks And Purples - Summer At Land's End / / They Only Wanted Your Soul
Marlowe - Marlowe 3
Melody's Echo Chamber - Emotional Eternal
Ari Roar - Made to Never Use


Mais aussi
Alex G - God Save The Animals
Alvvays - Blue Rev (*)
the Beths - Expert in a Dying Field
Bertrand Betsch - J'ai horreur de l'amour
Big Thief - Dragon New Warm Mountain I Believe In You
C'MON TIGRE - scenario
Cola - deep in view
Dehd - Blue Skies
Eggs - A Glitter Year
Flasher - Love Is Yours
Florent Marchet - Garden party (*)
Ghost Woman - s/t
Horsegirl - Versions of Modern Performance
Hot Chip - Freakout Release
Jenny Hval - Classic Objects
Jérôme Minière - La Mélodie, Le Fleuve et La Nuit (*)
Kenny Beats - Louie
Kurt Vile - (watch my moves)
Martin Courtney - Magic Sign
Pan American - The Patience Fader
Pedro the Lion - Havasu
Porridge Radio - Waterslide, Diving Board, Ladder To The Sky
Roc marciano & the alchemist - the elephant man’s bones pimpire edition
Rolling Blackouts Coastal Fever - Endless Rooms
Sorry - Anywhere But Here (*)
Spoon - Lucifer On The Sofa
Stupeflip - Stup Forever


Les morceaux
(en plus de tous ceux figurant dans les albums ci-dessus) :
Basia Bulat - Go On ; Caroline - Good morning (red) ; Ex-voto - Comme la fin du mondeMauvais Sang - Décor ; Mountain Goats (the) - Need More BandagesOld Fire - Corpus (feat. Bill Callahan) Spiritualized - I'm Coming Home AgainWet Leg - Chaise Longue


Des concerts
08/03 Gwendoline @ Boule noire
20/04 Rhume @ Petit bain
03/04 Porridge Radio @ Boule noire
16/09 Kiwi Jr. @ Boule noire
05/11 Marlowe @ Sacré


Des séries
Better Call Saul / Fleabag


Des films
incroyable mais vrai (Quentin Dupieux)


Jeux-vidéo
Celeste

samedi 17 décembre 2022

Nothing Special / 2022 Best Album Covers (Part.3)

 
Will Sheff - Nothing Special

Deserta - Every Moment Everything You Need

Caroline - s/t

Arctic Monkeys - the car

Hagop Tchaparian - Bolts 

Empath - Visitor

vendredi 16 décembre 2022

jeudi 15 décembre 2022

How to let go / 2022 Best Album Covers (Part.1)

Sélection de pochettes d'albums en trois volets pour cette année 2022.
A dimanche pour la sélection musicale !

Sigrid - How To Let Go

Crack Cloud - Tough Baby

Aldous HardingWarm Chris

Beth Orton - Weather Alive

Ethel Cain - Preacher’s Daughter

Birds In Row - Gris Klein

jeudi 24 novembre 2022

Des années de honte

Yasmina Reza saupoudre ses romans de références visuelles, qu'il s'agisse de peintures (Hopper...), de prises de vue de photographes célèbres (Robert Frank en tête) ou anonymes :

En haut, il y a la toute petite tête de l'enfant. Une nuque chauve à l'exception d'une traîne de queue au milieu, des oreilles décollées, des cheveux noirs épars et filasses. Quel âge a-t-elle ? Cette robe ne lui va pas du tout. On l'a attifée et sortie dans la nuit. Je me suis tout de suite associée à cette forme en blanc embarquée pour des années de honte. Quand j'étais enfant on me faisait jolie. Je comprenais que je ne l'étais pas à l'état naturel. Mais on ne doit pas endimancher une enfant ingrate. Elle se sent anormale. Je trouvais que les autres enfants étaient harmonieux. Moi je me sentais ridicule avec des habits de vieille qui m'empêchaient de gigoter, des cheveux constamment courts (ma mère a interdit toute mon enfance les cheveux longs), aplatis en arrière avec la barrette pour contrecarrer la frisure et dégager le front. [...] Ma mère voulait que je présente bien. Ça voulait dire propre, léchée, engoncée et laide.

Yasmina Reza, Babylone (2016)

mercredi 23 novembre 2022

Le soleil est près de moi

Survol en quatre oeuvre de l'exposition Face au soleil,
actuellement au musée Marmottan.







Valdemar Schønheyder Møller, Coucher de soleil, Fontainebleau (1900)
William Turner, Mortlake Terrace (1827)
Gérard Fromanger, Le soleil inonde ma toile (1966)
Paul Signac, Le Port au soleil couchant, Opus 236 (1892)

vendredi 18 novembre 2022

Tier List "Built to Spill"


Built to Spill, ce groupe qui fleure bon le rock indé américain (bien que signé sur une major le temps de six albums). Les voici aujourd'hui chez Sub Pop, label au catalogue ô combien prestigieux.
La pierre angulaire de ce groupe à effectif changeant? Doug Martsch, chanteur, guitariste, originaire de Boise (Idaho), plutôt à l'aise dans les longs morceaux aux mélodies intriqués.
J'inclus son album solo à cette "tier list"... et mets de côté ses albums avec Calvin Johnson au sein de the Halo Benders (ce qui ne saurait vous exempter d'écouter "The Rebels Not In")


BUILT TO SPILL
-
MÉMORABLES
Perfect from Now On (1997)
Keep It Like a Secret (1999) [!]
Live (2000)


REMARQUABLES
When the Wind Forgets Your Name (2022)
Ancient Melodies of the Future (2001)
Untethered Moon (2015)


AGRÉABLES
Doug Martsch - Now you know (2002)
There is No Enemy (2009)
Ultimate Alternative Wavers (1993)
You in Reverse (2006)
+
the normal years (1996)
There's Nothing Wrong with Love (1994)


DISPENSABLES
Built to Spill plays the songs of Daniel Johnston (2020)


(*) Parmi mes disques favoris, tout groupe / artiste confondu
(**) très bons albums
(***) bons albums
(****) moins réussis / plus inégaux
[!] album par lequel j'ai connu le groupe

Note : A priori, rien d'ébouriffant, dans ce classement pour qui connaît le groupe, à l'exception peut-être de "there's nothing wrong with love" si bas... et "ancient melodies of the future" si haut

Note 2 : pour aller plus loin, on pourra notamment aussi écouter
the Halo Benders

mardi 15 novembre 2022

Les drames de la vie courante

"Ma mère est morte il y a dix jours."
Ce n'est pas la première phrase du roman (façon Camus), mais c'est l'entame que je choisis pour vous rapporter des extraits d'un autre roman de Yasmina Reza, son troisième : "Babylone".
Un livre absurde, drôle, triste et profond que j'aurais aimé écrire !
L'autrice rejoint ainsi les plumes dont je me réclamerais si je me lançais dans l'écriture : Raymond Queneau, Georges Perec et Pascal Garnier.

Ma mère est morte il y a dix jours. Je ne la voyais pas tellement, ça ne change pas grand-chose dans ma vie sauf que quelque part sur la terre il y avait ma mère. Hier j'ai reçu l'aide-soignante qui s'occupait d'elle les derniers temps et à qui je devais de l'argent. Une femme énorme qui m'a toujours effrayée et qui parle en soufflant. Elle avait entendu parler du drame de l'immeuble et s'est montrée avide d'en connaître les détails. Déçue par ma réserve, et tout en croquant une galette St-Michel, elle a embrayé sur l'histoire d'une boulangère de Vitrolles qui avait tué ses enfants la veille de Noël. Dans la nuit la boulangère avait empaqueté les cadeaux, les avait mis sous le sapin puis elle était allée dans la chambre de son fils et avait appuyé l'oreiller sur son visage jusqu'à ce qu'il étouffe. Ensuite elle était allée dans la chambre de sa fille et avait fait exactement la même chose. L'aide-soignante a dit, elle a empaqueté les cadeaux, elle les a mis sous l'arbre et dans la foulée elle est montée supprimer les gosses. Elle a dit, moi ce qui ne me va pas, c'est qu'on vous apprend tout ça et après silence de mort. Vous entendez l'histoire sur toutes les chaînes et après zéro, plus rien. On vous appâte et on vous ferme la porte au nez. Les guerres, les massacres, c'est trop global, a-t-elle dit en reprenant une galette, moi le global, ça ne me fait pas grand-chose. Ça ne me sort pas de moi-même. Les drames de la vie courante si. Ça remplit la journée. On en discute. On ne pense plus à ses misères. Je ne dis pas que ça console mais dans un sens si. Pourquoi elle a mis les cadeaux sous l'arbre d'après vous ? On s'entendait bien avec votre maman, qu'est-ce qu'elle était gentille cette femme !
— Oui, oui.

Yasmina Reza, Babylone (2016)

mardi 8 novembre 2022

Not like the typical music festival (Part. 2)

Mais quel est donc cet "autre festival de rêve auquel je n'irai jamais" ?
Le festival organisé par mon groupe pref' des 10s, j'ai nommé le Woodsist Festival.
Il me semble que le line-up de cette année (comme des autres) parle de lui-même :


waxahatchee / Guided By Voices / Bill Callahan / Woods / sun ra arkestra / The Feelies / medeski martin Duo / Pachyman / Mind Maintenance / Laraaji / myriam gendron / mary lattimore / bonny doon / the reds, pinks & purples / dj jocelyn romo / tubby’s djs

Belle cohérence au rendez-vous, dans la mesure où Woodsist est aussi une maison de disques de qualité.


Fondé en 2009 d'abord en Californie (cf. photo ci-dessus), le festival s'est depuis déporté sur la côte Est, dans l'état de New York. Il se tient aujourd'hui dans une ferme / brasserie, à "Accord" :


Visiblement, la jauge réduite et l'ambiance est bonne.
Tous les critères sont donc réunis pour faire de ce festival l'endroit rêvé... pour peu qu'on soit disponible courant septembre.


Crédits photos Dave Scholten


lundi 7 novembre 2022

We are someone else

My name is Phil Elverum and I live at xxxxxxxxxxx
My family, the Lowman family, has been in Anacortes since the 1800s.  For future generations and for this present moment, I care deeply about this place and what we mean when we say “Anacortes”.
 

[Pour le contexte, reportez-vous s'il vous plaît au précédent article de ce blog]
J’ai déniché le fac simile de cette déclaration de Phil Elverum (Mt. Eerie, The Microphones) au conseil municipal d'Anacortes (WA) sur le tumblr anacortesunknown.tumblr.com, essentiellement dédié à la vie du projet culturel du même nom, à vocation locale. Le texte n’était donc nullement destiné à diffusé en dehors de ce cadre, et c’est moi-même qui l’en extrais. Pourquoi ? Pour l’anecdote, et parce qu’il car me paraît révélateur de l'artiste.

Son objet? Protester contre l'implantation d'une grande surface (« Box store ») .


It seems to me that you, the city council, basically have 2 jobs:  

One is managing a large complicated business, “the City of Anacortes”.  Seemingly the entirety of these city council meetings is often taken up by these economic questions of budget and expense, surplus and deficit.  It’s a big math problem and is certainly necessary and deserving of focus, but it is only half of the project.

Your other job is less tangible and less related to quantifiable results.  You are responsible for representing the spirit of the population and steering the constantly changing identity of our town, in a cultural and poetic way, towards an ideal community.  I imagine it’s difficult to hear yourself think when it’s time to consider these questions, considering how loud and unscrupulous the voice of money is.  In a situation like this, you ask the community for guidance.  

Judging from the response at the last meeting, not to mention the reactions from the community when similar proposals arise every few years, the answer seems extremely clear.  We do not want this.  A large box store is not who we are.  We are someone else. 

Having traveled around North America almost constantly as a touring musician for the past 15 years, I have become attuned to the varying sensations of first entering different towns. Most places don't feel like anywhere. Just the usual cubes and logos, cars and anonymity. There are some rare exceptions still though; places that have managed to hold on to a sense of character through the challenging economic eras that every place endures. Anacortes is one of those magical exceptions, for now. We are lucky to be remote enough from the freeway and perhaps stubborn enough to have evaded large scale corporate colonization so far. This means that Anacortes is a place that feels like a place. We have something that is rare and precious.

dimanche 6 novembre 2022

Not like the typical music festival (Part. 1)

Critères constitutifs d’un festival musical idéal (selon moi) :
- jauge restreinte (donc à taille humaine)
- bonne programmation
- bonne ambiance
- cadre appréciable

Le troisième point pouvant aller jusqu'à une proximité entre public et artistes, ainsi qu'entre artistes (je pense par exemple au Mo#Fo 2003).

Relevons tout de même que je peux me satisfaire d'un festival ne réunissant que trois de ces critères. Les remplir tous induit un but non lucratif et une programmation à la fois pointue et cohérente.

Des exemples ?
Peut-être le "What the heck" festival à Anacortes (WA), auquel j'ai longtemps rêver me rendre. Si vous suivez assidûment ce blog, le nom de cette ville située entre Seattle et Vancouver (donc en face de Victoria) ne vous est pas inconnu. Lieu de résidence de Ryland Bouchard [the Robot Ate Me] que j'interviewais il y a 10 ans... et de Phil Elverum [the Microphones / Mt Eerie].


Ce dernier est d'ailleurs l'un des cofondateurs de ce festival, fondé en 2002. L'idée de départ était simplement d'ouvrir une scène dans le cadre de la grande braderie annuelle d'Anacortes.
Et puis le projet s'est étoffé, jusqu'à de bien belles affiches : Calvin Johnson, Mount Eerie, YACHT, The Blow, Laura Veirs, Little Wings, Thanksgiving, Karl Blau, D+, Earth, Arrington de Dionyso, Wolves in the Throne Room, Kimya Dawson, Grouper, No Kids, Ô Paon, Mirah, Tara Jane O’Neil...




Laissons Phil en parler :
From 2002 to 2011 we held a weekend festival of music and other stuff every 3rd weekend in July at various spaces in Anacortes, Washington. It was called “What The Heck? fest”. People came from all over and it was awesome. It was not like the typical music festival, with beer sponsors and dehydration rehab tents and golf carts for the bands. It was a small town version where everyone hangs out together and discovers new slang and eats food. 

En 2011, le festival laissera la place aux "Anacortes Unknown Music Series” (Quatre éditions entre 2012 et 2014)... Et puis plus rien jusqu'à un éphémère retour à la vie du WTH fest en 2019, en même temps que Phil Elverum réactivait "The Microphones".

Heureusement, j'ai depuis trouvé un autre festival de rêve auquel je n'irai jamais !
La suite, demain prochainement...

D’ici là, vous pouvez :
- regarder ce court documentaire, feat. Phil Elverum et feu Geneviève Castrée 
- parcourir le tumblr des "Anacortes Unknown Music Series" pour y voir Phil et sa clique, percevoir leur investissement ainsi que l'attachement à leur ville

mardi 25 octobre 2022

Tier List "Songs: Ohia"


Un premier single pour happy fews paru sur Palace Records, une signature ensuite sur Secretly Canadian, et la carrière de Jason Molina était lancée. Le natif de l'Ohio publiera sous les appellations Songs: Ohia, Magnolia Electric Co et sous son nom propre... jusqu'à son décès prématuré en 2013 à 39 ans. Musicalement, il débute dans une veine folk dans laquelle il finira par se sentir à l'étroit, préférant la puissance d'un son rock/country alternatif qui trouvera sa meilleure expression dans l'album parfait "Magnolia Electric co." (seulement 3ème dans ma tier list : c'est dire....)


SONGS: OHIA
-
MÉMORABLES
Songs: Ohia - Ghost Tropic (2000)
Songs: Ohia - The Lioness (2000) [!]
Songs: Ohia - Magnolia Electric Co. (2003)
 

REMARQUABLES 
Songs: Ohia - Axxess & Ace (1999)
Songs: Ohia - [Black album] (1997)


AGRÉABLES
Songs: Ohia - Impala (1998)
Jason Molina - Pyramid Electric Co. (2004)
Songs: Ohia - Hecla & Griper (1998)
Jason Molina - Let Me Go, Let Me Go, Let Me Go (2006)
Magnolia Electric Co. - Fading Trails (2006)


DISPENSABLES
Songs: Ohia - Didn't It Rain (2002)
Magnolia Electric Co. - What Comes After the Blues (2005)
Magnolia Electric Co. - Josephine (2009)
Jason Molina - Autumn Bird Songs (2012)
Molina and Johnson (2009)


(*) Parmi mes disques favoris, tout groupe / artiste confondu
(**) très bons albums
(***) bons albums
(****) moins réussis / plus inégaux
[!] album par lequel j'ai connu le groupe

jeudi 20 octobre 2022

Propension à l'horizontalité

Nancy déborde d'énergie. Elle m'accuse de me plaindre sans cesse, elle ne comprend pas qu'un homme qui n'a pas un endroit pour geindre ne peut pas être un homme normal. Elle m'accuse de ne jamais l'aider, elle m'accuse, lorsque nous allons quelque part, de m'affaler sur le lit pendant qu'elle défait les bagages, elle ne comprend pas que je suis toujours plus fatigué qu'elle. Elle, même fatiguée, n'a pas de propension à l'horizontalité, moi je suis d'une lignée de vautrés, de renoncés de la ceinture abdominale. Nancy ignore la misère du corps. Et de la même façon, réfute le tragique de la vie.

Yasmina Reza, Heureux les heureux (2013)

Yasmina Reza Reza, une dizaine de pièces de théâtre à son actif, et quatre romans. Parmi ces derniers, trois que j'aurai vraiment apprécié, et "heureux les heureux", au bout duquel je ne suis pas allé. La faute, peut-être, à cet enchevêtrement de personnages et de pensées, dans lequel je n'ai pu déceler de direction claire, impression renforcée par la mise en page de son édition poche (gros caractères, ruptures de paragraphes peu visibles). Je tâcherai d'y revenir. Ce sera en tout l'unique extrait que je citerai, tandis que "Babylone" et "Hommes qui ne savent pas être aimés" auront plus d'échos dans ces colonnes.

mardi 18 octobre 2022

Une année en Normandie

Un peu de lumière printanière, alors que nous sommes au plein coeur de l'automne, avec deux "échantillons" de l'oeuvre quasi-impressionniste de David Hockney présentée l'an passé au Musée de l'Orangerie. Résident du pays d'Auge en Normandie, l'artiste a usé de sa technique de peinture sur ipad (numérique, donc) pour produire une fresque de 18 mètres de long. La parcourir revient à évoluer non seulement dans l'espace, mais également dans le temps, puisqu'on y voit les quatre saisons se succéder.



David Hockney, A Year in Normandy (2021)

mercredi 5 octobre 2022

Tell me again

 

Ainsi donc, au terme de six saisons, c'en est fini de "Better Call Saul"... Avec cette série se referme l'univers de "Breaking Bad", né à la télévision en 2008. La première étant un spin-off de la seconde. Les personnages principaux campés par Bryan Cranston et Aaron Paul possédaient respectivement un tel charisme et un tel capital sympathie que l'annonce en 2014 d'une série consacrée à un personnage secondaire, certes fantasque, m'avait alors laissé perplexe. Ce personnage, c'était Saul Goodman ("it's all good, man"), avocat des crapules en tout genre, narrativement dénué de toute "back story".

Deux raisons de ne pas m'y attacher.

Or, back story, il y eut. Comment imaginer qu'avant "Saul Goodman", était un certain Jimmy McGill, terriblement humain. La série prend son temps, pourtant, chaque épisode, chaque moment est nécessaire pour comprendre la genèse de Saul Goodman. Ajoutons enfin un nombre de rôles qu'on n'ose qualifier de secondaires tant ils sont construits, attachants ou intrigants. Même parmi les "méchants". La série mêle avec brio le récit de petites escroqueries et de méfaits du crime organisé.

Côté "fan service", on n'est évidemment pas déçu de la manière dont sont égrainés les visages connus à mesure que la série progresse. Soyons en sûr, dès le premier épisode, et comme pour Breaking Bad, les créateurs de la série en connaissaient la conclusion. Maîtrise de la narration et de la réalisation achèvent de faire de cette série une oeuvre qui restera, et qu'on reverra avec plaisir dans une dizaine d'année.

Better Call Saul, Vince Gilligan, Peter Gould (2014-2021)

lundi 26 septembre 2022

You're one of those people



Oh, you're just like all the rest of 'em, coming out here in your fancy suit, bring your minions with you, driving them black, shiny German cars. And you think you can talk to me like I'm brain damaged? N. O! No! That big bank thinks it's gonna build a call center, so... you go around throwing people out of their homes. Well, not this house, sweetheart!

And I can see you. You're one of those people that, uh, give a little money to charity every month so you can make up for all the bad that you've done. You go to a soup kitchen once a year on Thanksgiving. That makes you feel a whole lot better about yourself. Makes you feel like one of the best rich people. Oh, I don't know how in the world you sleep at night.

Better Call Saul, the guy for this (S03E09)
(Vince Gilligan, Peter Gould : 2021)

jeudi 22 septembre 2022

Rester vivant

Nouvel opus de Florent Marchet, qui abandonne les "concept albums" au profit de chansons plus personnelles (toujours chantées avec son phrasé caractéristique, mais avec des textes peuvant rappeler ça et là Mendelson ou Jérôme Minière)


Un noyau de cerise
Quatre ans, la chaise haute
Et les doigts dans la prise
Juste avant qu'on les ôte
De justesse

12 ans, vif écorché
La rivière, les Cévennes
Sauter du grand rocher
Et s'en sortir indemne
De justesse

Promets-moi, mon amour
De passer ton tour
Promets-moi, mon enfant
De rester vivant

Les soirées du lycée
À faire plus que son âge
Le pantalon baissé
Fais-le ou tu dégages
En vitesse

Ne plus rien avaler
Et peser son mal-être
On allait se jeter
Mais on ferme la fenêtre
De justesse

Promets-moi, mon amour
De passer ton tour
Promets-moi, mon enfant
De rester vivant

J'y pense tout le temps
J'y pense tout le temps
Mojito, glace pilée
La bagnole qui va vite
Ne rien faire à moitié
Et fêter ses 18
De justesse

C'est la nuit, c'est l'été
Dans le ciel bleu pétrole
Les platanes argentées
Parfois, on a du bol
Dans l'ivresse

Promets-moi, mon amour
De passer ton tour
Promets-moi, mon enfant
De rester vivant
De rester vivant

J'y pense tout le temps

J'y pense tout le temps

J'y pense tout le temps

Florent Marchet - De justesse
Garden Party (2022)

mardi 20 septembre 2022

Album cover of the week


Crack Cloud, Tough Baby (2022)

La photo de chambre d'ado, bien cadrée, ça marche toujours !

mercredi 14 septembre 2022

Tout était bien. Ou tout était triste

C'est au père que je pense quand je vois dans le rétroviseur le petit visage cramoisi de Luc. Je pense au père, à son génie de l'humiliation, à sa faiblesse. Une faiblesse qui passe de père en fils, comme tout finalement passe de père en fils en dépit de la vigilance ou du rejet, la mauvaise foi, la claudication, les accès de médiocre démence; une dévolution sournoise et accablante. Je ne peux pas revenir à Bègues avec cet enfant endimanché bouffi de pleurs rentrés. Où mènent les pleurs ? Toi aussi Serge tu avais le nez rouge, tu ravalais tes larmes, tu es devenu un pauvre type, cinquante ans plus tard un crétin brutal.

Yasmina Reza, Serge (2021)

Serge et son frère Jean ne reparaîtront a priori plus dans ces colonnes. On laisse à ce dernier le mot de la fin :

" Tout était bien. Ou tout était triste. Allons savoir comment sont les choses."

mardi 13 septembre 2022

Tier List "the Notwist"



Nouvelle "Tier List" cette fois dédiée à ce groupe allemand originaire de Weilheim (au Sud-Ouest de Munich), que je suis déjà allé applaudir à huit reprises en concert : the Notwist. Un de ces groupes à la trajectoire étonnante, puisqu'ayant réussir à s'extraire de débuts punk/rock/métal en enrichissant leur musique d'influences électroniques ou même free jazz (à la faveur de l'arrivée de Martin Gretschmann) seyant à merveille avec le chant mélancolique de Markus Acher et la basse de son frère Micha.
Une discographie solide et de qualité, qui leur valut d'ailleurs de se rapprocher du groupe hip-hop (à l'époque) avant-gardiste, Themselves (= Dose one + Jel). Deux albums sont nés de cette collaboration, que j'ai choisi d'intégrer à ma liste.


THE NOTWIST
-
MÉMORABLES
Shrink (1998) [!]
Neon Golden (2002)


REMARQUABLES
The Devil, You + Me (2008)
12 (1995)


AGRÉABLES
Close to the Glass (2014)
Vertigo Days (2021)
13 & God - Own Your Ghost (2011)
13 & God - s/t (2004)
Nook (1992)


DISPENSABLES
The Notwist (1990)
Music for "Storm" (2009)
The Messier Objects (2015)


(*) Parmi mes disques favoris, tout groupe / artiste confondu
(**) très bons albums
(***) bons albums
(****) moins réussis / plus inégaux
[!] album par lequel j'ai connu le groupe

Note : pour aller plus loin, on pourra notamment aussi écouter
Lali Puna, Ms. John Soda et Console.

mercredi 31 août 2022

Le grand canal

Un peu d'exotisme en cette rentrée avec deux illustrations aquarelles de Venise, par le mangaka préféré des personnes qui ne lisent pas de mangas, Jirō Taniguchi. Le livre fait parti d'une collection dirigée par une célèbre marque de luxe française, et ravivera de belle manière les souvenirs de ceux qui ont déjà déambulé dans la Sérénissime.



Jirō Taniguchi, Venise (2014) 

mercredi 24 août 2022

Cette victoire sinistre

Les Fouéré ont pris un chien. Rien d'étonnant. Ils font partie des couples qui finissent par s'ajuster dans la vieillesse. Après des années de chaos ils finissent main dans la main avec voyages, chien, parfois une masure quelque part. Toute sa vie Nicole avait aspiré à un autre que Jean-Louis et quand ils ne se faisaient pas la gueule les Fouéré s'étripaient avec des formules humiliantes. Mais un beau jour ils ont perçu le petit coucou de la mort et ils ont posé les armes. On accepte que la vie soit un truc de solitude tant qu'il y a de l'avenir. J'en connais plein pour qui les intérêts communs ont balayé les espérances existentielles. Il m'est même arrivé de jalouser cette victoire sinistre.

Yasmina Reza, Serge (2021)

lundi 1 août 2022

Tier List "Pulp"


Avec les 25 ans de "This is Hardcore" qui se profilent, c'est à nouveau l'heure de la reformation pour Pulp, représentant classieux et racé de la Britpop, emmené par le chanteur charismatique Jarvis Cocker. Fun fact : l'acte de naissance du groupe remonte à 1978 (soit la même année que the Cure). Je ne résiste pas à la tentation de me livrer à mon nouvel exercice favori, classer les albums d'un groupe (qui induit donc le plaisir de réécouter toute une discographie).


PULP
MÉMORABLES
Different Class (1995) [!]
His 'N' Hers (1994)


REMARQUABLES
Freaks (1987)
Separations (1992)


AGRÉABLES
This Is Hardcore (1998)
Jarv is... - Beyond the pale (2020)


DISPENSABLES
 It (1983)
We Love Life (2001)
Jarvis Cocker - Jarvis (2006)
Jarvis Cocker - Chansons d'Ennui Tip-Top (2021)



(*) Parmi mes disques favoris, tout groupe / artiste confondu
(**) très bons albums
(***) bons albums
(****) moins réussis / plus inégaux
[!] album par lequel j'ai connu le groupe


A noter que certain.e.s singles / b-sides incontournables  je pense notamment à Razzmatazz et Blue Glow, se retrouvent dans les versions augmentées respectivement de "His'n'hers" et "Freaks".

vendredi 22 juillet 2022

L'attente de rien


Il y a quelque chose de poignant dans la position de l'homme assis au bord d'un lit. Les épaules sont rentrées, le buste affaissé. Le lit n'est pas fait pour cette station. Un tableau célèbre d'Edward Hopper montre un homme presque entièrement habillé dans cette situation irrésolue. Ses mains pendent entre ses jambes, il regarde le sol. Derrière lui, mais on ne la voit pas tout de suite, une femme à moitié nue dort tournée vers le mur. Si je pense à l'image, je ne me souviens pas d'elle. L'homme est seul, d'une solitude qui s'exprime de jour comme de nuit, qui n'a rien à voir avec d'autres présences, la lumière ou le décor. La solitude c'est le lit et l'attitude rompue. C'est l'attente de rien. L'homme n'est vu de personne. Le corps inobservé consent à l'abattement. C'est cette particularité de n'être vu de personne qui renvoie à l'enfance, au possible vide de l'avenir. Mon frère qui était toujours grand autrefois s'est amenuisé. Je l'ai laissé en slip, replié au bord du lit [...]. Il me donne l'idée d'une vague responsabilité. Je l'ai dépassé en force, je devrais veiller sur lui.

Yasmina Reza, Serge (2021)
Edward Hopper, excursion into philosophy (1959)

jeudi 14 juillet 2022

Tier list "Herman Düne"


Deuxième groupe à passer à la moulinette de la "Tier list", Herman Düne, emmené par David-Ivar et André. Deux frères, nés à Paris, aux origines doubles franco-suédoises, et qui multiplient les noms d'artistes en solo (Yaya, Kungen ; Stanly brinks maintenant, mais aussi John Trawling, Ben Haschish...). Deux guitaristes, auteurs-compositeurs-interprètes, accompagnés à la batterie d'abord d'Omé, puis de Neman.

Herman Düne a multiplié les albums dans les années 2000 et y délivre un (anti-)folk lo-fi électrique unique. Leurs textes nous font naviguer entre la Suède, New York City et Berlin, parlent de femmes, singes (!) et name droppent à l'envie (Sonic Youth, Velvet Underground, Suicide....)

La liste ci-dessous s'arrête à l'album Giant (2006), à partir duquel les frangins mèneront des carrières artistiques séparées (Herman Dune * sans trema d'une part, Stanley Brinks d'autre part). Si je concède avoir un faible pour l'ami André (et donc pour ses chansons), mes albums préférés du groupe s'avèrent à la réécoute très bien équilibrés.


HERMAN DÜNE
-
MÉMORABLES
Fire EP (2000)
They Go to the Woods (2001)
Turn Off the Light (2000) [!]


REMARQUABLES 
Not on Top (2005)


AGRÉABLES
Mash Concrete Metal Mushrooms (2003)
Mas Cambios (2003)
The Whys and the Hows of Herman Düne (2002)
+
Switzerland Heritage (2001)


DISPENSABLES 
Giant (2006)


(*) Parmi mes disques favoris, tout groupe / artiste confondu
(**) très bons albums
(***) bons albums
(****) moins réussis / plus inégaux
[!] album par lequel j'ai connu le groupe

Note : Pour aller plus loin, on pourra notamment aussi écouter
Stanley Brinks, Herman Dune et Zombie Zombie.

mardi 12 juillet 2022

You don’t know where I'm from

You don’t know where I'm from
You don’t know when I'll come
You don’t know much, do you ?
Well, neither do I

When I come late in your sleep
Bringing dreams and smells from my trip
I take a shower, though I know I don’t have to
It’s a very little thing, I do for you
You don’t ask for much, do you ?
Well, neither do I

When I lay my hairy chin on your avocado skin
Sometimes you turn to me
But you don’t need to see
And when I feel like
Spending one more day
On german streets, far away
You don’t care that much, do you ?
Well, neither do I

Herman Düne, From German Streets to a Danish Bed
They Go to the Woods (2001)

dimanche 10 juillet 2022

Les hommes n'ont pas de morale du verbe

Premier contact fort engageant avec l'œuvre de Yasmina Reza. Du post-Céline, certes, où l'on croise des individus qui se débattent avec ce qu'ils sont, avec les autres, et avec le monde. Déjà, un roman dans lequel une personne est qualifiée d' "atrocement enjouée", ou dont le personnage principale se dit trop "pris par le temps, par d'autres affaires, par l'empêchement mental c'est-à-dire son égoïsme à vomir" semble fait pour me plaire.
Premier extrait.

Peggy Wigstrom était restée sagement tapie dans les pensées de chacun jusqu'à la route de Zurbigén où il avait suffi d'un mot malheureux pour la faire ressurgir. Mais Serge avait juré. Juré sur la tête de sa fille qu'il ne couchait pas avec Peggy Wigstrom. Elle l'avait cru. On ne jure pas sur la tête de sa propre fille si ce n'est pas vrai. Il faudrait s'interroger sur l'incessante crédulité des femmes. Depuis la nuit des temps les hommes disent n'importe quoi.

Les hommes n'ont pas de morale du verbe. Les mots ne pèsent rien. À peine prononcés ils s'envolent telles des bulles et éclatent doucement dans l'air. Qui s'en soucie? Si un problème survient on corrige avec d'autres mots qui s'envoleront également, et ainsi de suite. Jure sur la tête de Joséphine, a dit Valentina. Sur la tête de Joséphine, a répété Serge sans la moindre hésitation et peut-être même du ton de l'offensé avant de n'en pas dormir et de s'imposer je ne sais quel Golgotha purificateur. Valentina l'a cru. La soirée était sauvée et Peggy Wigstrom a retrouvé sa place dans l'ombre.

Yasmina Reza, Serge (2021)
 

dimanche 3 juillet 2022

Tier list "Minus Story"


Je vous ai pas mal parlé de Minus Story ici ces derniers temps, ce post marquera la fin de cette série, en inaugurant par la même une nouvelle rubrique.

Elle ne concernera que les groupes ou artistes qui me sont chers (c'est-à-dire ceux avec qui j'ai un lien "affectif") et que j'ai par conséquent suivis sur l'ensemble de leur discographie. Après écoute attentive et exhaustive, je classerai ici les albums des meilleurs aux plus anecdotiques (et non "from worst to best" comme de coutûme sur Stereogum). Le nombre et l'intitulé des catégories n'est pas arrêté.

Le groupe, formé à Boonville (Missouri) avant de s'établir à Lawrence (Kansas) n'a plus rien sorti depuis 2007. Il officiait dans une veine pop psyche lofi, avec la mort comme sujet favori... L'un des membres principaux, Jordan Geiger, a continué de sortir des disques sous le nom Hospital Ships. Je prends la liberté des les intégrer à ma liste.


MINUS STORY
-
MÉMORABLES
The captain is dead, let the drum corpse dance (2004) [!]
No rest for ghosts (2005)
+
Heaven and hell EP (2005)


REMARQUABLES 
Hospital Ships - Lonely Twin (2011)
My Ion Truss (2007)
Make the Dead Come EP (2007)


AGRÉABLES
Hospital Ships - Oh, Ramona (2008)


DISPENSABLES
Hospital Ships - Destruction In Yr Soul (2013)
Hospital Ships - The Past Is Not A Flood (2016)


(*) Parmi mes disques favoris, tout groupe / artiste confondu
(**) très bons albums
(***) bons albums
(****) moins réussis / plus inégaux
[!] album par lequel j'ai connu le groupe

samedi 2 juillet 2022

We're like the dreamer


Près de 8 ans après l'avoir annoncée ici, je viens seulement de visionner la saison 3 de Twin Peaks. J'ai bien sûr été ravi de retrouver des endroits et personnages familiers, côtoyés tout de même pendant une trentaine d'épisodes. Les 25 ans passés depuis la clôture de la saison 2 se voient naturellement sur les visages (autant que sur le nôtre), qu'on découvre avec tendresse et bienveillance.

Les retrouvailles sont cependant loin de se dérouler dans un climat apaisé, tant le début de la saison est déstabilisant. Au final, David Lynch parachève son œuvre de belle manière. Un revisionnage serait bien sûr éclairant (*), mais n'est pas indispensable pour que l'histoire, les images et impressions laissent une trace durable.

*
*      *

Seul extrait que je transposerai ici, ce récit de Gordon Cole (interprété par David Lynch) qui évoque (la vraie) Monica Bellucci.


Last night, I had another Monica Bellucci dream : i was in Paris on a case. Monica called and asked me to meet her at a certain cafe. She said she needed to talk to me. When we met at the cafe, Cooper was there. But I couldn't see his face. Monica was very pleasant. She had brought friends. We all had a coffee. And then she said the ancient phrase : "We're like the dreamer, who dreams and then lives inside the dream."

I told her I understood. And then she said... "But who is the dreamer ?" A very powerful uneasy feeling came over me...



David Lynch, Twin peaks the return (2017)

(*) au moins toutes les scènes en noir et blanc, dans la loge noire, avec S. Palmer et tous les flashbacks...

lundi 27 juin 2022

La longue et lente expiration

Second extrait de "Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes". On passera sur les péripéties et déboires rencontrées par Remington, pour terminer sur cette réflexion de fin de roman sur la vieillesse.

Bien que Serenata trouve étonnant le fait de vieillir, elle savait que ce sentiment était ordinaire ; en revanche, ce qui était extraordinaire, c'étaient les rares vieux qui acceptaient leur désintégration comme inéluctable. Par ailleurs, ne pas avoir existé avant d'avoir été conçu était étonnant aussi ; exister alors qu'on n'existait pas auparavant était étonnant; puis ne plus exister : d'accord, oui, bon, c'était étonnant aussi. Allez savoir si le néant n'était pas l'état le plus facile à concevoir, l'état le plus naturel - celui qui n'exigeait pas d'imagination. Auquel cas, ne pas avoir existé auparavant n'était pas étonnant alors que le fait d'exister l'était ; et, par la suite, ne plus exister de nouveau n'était pas étonnant non plus. Le passage difficile se situait entre deux : la longue et lente expiration qui allait du fait d'exister au néant. Il aurait été tellement plus gentil de pouvoir tourner le bouton comme sur un appareil. L'interminable altération graduelle du corps alors que son hôte restait toujours prisonnier à l'intérieur était comme une torture qui aurait pu être imaginée à Guantanamo ou à Bergen-Belsen. Tout grand âge était une nouvelle d'Edgar Allan Poe.

Lionel Shriver, Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes (2021)

vendredi 24 juin 2022

Le département du Cantal

 Elections législatives 2022, 89 députés "Rassemblement National"... Banalisation/normalisation de leurs idées, stratégie de dédiabolisation menée par MLP depuis de nombreuses années, siphonnage des partis traditionnels de gauche et droite menée par EM, on en est donc là.

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Un dimanche dans une famille française, désespérée de ne trouver aucun sujet de conversation.
Vu par l'excellent Fabcaro.





Fabcaro, Formica: Une tragédie en trois actes (2019)